Le contenu de mon estomac se déverse dans la cuvette des toilettes. Les larmes coulent sur mes joues comme des torrents. Je m'assois sur le carrelage froid, je replie mes genoux contre mon torse et j'enfouis ma tête dans mes mains. J'ignore les autres qui tambourinent contre la porte. Ils cessent pour laisser place à la voix implorante d'Iris : « Sors de là. Ça ne sert à rien de réagir comme ça. Tu n'y peux rien, on devait te le montrer.
-J'aurais préféré ne rien voir, ne rien savoir.
- Tu voulais la vérité, tu l'as eu !
-La vérité je ne l'imaginais pas aussi horrible ! Comment aurais-je pu me figurer ça un seul instant ? »
Pendant une seconde, elle ne parle plus. Mais elle ajoute ensuite : « Tu vas t'y habituer, tu n'auras pas le choix de toute manière. N'y pense plus pour l'instant. » En entendant ces derniers mots je laisse échapper ma fureur : « La ferme ! Comment tu veux que cela n'occupe plus mes pensées ! J'ai mangé de la viande, du muscle humain ! Je l'ai savouré, je l'ai apprécié et je voulais même en reprendre ! » Des murmures étouffés me parviennent à travers la cloison. Puis, c'est la voix rageuse de Terry qui retentit : «Elle doit dégager ! C'est la règle, on devrait même la butter sur le champ. Si ce soir elle n'est pas partie, je m'en occuperais. » Antoine, conservant son ton calme, dit alors : « Iris, étais-tu là quant elle l'a fait ?- Oui, à la même table qu'elle.
- Alors tu peux me confirmer qu'elle ne pouvait pas savoir ce que c'était réellement.
- Bien sûr qu'elle n'en savait rien ! A sa place, on aurait tous fait pareil. Elle doit être plus traumatisée qu'autre chose. Elle regrette. »
Le rire sardonique de Terry emplit la pièce : « La pauvre petite ! Tu veux que je lui fasse un câlin peut-être ? Un bisous magique. » Elle lâche ensuite, la vois pleine de dédain : « Une pleureuse n'a pas sa place ici. Encore moins une pleureuse cannibale. » Elle a à peine le temps d'entendre le bruit métallique du verrou que je la plaque déjà sur le sol. Mes doigts enserrent sa gorge. J'entrevois la panique dans son regard. J'y mets un peu plus de force. Sa respiration devient irrégulière. Je commence à voir ses yeux s'humidifier. « Vas-y, ose répéter que je suis une pleureuse maintenant ! » sifflé-je. Elle suffoque. Je la relâche alors. Elle recule et s'adosse contre le mur le plus proche. Elle ferme les yeux puis les réouvre pour me fixer. Je peux y voir un éclat de peur. « La prochaine fois je te tue pour de bon. » lui craché-je au visage rageusement. Antoine pose un main sur mon épaule. Je me dégage d'un geste vif. Il me jette un regard courroucé et d'une voix autoritaire, il ordonne : « On se calme maintenant ! Je penses que tu es un peu à cran et c'est normal mais là, tu dépasses un peu les bornes. Si j'étais toi j'irais me reposer. Je crois que tu as besoin de remettre tes idées en place. Quant à toi Terry, arrête de la provoquer. » il sort de la pièce. Je lui emboîte le pas et je me dirige droit vers ma chambre. Je m'allonge ensuite dans le hamac et je plonge dans un sommeil agité.Lorsque je me réveille, je ne me souviens plus de mon rêve. Mon dos est humide, mes mains moites. Je sens une main se poser sur le cordage. Dans la pénombre j'aperçois alors une silhouette. Elle allume alors une lampe. L'indigo familier des yeux d'Iris apparaît alors. « Tout va bien ? Je t'ai entendu crier. » Murmure-t-elle. Je mets un moment à répondre : « Oui, je crois que j'ai juste fait un cauchemar mais je suis incapable de m'en souvenir. » Elle hoche doucement la tête puis recule pour quitter la pièce. « Attends ! » l'interpelé-je. Elle se retourne.
« J'ai soif, tu ne pourrais pas me montrer où se trouve l'eau ?
-Si, suis-moi. Mais ne fais pas de bruit. »
Je lui emboite le pas sur la pointe des pieds.Elle me conduit jusqu'à la cuisine. Elle ouvre le frigo, en sort une bouteille remplie et en verse une partie dans un verre. J'avale immédiatement le liquide clair et rafraîchissant. Je repose le verre et elle en verse à nouveau. Cette fois-ci, je prend mon temps. Je jette un œil à l'horloge holographique murale. Temps 1. Mes yeux se posent sur le visage d'Iris. Elle me fixe intensément pendant un instant. Je sens que mes joues rougissent. « Merci. » Soufflé-je en me détournant pour cacher mon embarras. Puis je la regarde à nouveau et lui soumet prudemment : « Je n'ai pas vraiment envie de dormir et j'aimerais savoir si il était possible que je visionne un de ces fameux films.
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La Société
Science FictionLa Grande Guerre. Elle a dévasté le monde. Elle a rendu fous les Hommes. Alors une ville a été créée. Une ville où les enfants naissent dans des cuves, où les jeunes ont pour nom un numéro tatoué sur leur bras, où l'on grandit sous un dôme jusqu'à n...