Le noir. Il est partout autour de moi. J'avance, je sens le sol lisse et froid sous mes pieds. Une tâche légèrement plus claire apparaît au milieu de ce néant. La silhouette prend forme humaine. Je m'approche, intriguée, mais elle disparaît. Le silence est troublé par un bruit métallique. Je me tourne et j'aperçois une paire d'iris indigos brillant faiblement qui me fixent. J'avance, hypnotisée par cette luminescence surnaturelle. Un longue lame rougeoyante se matérialise dans ce qui semble être sa main. Je recule, mais l'ombre se trouve à côté de moi l'instant suivant et elle taillade mon bras avec son arme. Tout devient blanc et clair lorsque je ressens l'intense douleur. La masse sombre humanoïde se métamorphose et prend la forme d'Iris qui affiche un sourire cruel sur son visage. Je regarde le sang noir et visqueux qui coule de ma blessure. J'essaye de hurler mais c'est alors que je réalise que je porte un masque du silence. Ma mâchoire est bloquée et je tente d'arracher l'objet mais il est comme incrusté dans ma peau. Iris m'assène un violent coup de pied dans la poitrine, me projetant loin d'elle. Je veux me relever mais mes membres sont comme paralysés et je ne peux même plus bouger ma tête. J'entends un bruit de pas et mes yeux s'agrandissent de surprise lorsque je réalise que c'est Nathalia qui m'observe, son visage d'une pâleur fantomatique fendu par son sourire de prédateur. Elle s'agenouille à ma droite et je distingue du coin de l'œil la lueur rougeâtre de la lame qu'elle tient dans sa main. Je suffoque, les battements de mon coeur s'accélèrent et deviennent irréguliers. Nathalia lève lentement son bras, son regard glacé croise le mien et elle enfonce le couteau dans mon cœur.
Je me réveille et je crie de terreur. Je soulève mon tee-shirt et je palpe l'endroit où l'arme a transpercé ma chair. Il n'y a rien, aucune entaille, aucune blessure, aucun trou. Je soupire de soulagement et je passe une main sur mon crâne lisse. Je reprends mes esprits et je comprends que je n'ai pas quitté mon lit. Mes draps sont couverts de sueur tout comme mon corps. J'entends les portes de l'ascenseur qui s'ouvrent et les lumières s'allument. Aaron entre, pistolet plasma au poing, l'air déterminé. Il baisse l'arme lorsqu'il aperçois mon expression de confusion. Il se détend, s'assois sur le lit à côté de moi et il me questionne :
"Que s'est-il passé ? Quelqu'un est entré dans ta chambre ?"
C'est alors que je comprends qu'il ne s'agissait que d'un rêve. J'éclate de rire et c'est maintenant au tout d'Aaron d'être gagné par la confusion. Je lui répond :
"Non, je crois que j'ai juste rêvé pour la première fois."
Il soupire de soulagement et me souris. Il me dit ensuite :
"Cela devait plutôt être un cauchemar. J'ai crus que l'on essayait de te tuer."
"Oui, c'est un peu ce qui c'est passé mais cela n'était pas réel."
Nous nous fixons sans rien dire pendant quelques secondes. Aaron décide de rompre le silence :
"Moi aussi j'ai fait un rêve cette nuit."
Il marque une pause et reprend :
"J'ai rêvé du monde d'avant la Grande Guerre. Je volais au-dessus de ce monde, au-dessus des villes tentaculaires, au-dessus des immenses forêts, au-dessus des montagnes enneigées. Je me posais sur un plage et je jouais comme un enfant dans les immenses vagues. Je pouvais respirer sous l'eau et je nageais vers les abysses. Je voyais des baleines, des cachalots, des dauphins et tant d'autres animaux disparus, que l'on n'a pas pu sauver."
Je l'écoute avec intérêt, m'imaginant toutes ces créatures majestueuses, tous ces paysages magnifiques. Il continue :
"Mais ce qui, avant, devait être le plus beau à contempler, c'est un coucher de soleil. J'ai vu des images, comme toi j'imagine, mais en vrai cela devait être fantastique ! Le ciel qui s'embrase et qui prend des teintes rouge-orangées, les nuages devenant roses ou violets et le soleil, gigantesque disque rouge disparaissant à l'horizon. Maintenant le ciel reste toujours dans des teintes marrons immondes et le soleil est tout juste rosâtre"
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La Société
Ciencia FicciónLa Grande Guerre. Elle a dévasté le monde. Elle a rendu fous les Hommes. Alors une ville a été créée. Une ville où les enfants naissent dans des cuves, où les jeunes ont pour nom un numéro tatoué sur leur bras, où l'on grandit sous un dôme jusqu'à n...