« Tu crois vraiment que les gardes vont te laisser passer avec quatre flingues sur toi ? » dit Terry en ricanant. Raink s'empourpre avant de répliquer : « Ah ouais ? Et tu crois vraiment que je vais attendre que des cadavres me donne la permission de passer ? » Lana lève les yeux au ciel : « Je te rappelle que les gardes sont équipés de détecteurs de signaux vitaux et que si par malheur tu les tues, on se retrouve avec tous les soldats de cette foutue ville au cul.
- Alors on débarque comme ça, sans équipement, dans la salle du conseil et on espère en tuer au mieux un avant de se faire descendre par Nathalia.
- Je n'ai jamais dit que l'on ne devait pas prendre d'arme ! Il faut juste que l'on puisse les dissimuler facilement. Or un pistolet ne se dissimule pas facilement. Encore moins tes grosses mitrailleuses plasma.
-Je peux toujours les démonter. »
Iris intervient : « je te rappelle que c'est aussi un problème de poids. On doit voyager léger. » Raink s'énerve : « Tu ne vas quand même pas me dire qu'une mitrailleuse plasma nous empêchera de voler ! Ça nous permettrait de tuer un maximum de membres du
conseil. » Antoine, qui n'a que très peu parlé depuis que les autres sont réveillés, dit alors calmement : « Elles ont raison Raink. Tu ne pourras pas toutes les prendre car nous ne ciblons pas tous les conseillers. Certains doivent être pris vivants et on s'occupera d'eux en temps voulu.» Les yeux rouge de l'intéressé envoient des éclairs. Antoine soupire : « Mais, comme je te l'avais dit, j'étais en train de mettre au point ton nouveau jouet. » Cela pique la curiosité du jeune homme aux cheveux de sang. Il la cache maladroitement sous une lassitude feinte : « Et ?
-Tu pourras la prendre car j'ai veillé à ce qu'elle soit beaucoup plus légère et, naturellement, plus puissante. Mais attention, je conte sur toi pour etre un minimum précis. On ne veut pas de bavures. » Raink hoche la tête, souriant comme un enfant devant un gros cadeau. Antoine enchaîne tout en affichant le plan du système d'aération sur un de ses holo-écran : « Bon, on récapitule pour notre nouvelle recrue. Notre but et d'assassiner quatre membres du conseil : Roger Firsh, Ethan Malbort, Sylvie Arybe et, comme toujours, Nathalia Halter. Pour que ce soit plus rapide, il nous fallait trouver un moment où ils seraient tous ensembles. La séance de décision hebdomadaire semblait être opportune. Le problème, c'est que la salle du Conseil se situe au sommet de la Tour. Or, un groupe de rebelle n'a aucune chance de rentrer et d'arriver à destination sans se faire cribler de balle. Nous avons donc essayer de trouver un autre accès. L'idée m'est venu en lisant un livre sur les oiseaux et l'utilisation des courants d'air chaud. J'ai donc équipé les armures légères de membranes pour pouvoir « voler » grâce au puit d'air de la tour. » Iris se rapproche de moi et me souffle :
« Je te l'avais dit que c'était un génie » Je lui souris tout en essayant de ne pas perdre le fil de l'explication d'Antoine. « Vous emprunterez un couloir longeant le troisième conduit d'aération, continue-il, l'entrée est gardée par six soldats puis, il y en aura deux sur chaque portion de quarante mètres. Cependant, comme l'a précisé Lana, vous ne devez en aucun cas les tuer et, étant donné que vous ne pouvez pas rester invisible sur toute la longueur du couloir, vous allez jouer le rôle de techniciens. Cela fait déjà un mois que Lana, Terry et Tod y vont deux fois par semaine à la place des vrais techniciens que nous avons envoyé dans une autre section pour qu'ils les gardes en attendant la fin de notre mission. Iris et Ébène seront les stagiaires. » Terry, sans prendre la peine de lever la tête, lâche d'un ton tranchant : « Elle ne vient pas. » L'œil bionique de l'ingénieur se fixe sur la grande blonde. « De toute manière j'ai déjà envoyé les autorisations falsifiées, dit Antoine d'un ton las, et en retirer une pourrait paraitre louche. Tes simagrées n'y changeront absolument rien. » Cette fois-ci, tout le monde peux voir l'énervement de Terry sur son visage lorsqu'elle crache : « Elle va tout faire foirer ! Elle n'a strictement aucune expérience ! Tu prendrais le risque de foutre en l'air ce qui à demandé plusieurs mois de préparation ? Moi, personnellement, non. » Antoine la regarde, amusé. Il se lève. Son rire nous surprend : « Tu n'étais pas drapée dans ton arrogance quand elle avait ses mains sur ton cou, dit-il sardoniquement. Je pense qu'elle est tout aussi capable que toi. » À mesure qu'il se rapproche d'elle, son regard se durcit. Lorsqu'il ouvre la bouche, sa voix est empreinte d'une sonorité inquiétant et intimidante : « En revanche, je pourrais très bien décider de te laisser ici si tu ne cesses pas immédiatement. » Elle s'apprête à renchérir mais Antoine la coupe : « J'ai dit immédiatement. » Elle hoche la tête, vaincue. Il retourne s'assoir, retrouve son calme habituel et reprend son exposé : « Vous prétendrez que vous devez nettoyer l'intérieur du conduit. Les armes seront cachées dans le matériel de nettoyage. Il y aura une arme par personne. Débrouillez-vous pour choisir les plus légères. Arrivé au niveau de la tour, les trois branches se rejoignent. C'est là qu'il va falloir respecter à la lettre le timing : vous n'aurez que dix secondes pour passer le premier ventilateur situé au dessus de l'embranchement. Je ne peux pas l'arrêter plus longtemps car, passé ce délai, les ordinateurs centraux déclencheront l'alarme de réduction de ventilation. Vous serez équipés de chaussures et de gants adhérents pour vous accrocher à la paroi durant ce laps de temps. Il en sera de même pour les quatre suivants, jusqu'à ce que le conduit ne se scinde à nouveau en trois. Cependant, je dois tous les couper à la fois. Si vous n'êtes pas assez rapide, vous allez retomber. Rapprocher vous du verridium avant que cela n'arrive.» Tod se penche à mon oreille et imite le craquement des os brisés. Il ricane en me sentant légèrement frémir. « Les boyaux se rejoignent au sommet de la salle, comme une sorte de voute. C'est là que vous allez dissoudre le veridium. J'ai préparé un acide spécialement pour ça. Discret. Efficace. Utiliser des sniper serait tentant mais, immobiles, vous seriez des cibles faciles. Vous devrez donc descendre. Vos voiles vous freineront sans problèmes. Faites ce que vous avez à faire. Pour ce qui est de la sortie, vous partirez chacun dans une direction, par les fenêtres. Pour les briser, vous utiliserez ceci. » Il pose cinq cylindres peu épais sur le bureau. Au centre de leur face supérieure se trouve un bouton rouge. J'en prends un dans ma main et je constate que l'autre côté est occupé par un revêtement collant. L'ingénieur nous explique que ces objets sont des bombes capable de briser le verridium en produisant des vibrations à la bonne fréquence. « Un peu comme une chanteur d'opéra qui ferait voler en éclats un verre grâce à sa voix.» Précise-t-il. Il termine en indiquant le point de rendez-vous auquel il nous faudra se rendre après avoir distancé l'armée. « Avez-vous des questions ?»
demande-t-il en guise de mot de fin. Je me racle la gorge. Tout les regard convergent vers le miens. Seule Terry ne prend pas la peine de se tourner.
« J'imagine être la seule à ne pas les connaître et que la question doit vous paraître bête mais j'aimerais que tu me montres leurs visages. Mis à part celui-ci de Nathalia. Je ne le connais que trop bien. » Terry pouffe bruyamment. Cette fois-ci, tous lui jettent un regard sombre. Celui d'Antoine se fait méprisant. Elle se lève sans oublier de poser ses yeux noisette remplis de dégoût sur moi. Je hausse un sourcil en adoptant un air légèrement provoquant. Elle ralentit en passant près de moi mais elle n'ose pas prendre le risque de s'arrêter. Les trois visages se matérialisent à l'écran. J'ai à peine le temps de les imprimer fans ma mémoire qu'Antoine ordonne : « Allez vous préparer, vous avez vingt minutes. »L'air de l'armurerie est vibrant d'impatience. Ash se tient derrière moi et m'aide à enfiler l'armure légère. Les autres, plus rapides, inspectent la nouvelle membrane rougeâtre et transparente. La voix profonde du chauve me parvient à l'oreille : « C'est bon. » Avant qu'il ne s'éloigne, j'en profite pour lui demander : « Pourquoi ne viens-tu pas ? » pour toute réponse, il lève son teeshirt et dévoile un large bandage. Il remet son haut en place, s'écarte et s'en va sans faire un bruit, comme une ombre. Mon prénom, porté par la voix d'Antoine, traverse la pièce. Je le rejoint en essayant d'adopter une démarche fluide malgré ma combinaison. « Je ne savais pas quelle arme tu souhaiterais utiliser alors j'ai demandé à Iris, me dit-il en scrutant mes traits. Elle m'a affirmé que tu te débrouillais comme une vraie tueuse avec un couteau. J'ai donc bricolé ça en hâte. » Il ouvre une petite mallette dans laquelle sont présentés deux sobres poignards noirs et deux fins gants. D'un signe de tête, il m'enjoint à les prendre. Leur poids me surprend immédiatement lorsque je les soupèse. « Les lames sont en verridium. Le manche de chacun est équipé d'electroaimants surpuissant et d'un capteur de signaux. Le tout est relié à ceux de ces gants. Tu les mettras en dessous de ceux à ventouses pour cette mission. Exécute une rapide torsion des poignets, mains ouvertes, pour qu'ils reviennent directement dans celles-ci. Ça te plait ? » Ma réponse est immédiate : « Antoine tu es incroyable ! Merci beaucoup !
- Mais c'est avec plaisir. Ça ne m'a prit qu'un demi-temps. Cela m'a permit de patienter en attendant le réveil des autres.
- Comment as-tu pu être si rapide et si précis. Il sont si remarquablement bien finis.
- J'avais déjà les plans sur mon ordinateur. J'ai utilisé mon imprimante multidimensionnelle pour les rendre tangibles tout en incrustant les électroaimants.
- Je ne pensais pas qu'il en existait de si efficace. Celle que j'ai vue chez Nathalia termine une impression en un temps entier et elle n'imprime que de l'aluminium. J'imagine que le point de fusion du verridium doit être extrêmement élevé.
-Celle que j'ai provient des laboratoires responsables de la défense. Elle pouvait déjà faire fondre le verridium mais elle était très lente. Je l'ai donc améliorée un peu pour qu'elle aille plus
vite. » Il pose une main sur mon épaule et prend un air de conspirateur pour m'annoncer en riant : « Et nous l'avons volée bien sûr. » Je ris un court instant avec lui. Une main se pose sur mon épaule. Je me retourne et me retrouve nez à nez avec la paire d'iris indigos. Iris se place devant moi. Ses avant-bras sont enserrés dans des sortes de protections faites dans un métal sombres avec des reflets d'un bleu profond. Soudain, elle fait un discret mouvement de la main et une poignée se déplie de chaque objet. Ses doigts se referment sur celles-ci. Deux lames légèrement courbées sortent sur chaque arme. Leurs pointes acérées effleurent mon visage. « Doucement Wolwerine ! » S'exclame Antoine. « Ne t'inquiète pas, je contrôle la situation. C'est comme si elles faisaient parties de mon corps. » Répond-t-elle. Je les repousse légèrement avec le bout de mes doigts. « Qu'est-ce que c'est ? » Demandé-je. « Ces bijoux sont mes griffes en verridium. L'intérieur est sillonné de nervures fait en un alliage de titane et de tungstène. Le fil des lames est également fait du même matériau. Celui-ci à pour propriété de conduire la chaleur et d'y resister. Ainsi, lorsque j'appuie sur ces boutons, dit-elle en m'indiquant les interrupteurs situés à l'extrémité des poignées, les filaments chauffent et les lames deviennent presque aussi tranchantes que des couteaux à plasma. » Elle appuie sur les boutons. Le verridium devient immédiatement transparent. Les veinules passent du gris métallique au orange incandescent en quelques seconde seulement. La couleur semble se diffuser dans la pièce. J'approche mes mains. La température, même à une trentaine de centimètres, est difficilement soutenable. Je les retire vivement en voyant mes paumes rougir. Iris presse à nouveau les interrupteurs. La luminescence disparait peu à peu. « Je suppose que c'est toi qui les a faites. » Glissé-je à Antoine. Il hoche la tête en affichant un air fier. « Ce doit être ta plus belle réalisation. » Affirmé-je. Son œil bionique se fige. Je sens que son corps se crispe légèrement. J'attends sa réponse, intriguée. Elle arrive enfin : « Non, pas vraiment. » Il marque une pause et dit d'une voix pleine de tristesse : « Je préfère ne pas en parler.-D'accord, aucun problème. »
Son regard se perd un instant dans des contrées imaginaires. Le coin de sa bouche se soulève lui donnant un air quelque peu énigmatique. Il secoue la tête lentement avant revêtir un sourire malicieux et de déclarer à l'attention de toutes les personnes présentes dans la salle : « Bon, j'espère que tout le monde est prêt. Maintenant, je n'ai plus qu'une chose à dire : que la fête commence ! »
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La Société
Science FictionLa Grande Guerre. Elle a dévasté le monde. Elle a rendu fous les Hommes. Alors une ville a été créée. Une ville où les enfants naissent dans des cuves, où les jeunes ont pour nom un numéro tatoué sur leur bras, où l'on grandit sous un dôme jusqu'à n...