Sleeping beauty

44 1 3
                                    

Quand il dormait son visage était paisible. C'était comme si jamais il n'avait dû faire face au noir de la vie, comme si ses traits n'avaient jamais eu à se crisper face aux problèmes. Tout disparaissait, comme s'il n'y avait plus qu'à tout reconstruire.

Quand il dormait, sa figure d'enfant innocente reprenait le pas sur l'adulte responsable qu'il était. Les yeux fermés, il n'était plus qu'un môme qu'on aurait éloigné des tourbillons de la vie en société, sauvé de la tornade du monde.

Pourtant, il en avait connu des coups durs, des moments de doute, des soirées de souffrance. Il avait connu la douleur.
Il avait même connu la joie et la bonne humeur, le bonheur de moments partagés, l'hystérie de la réussite, tout ça était une partie de son histoire et avait marqué sa peau.

Mais malgré les traits fatigués de son visage, quand il dormait, il n'était plus qu'un enfant neutre face à la vie, sans passé, sans histoire, sans avenir.
Tout cet historique était stocké dans la carte mère de ses pupilles, dans le noir de ces yeux.

Dans ses yeux marrons presque verts, se cachait tout ce qui renvoyait à son identité, tout ce pour quoi il n'était pas qu'un simple être dénué d'unicité.

Quand il ouvrait les yeux, je pouvais revoir tout ce pourquoi je l'aimais, tout ce qui faisait que c'était lui, et pas un autre, qui faisait que je l'aimais.

Quand il ouvrait les yeux, ses traits se crispaient à nouveau pour retrouver tout leur sérieux.

Ses yeux attestaient de sa vie, de sa présence, ils renvoyaient les battements d'un coeur meurtri, La vie d'un homme en souffrance

RéflexionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant