« Vous connaissez mon père ? demandai-je, assez précipitamment.
-Pourquoi je connaîtrais votre père Colombe ?
-Cette pièce... D'où vient-elle ? poursuivis-je, lui exhibant la pièce que m'a donné Tom au creux de ma main.
-Je n'en ai pas la moindre idée.
-Des militaires sont venus ici hier, et ils ont voulu payer leurs consommations avec ceci.
-Je ne fais pas parti de ce groupe de personnes... Vous devriez éviter de vous dévoiler autant Colombe, ça pourrait vous attirer des ennuis. Rangez cette pièce. »
Je fronce les sourcils, son esprit est toujours aussi fermé... Je n'arrive pas à savoir ce qu'il pense.
« Je vous raccompagne chez vous Colombe ? me propose-t-il, me forçant presque à emprunter la sortie.
-Je connais le chemin du retour, ne vous inquiétez pas Luis.
-Il est tard et je ne voudrais pas laisser une femme seule dans les rues de cet infâme quartier.
-Je vous assure que ce n'est pas la peine. »
Je me libère de sa prise et m'enfuis rapidement, accélérant la cadence sans m'en rendre vraiment compte.
Je suis frustrée, cela fait plus de quatre ans que j'enquête sur la mort de mon père... Cette mort tellement spéciale, tellement effacée, presque inexistante auprès de la police ; et aujourd'hui j'apprends que des militaires connaissent mon père. Je vais essayer d'en apprendre davantage auprès de ce mystérieux Luis, je suis persuadée qu'il ne me dit pas tout.[...]
Je passe ma journée le nez dans des cartons appartenant à mon père... Des vieilles reliques, ou des bouquins à moitié arrachés. Je fouille tout jusqu'à la dernière miette, quelque chose qui pourrait m'aider à en savoir plus sur ces vie et mort mystérieuses.
Je ne retrouve que des journaux intimes où il griffonnait ses journées, et ses amours, ou des magazines de chasse tombant en lambeaux. Mon père a toujours eu ce côté sentimental qu'il n'osait jamais dévoiler.
« Chérie, tu devrais venir manger et laisser de côté ces vieux restes inutiles... Ton père n'est plus là, et tes recherches ne le feront pas revenir. m'explique maman, appuyée à l'encadrement de porte.
-Je sais maman, mais j'ai besoin de savoir ce qu'il lui ait arrivé. Je viens t'aider à mettre la table. »
Ma fille... Quand est-ce que tu arrêteras d'être aussi têtue. Tu ressembles tellement à ton père.
Je m'arrête, interloquée. Sa voix était si claire dans ma tête, elle prenait toute la place. Je lui souris et rejoins la cuisine, puis m'empresse de dresser la table sur le petit balcon.
[...]
Le soir même, j'enfile une combinaison short rose pâle, nouée à la taille. Je boucle mes cheveux et me maquille légèrement, je chausse de hauts talons et quitte mon appartement pour le HellPub.
Je m'assois à la même place qu'hier, commandant le même mojito à ce même Tom.« Toujours autant de menthe. »
Je savais qu'il viendrait, il cherche quelque chose, c'est flagrant.
« Et toujours aussi infecte. »
Il rit, dévoilant une dentition de pub pour dentifrice. Ses yeux gris sont toujours aussi perçants et son esprit toujours aussi fermé.
« Ce rose vous va à merveille Colombe.
-Que voulez-vous Luis ? Parlez-moi sérieusement. »
Il soupire et lâche un petit rire étouffé.
« Colombe... Vous êtes tellement naïve, une fleur venant d'éclore.
-Arrêtez de tourner autour du pot, c'est faux, je ne suis pas naïve.
-Alors vous êtes vraiment stupide si ceci n'est pas de la naïveté. »
Je serre les poings et crache :
« Je ne vous permets pas.
-Peut-être qu'une danse me ferait pardonner ?
-Non merci. Je risquerais d'écraser vos pieds volontairement.
-Colombe, je vous demande pardon. »
Je lui jette un regard noir, percevant une minuscule douceur... Un vent chaud, peut-être de la... sincérité.
« Juste quelques pas alors. cédai-je. »
Il sourit, satisfait puis attrape ma main qu'il tire jusqu'à la petit piste. J'ai une fâcheuse impression de revivre la même soirée qu'hier, à la même heure et avec les mêmes gestes.
« Vous n'avez pas à me craindre Colombe. »
J'étouffe un rire nerveux.
« J'espère que vous vous moquez de moi. Je ne vous connais ni d'Ève, ni d'Adam et...
-Je comprends que vous soyez méfiante Colombe mais je ne vous veux pas de mal... juste une simple danse.
-Vous cherchez forcément quelque chose. Il n'y a que des gens drogués ou alcooliques qui fréquentent ce bar.
-Alors que faites-vous ici ? sourit-il. Arrêtez de vous poser des questions Colombe, profitez de l'instant. »
La musique est enjouée, Luis me tire au milieu de la piste et saisit mes deux mains pour pouvoir m'entraîner dans une danse plus rythmée. Ce n'est pas tous les jours qu'un bel homme vient m'accoster, surtout depuis ces dernières années... Depuis que je me méfie de tout le monde, y compris de ma propre famille.
Luis dégage quelque chose de différent, c'est un vent nouveau, frais et revitalisant. Je le laisse mener la danse ce soir, il sait si bien le faire.[...]
Je me réveille dans mon lit, encore habillée, et les volets grands ouverts. Je ne me souviens pas de la fin de la soirée, seulement d'avoir danser toute la nuit.
Je me redresse, la bouche pâteuse d'avoir si bien dormi. Je tâtonne pour trouver mon téléphone mais mes doigts frôlent un papier qui m'est inconnue. Je le saisis et y lis : "Merci pour cette soirée Colombe, peut-être à bientôt. Si tu as besoin, n'hésite pas à appeler ce numéro : 0624721353.
Luis, le gars plein de charme. "
Je pouffe de rire à la lecture de cette signature, en y repensant... Cette soirée était l'une des meilleures depuis très longtemps.Cette histoire de pièce appartenant à mon père m'intrigue beaucoup et je me dois de trouver des informations la dessus. Mon père avait un rapport avec les militaires, et il cachait ça vraiment bien.
Je m'attaque alors aux derniers cartons, je n'y trouve pas grand chose de plus que des magazines de chasse par milliers ainsi que des listes d'animaux qu'il a tué. Le dernier bouquin que j'attrape est un livre d'enseignement militaire. Sa couverture est en cuir, un aigle de face avec les ailes ouvertes y est dessiné.
Je l'ouvre timidement et tombe sur un sommaire, je feuillette alors quelques minutes et y découvre des listes d'armes, d'uniformes, rien de très intéressant...
Alors que je referme le livre, une photo tombe. Je la ramasse et la détaille un instant, mes yeux s'arrêtent sur un visage... et je reconnais Luis.
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Spirit
AdventureLe monde est si bruyant, bourdonnant de milliards de murmures, encombré de voix d'hommes et de femmes, d'enfants et de pleurs de bébé. Ces sons distincts, ces marmonnements, ces phrases lâchées à voix portantes ou susurrées à l'oreille de quelqu'un...