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Je passe ma journée à étudier ce livre d'enseignement militaire, je fais attention à chaque petit détail, chaque élément qui pourrait m'apporter quoi que ce soit sur mon père. J'apprends qu'il faut d'abord faire un service militaire d'un an, une préparation physique et morale très laborieuse puis passer une sorte de concours pour intégrer l'armée.
Il n'y a qu'environ 20% des candidats qui parvient à y entrer.

Ces recherches me font même oublier qu'un homme a failli me tuer hier soir.

[ une semaine plus tard ]

J'ai repris contact avec Luis qui a accepté de m'aider à enquêter sur la mort de mon père... Il est curieux et en même temps anxieux de découvrir la vérité : quelqu'un à l'intérieur de l'armée en voulait à mon père, il ne reste plus qu'à trouver, qui.

Le livre d'enseignement militaire ne m'a menée à rien, c'était un simple bouquin de formation... Que de la technique et de la connaissance militaires. Il va falloir creuser plus loin, peut-être même aller chercher des informations dans un endroit interdit.

[...]

J'ai le cerveau en ébullition, tous ces papiers et ces recherches vont me rendre folle. Je décide alors d'aller immédiatement me coucher afin de me vider l'esprit.
Je me déshabille et enfile un simple t-shirt long, c'est le meilleur pyjama qu'il puisse exister. Ce t-shirt appartenait à mon père, il l'utilisait souvent pour aller à la chasse... C'est une façon de le garder près de moi malgré tout.

Je me laisse tomber dans mon lit et fixe un instant le plafond, mes oreilles bourdonnent, des milliers de murmures créent une vraie tornade dans ma tête. Il faut que j'apprenne à contrôler cette espèce... de don si je ne veux pas vraiment devenir folle.
Je me concentre sur mon souffle et les battements de mon cœur et parviens à m'endormir.

Elle dort, la voie est libre...

Cette voix fait écho dans ma tête, je crois d'abord à un rêve mais elle est bien trop claire pour ceci. J'ouvre les yeux et me trouve face à un homme baraqué, tenant avec fermeté un poignard juste au dessus de moi.
Je pousse un cri et ai l'incroyable réflexe de me pousser sur le côté juste avant que la lame ne m'atteigne. Comment ai-je fait ça ?
Il réitère son souhait en se jetant sur moi, je saisis son bras armé et le retiens comme je peux. Le poignard est à quelques millimètres de mon visage et l'homme est très fort.

Par manque de forces, je lâche son bras et glisse au fond de mon lit, empêchant l'homme de m'avoir. J'attrape sa taille et le pousse en arrière, c'est moi qui me retrouve dominante... mais désarmée.
Je tente de lui lancer mon poing en pleine figure mais sa lame me blesse au niveau de l'avant bras. Je grogne bien que cette blessure me rend plus forte, j'arrive à atteindre son visage.
Avec agilité, il saisit ma main et me fait une clé de bras. Je crois défaillir lorsque son poignard se loge sous ma gorge.

« Je t'interdis de crier. » susurre-t-il d'un ton dur.

Je ferme les yeux et serre les dents, prête à encaisser ce coup fatal mais il ne vient pas. L'homme est projeté en arrière et sauvagement battu. Je ne vois pas mon sauveur dans la pénombre mais son esprit est fermé à double tour, je devine qu'il s'agit de Luis.
Une fois le travail terminé, il l'attache à la chaise de mon bureau et vient près de moi.

« Ça va ? Tu es blessée ? me demande-t-il précipitamment.

-Juste une coupure ici, mais c'est rien. »

Il allume la petite lampe de chevet et prend mon bras, il sort de sa veste un coton et une minuscule bouteille.

« T'es équipé dis donc. lui fais-je remarquer.

-Les premiers soins, nous sommes obligés de les avoir toujours avec nous. Attention, ça va piquer. »

Effectivement, le coton m'arrache une grimace mais la douleur s'estompe vite. Pour finir, il m'applique un bandage.

« Je vais rester près de toi, tu n'es pas en sécurité. Il faudra qu'on pose des questions à ce salaud, il va pas s'en tirer si facilement. »

Je hoche la tête, la présence de Luis me soulage beaucoup. Je m'allonge et lâche un long soupire.

« Tu me surveillais ? » osai-je demander après un long silence.

Il me regarde un instant et lâche :

« Tu devrais te reposer Colombe. »

Depuis quelques semaines, ma vie est particulièrement mouvementée et je n'ai jamais été aussi épuisée que depuis la mort de mon père... il a peut être raison, je devrais profiter de sa présence rassurante pour dormir. Je garde mes questions pour plus tard.

« Et toi alors ?

-Je surveille le p'tit con, au cas où il décide d'ouvrir un œil.

-Tu peux quand-même t'allonger, tu ne paieras pas plus cher. »

Il hausse les épaules et s'étend dos à moi. L'idée seule d'être en sa compagnie me procure beaucoup de sérénité, comme si rien ne pouvait m'arriver.

« Bonne nuit Colombe. »

[...]

Lorsque le soleil se lève sur Cassiopée, une nuée de buildings étincelle. Cette nuée est entourée de vastes banlieues qui contrastent totalement avec la richesse de la ville. Ici la mixité sociale n'existe pas, les riches habitent dans les pavillons et les lotissements de Cassiopée, travaillent dans les buildings et les pauvres sont contraints d'écouler leurs misérables vies dans des quartiers... ou devrais-je dire, des décombres.

J'ai découvert à quel point c'était dur de vivre dans la saleté, dans la misère lorsque papa nous a quittées. De plus en plus, ma vie d'avant devient un rêve.

« D'accord, on va reprendre depuis le début. Pour qui tu travailles ? » s'énerve Luis.

Impossible de lui tirer un seul mot. Très bien, il ne veut pas parler mais ce n'est pas grave, les informations que nous cherchons sont dans sa tête. Pour le moment, je n'entends que des pensées en vrac, des bribes de réflexions... Y a-t-il un moyen de faire un tri et de trouver ce que je veux vraiment ?
Je ne contrôle pas suffisamment cette sorte de pouvoir pour sélectionner les informations, j'ai beau m'escrimer à être précise, il y a trop de bourdonnement incessant.

« On peut rien en tirer. râle Luis. Je vais l'emmener au centre militaire.

-T'es sûr que c'est une bonne idée ?

-Je ne laisserai pas cette ordure dans la nature. »

Un bruit de verre cassé attire mon attention, il provient du salon. Je regarde Luis qui hoche la tête. Je pousse la porte de ma chambre et découvre ma mère, les pieds dans une flaque d'eau où gît un vase brisé. Un homme est face à elle et la menace avec son flingue.

Spirit Où les histoires vivent. Découvrez maintenant