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J'ai beau me répéter que ce que je vois n'est pas réel, je n'y crois pas, il semble si vivant... J'étends mon bras pour le toucher, et il me tend sa main en retour. Je la serre, sa chaleur est bien présente.

« Davina... murmurai-je. Où est-elle ? »

C'est la seule chose qui m'est venue à l'esprit, et s'il me répond... c'est qu'il est bien réel.

« En sécurité ma chérie, vous êtes tous en sécurités ici.

-Je ne comprends rien... soufflai-je.

-J'ai tellement de choses à te raconter ma puce, il s'est passé tellement d'années sans pouvoir te prendre dans mes bras. Viens là. »

Il me prend par les épaules et me serre contre lui, son habituel parfum citronné vient piquer mes narines... J'ai l'impression de faire un saut dans le passé et un flux de souvenirs me submerge.

« Qu'est-ce que tu as fait à Luis ? lui demandai-je, la gorge serrée.

-Il n'est pas celui que tu crois Colombe, je n'ai fait que ressortir ce qu'il est vraiment.

-De quoi tu parles ?

-Il te manipule depuis le premier regard, mais je t'en dirai plus un peu plus tard... Nous avons d'autres choses plus urgentes à régler. »

Il s'écarte, et fait un signe de la tête. Soudain, j'aperçois Davina qui court vers moi, j'ouvre les bras et l'accueille avec joie. Je la serre aussi fort que je peux, ça fait un bien fou de la revoir.

« Colombe ne l'écoute, il dit n'importe quoi... Ne lui fais pas confiance. me murmure-t-elle.

-Qui ça Davi ?

-Ton père...

-On en parle plus tard d'accord ? Tu vas bien ? »

Elle hoche la tête. Je me tourne vers mon père qui a une main posée sur l'épaule de Luis. L'esprit de ce dernier est une fois de plus verrouillé à double tour, et son regard est froid... Ça y est, il est à nouveau dans l'autre camp.

« Rends moi Luis et je te promets que je m'en vais. dis-je à mon père, souhaitant à tout prix me sortir de ce cauchemar.

-Non ma puce, Luis nous est très important et très utile. Mais je te propose une chose, reste ici et viens nous en aide... Tu seras alors avec ton Luis.

-Très bien. Mais Davina et Ricky peuvent partir. »

Davina ouvre de grands yeux et proteste d'un petit cri de surprise.

« Tu ne peux pas faire ça C ! On va trouver une autre solution.

-Davi, fais moi confiance... D'accord ?

-C'est ok, tes deux acolytes peuvent partir. » lâche finalement mon père.

Davina mime un non de la tête à plusieurs reprises mais je sais ce que je fais et j'ai déjà un plan dans ma tête. J'implore Davi de me faire confiance et lui demande de rejoindre Ricky, un garde l'accompagnant. Avant qu'elle disparaisse, je lui fais un clin d'œil et un petit sourire.

« Alors, papa, qu'est-ce que tu nous réserves ? » l'interrogeai-je, un sourire venimeux sur les lèvres.

[...]

Mon père m'a alors répondu avec enthousiasme, nous nous sommes installés autour d'une table, Luis en pot de fleur à côté de la porte. Il m'a livré toutes sortes de banalités qui sonnaient affreusement faux puis s'est approché du sujet en question.

« Connais-tu l'esprit de vengeance ? » m'a-t-il demandé.

Je lui ai répondu que oui mais qu'il ne fallait pas le laisser dominer. Il a pouffé de rire et a posé ses mains à plat sur la table pour déclarer une longue phrase qui ne voulait rien dire.
J'ai finalement compris qu'il a un compte à régler et qu'il s'apprête à construire une bombe pouvant provoquer la destruction d'une ville entière.
Par la même occasion, j'ai également compris que l'homme qui était face à moi ce soir, était en tout point différent de mon père.

Alors, je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher :

« Ça fait des années que j'enquête sur ta mort papa... et me voilà face à toi, du jour au lendemain...

- Je suis désolé de ne pas avoir donné de nouvelles Colombe... Je prendrai le temps de t'expliquer, je te l'assure mais pour l'instant, il y a quelque chose de bien plus urgent. »

Le fait de le revoir, vivant, cruel, m'a fait d'un coup oublier les souffrances que j'ai enduré pendant des tas d'années loin de lui, le pensant mort alors qu'il se cachait. Comment a-t-il pu nous faire ça, à maman et à moi ?

« Tu es devenu fou ? » ai-je lâché après un court instant, dépitée et à la fois écœurée.

Il a alors explosé de rire. J'ai senti son esprit s'enflammer d'une cruauté infinie, et d'un mépris impensable.

« Tu veux alors anéantir Cassiopée, c'est bien ça ? » ai-je poursuivi, les dents serrées.

Il a esquissé un simple sourire et s'est levé. Il a demandé à Luis de m'accompagner à ma chambre et a disparu.

[...]

Depuis, je fixe le plafond blanc inlassablement. J'ai remarqué qu'il y avait deux taches noires juxtaposées, comme de tous petits yeux fureteurs. Je m'imagine alors quel monstre peut se cacher derrière ce regard insistant.

Le fracas de la porte me fait sursauter, c'est Luis qui entre, un plateau à la main.

« Un homme avec une force surhumaine et des ailes ne devrait pas être restreint à servir le repas. lui dis-je ironiquement.

-Ce que tu es drôle Colombe. »

Il ferme la porte à clé et pose le plateau sur la petite table.

« Tu es guéri ? » souris-je.

Il s'approche de moi, saisit ma nuque et m'embrasse fougueusement. Lorsqu'il se détache, nous avons du mal à reprendre nos souffles.

« Ça faisait tellement longtemps que j'attendais ça. » dit-il, réitérant son baiser.

Je reste muette, profitant avec passion de ses lèvres contre les miennes. C'est tellement féerique cette sensation de liberté, de douceur absolue. J'en oublierais presque que mon père est prêt à faire exploser une ville entière.

Luis retire son t-shirt avec hâte, le jetant à l'autre bout de la petit pièce. Il me plaque contre le matelas et fait glisser ses mains de mes hanches à mes poignets, emportant avec lui mon débardeur.
Ses lèvres chatouillent mon ventre tandis que je me laisse enivrer par son odeur suave et poivrée.

Mes mains s'agrippent à ses épaules, glissent jusqu'à ses omoplates et s'encrent dans sa taille délicieusement musclée. Il me serre contre lui, passe son nez dans mes cheveux, cherchant plus qu'un simple contact. C'est tellement bon de le retrouver.

« Bordel, je t'aime Colombe. » lâche-t-il d'une voix rauque, tellement irrésistible.

Je laisse échapper un petit rire et lui murmure un « moi aussi » à l'oreille. Je ne desserre pas mon étreinte avant un long moment, sa chaleur est la seule chose qui me tient encore en vie.
Ses doigts s'emmêlent dans mes cheveux, glissent dans mon dos pour dessiner avec délicatesse mon tatouage.

« L'épée de Damoclès, pourquoi ? me susurre-t-il.

-On est à l'abris de rien, toujours une chose qui peut nous tomber dessus, non ? »

Il dépose un baiser entre mes omoplates et resserre sa prise sur ma taille. Nous avons absolument besoin d'un contact avec l'un et l'autre, c'est vital.

Il est allongé sur le dos tandis que ma tête repose sur son buste, personne ne parle, mais son esprit si... Il est encombré de milliers de questions sans réponse. Mais ce dont il a le plus peur, c'est de revivre quelque chose... Je n'arrive pas à distinguer quoi mais ce quelque chose semble être un pur cauchemar.
Est-ce ce qu'on lui a fait subir ici ?

Spirit Où les histoires vivent. Découvrez maintenant