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Nous traversons une forêt épaisse, très difficile d'accès. Elle est en partie constituée de sapins et de boulots, grimpant à des dizaines de mètres. Nos chevaux sont agiles et ont l'habitude de galoper dans ce genre d'environnement, rien ne les déstabilise.

« Davi, je peux te poser une question ? l'interrogeai-je, me rapprochant d'elle au maximum.

-Je t'en prie Co.

-D'où vient Sultan des Dunes ? On te l'a désigné au camp ?

-Non, il est à moi. Je l'ai trouvé blessé pas loin de chez moi, dans la forêt la plus proche. Mon père m'a aidée à le soigner, Sultan semblait reconnaissant... Il m'a aussitôt obéi.

-C'est bien ce que je me disais... Je n'avais jamais vu un cheval si docile.

-Tu connais la légende des Marwari, Co ?

-Cette légende est ridicule, Davi. intervient Ricky avec un sourire provocateur.

-Ferme la ! Je disais... La légende raconte qu'un étalon pur-sang arabe tomba amoureux d'une jument à la crinière blonde, une nuit durant laquelle la lune dessinait un croissant, l'étalon s'unit à sa belle. Tous leurs poulains naquirent avec les oreilles en forme de croissant de lune. N'est-ce pas magique ?

-Chuuut, on approche. » nous coupe Ricky, ralentissant prudemment.

Nous l'imitons, et un peu avant l'orée de la forêt, descendons de nos montures afin de nous rapprocher à pieds.

« Deux gardes nous attendent à l'entrée, il suffit que je les abatte d'ici. nous chuchote Ricky, son fusil à la main.

-Tu es sûr de devoir les tuer ? Il suffirait de les blesser... objectai-je.

-Colombe... Laisse moi faire mon travail. »

Je retiens son poignet et le force à me faire face.

« Ton travail n'est pas de tuer des innocents Ricky. lui fais-je remarquer.

-Ces hommes ne sont pas des innocents.

-Tu n'en sais rien.

-Toi non plus. Écoute Colombe, je sais ce que je fais, je le fais depuis des années et ce n'est pas toi qui vas changer mes habitudes en quelques minutes. »

Davina me prend par les épaules et m'éloigne de lui, elle m'indique une cachette d'où nous serons prêtes à partir dès que Ricky aura fait... son travail.
Je lance un regard sombre à ce dernier, il me le rend avant de le détourner vers son viseur. Son fusil est dirigé vers l'entrée du bunker où sont plantés deux gardes aux aguets.
Deux détonations et les hommes jonchent le sol. Davina me tire en direction du bunker, je ne quitte pas des yeux Ricky qui n'affiche pas la moindre émotion.

« Prend cette carte Colombe, si on a besoin de se séparer. » me dit Davina, me tendant le pass du garde mort.

Je la saisis et cherche une entrée, la principale est trop flagrante; il faut absolument être discrets.

« Ici, il y a une trappe. lançai-je, désignant une poignée dans la structure.

-Il y a pas de temps à perdre, allons y. »

D'un coup sec, Ricky ouvre la trappe. Elle mène au réseau d'aération, on va devoir entrer un par un, le passage est très étroit.
Nous avançons durant cinq bonnes minutes, et débouchons dans un espace un peu plus grand, le réseau se divise.

« On doit se séparer. dit Davina.

-Chacun prend un couloir, vous avez vos talkies-walkies, on reste en contact. » poursuit Ricky.

Davina me retient avant que j'emprunte une direction au hasard.

« N'aie pas peur. » me susurre-t-elle.

Je hoche la tête et m'engouffre dans un couloir, la mâchoire serrée et le courage plein le cœur.
J'ai l'impression que mon ascension ne finira jamais, ce réseau est un vrai labyrinthe et je ne trouve aucune issue.
Soudain une grille attire mon attention, je m'y arrête et jette un coup d'oeil à travers : un garde est juste en dessous. Il me semble qu'il est dans un couloir.
Avec délicatesse, je retire la grille et me prépare à sauter. Agilement, je m'extirpe du couloir et tombe sur le garde, serrant son cou de mon bras afin de lui faire perdre connaissance. Pour finir en beauté, j'échange mes habits avec les siens, lui vole son arme et le glisse derrière une trappe.
Fière de moi, je repars, le sang bouillonnant.

« Je suis dans un couloir. Vos positions ? questionnai-je mes amis grâce au talkie-walkie.

-Je suis au dessus d'une salle, on dirait un labo. m'informe Davina.

-Il y a un truc qui tourne pas rond ici. ajoute Ricky.

-Où es-tu ? lui demandai-je.

-La salle d'armement, toutes les armes de guerre sont là... mais elles ne sont pas chargées et je ne vois pas de munitions.

-Elles sont sûrement cachées quelque part, cherche les !

-Et toi, trouve Luis. »

Je parcours de longs couloirs éclairés d'une lumière rougeâtre, ce bunker semble presque neuf, ce qui est étonnant étant donné que les seuls bunker qu'il reste ici depuis la guerre sont tous devenus des lieux protégés. J'ai l'impression que celui-ci a été construit il n'y a pas si longtemps.

« Restez vigilants... Ils ne vont pas tarder à s'apercevoir qu'il n'y a plus de garde à l'entrée. » nous informe Davina.

Je m'arrête à une intersection, m'assurant que la voie est libre.

« Et toi là, j'ai besoin d'aide. m'interpelle un homme.

-Qu'est-ce qu'il y a ? lui demandai-je, gardant mon sang froid autant que je peux.

-Il y a un problème avec la sécurité de l'entrée principale, j'ai besoin que tu me remplaces pour garder les cellules, il faut que j'aille voir ce qu'il se passe. »

Je hoche la tête mais avant qu'il parte, je l'assomme avec la crosse de mon pistolet. Je le planque dans un placard que je ferme de l'extérieur. L'homme a parlé de cellules, je ne dois pas être loin.
Grâce au pass, je déverrouille la porte d'où il venait. Il n'y a personne, je parcours de nouveau un couloir et tombe sur une porte blindée.
Il y a un code, le pass ne fonctionnera pas ici.

« Je crois que j'ai trouvé l'emplacement des cellules mais elles sont fermées par une porte à code. Je ne sais pas comment y entrer. informai-je mes amis.

-Tu n'auras pas besoin de les déverrouiller. »

Cette voix, rauque et suave... douce à la fois. Je la reconnaîtrais entre mille.
Elle appartient à Luis.

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