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Durant les prochains jours qui suivent, le professeur Yung fait des recherches du côté de l'EPDA et de son chef... Tout ce qu'il peut récolter, il le récolte tandis que Davina m'apprend à me battre à cheval. Elle est garde à cheval, et les combats qu'elle mène sont souvent très éprouvant, très sanglant.
Enfin, Ricky cherche des informations sur mon père ou sur les intentions du centre militaire auprès de ses collègues.

« Tu montes très bien pour une débutante, comment ça se fait ? me demande Davina, dirigeant son magnifique destrier vers la sortie de la carrière.

-J'ai fait de l'équitation pendant toute mon adolescence, les bases me sont restées.

-Tu magnes aussi très bien le couteau et la lance.

-Ça c'est de l'entraînement intensif... lui souris-je. Où va-t-on ?

-Dans la forêt, y a un parcours parfait pour s'entraîner. »

Je suis alors Davina, fièrement dressée sur son cheval de la race Marwari; sa robe est bai, il a de grandes chaussettes noires et a une spécificité qui lui donne une forte personnalité et une grande élégance : ses oreilles sont en croissant de lune.
L'air est doux, je profite de cette bouffée de liberté. Je monte Albacor, un étalon frison noir. Malgré son apparence, c'est une crème, il obéit à merveille et me semble bourré de bons sentiments. Une intuition peut-être.
C'est un cheval d'exception, il est splendide; sa robe noire luit au soleil, ses muscles se contractent à chaque foulée et son immense crinière ondulée fouettent l'air. Ses puissants sabots frappent la terre avec rythme.

« Il y a des cibles sur les arbres, vise les avec les poignards. me dit Davina, lançant un couteau qui atterrit au centre de la cible.

-Je vais faire de mon mieux. »

Je donne un coup de talon à Albacor qui part au galop, prépare mon poignard et le lance avec une force que je ne pensais pas avoir. Il se plante dans le cercle extérieur de la cible.

« C'est pas grave, c'est déjà bien ! Tu es très douée ! » me complimente Davina.

Davina m'apprend également à sauter en lançant des poignards et des lances ou en tirant avec des armes à feu. Cet exercice m'aide à trouver mon équilibre et à mieux viser.

« On va faire une pause, tu as bien travaillé. dit Davina, remettant Sultan des Dunes au pas.

-Ça fait combien de temps que tu es garde à cheval Davina ?

-Plus de cinq ans. Je suis arrivée en même temps que Luis.

-Vous étiez amis ?

-Un peu plus que ça, on s'est rencontrés lorsqu'il m'a sauvé la vie.

-Ça devient une tradition chez lui. dis-je dans un petit rire.

-Oui, il faut croire. Ce jour là, il y avait des envahisseurs au camp, on était chargés de les kidnapper mais ils étaient bien trop nombreux et l'un d'entre eux m'a tiré dessus. Luis l'a stoppé d'une balle dans la jambe et est venu m'aider.

-C'est une belle histoire. souris-je.

-Elle a continué pendant un an, et puis cette magie s'est arrêtée... On ne s'entendait plus assez bien, je crois même qu'on ne se supportait plus. » rigole-t-elle.

Ne bougez pas p'tites connasses.

« Davina. lâchai-je, apeurée. Il y a quelqu'un qui nous suit.

-Où ? Je ne vois personne Colombe...

-Il faut qu'on bouge d'ici, tout de suite ! »

Albacor se met immédiatement à galoper, juste au moment où un coup de feu retentit. Une balle siffle à quelques centimètres de mon épaule, je presse les flancs de mon cheval pour qu'il accélère. Des coups de feu résonnent mais heureusement, aucun ne nous atteint.

« Colombe, attention ! »

Pas le temps de réagir, la prochaine balle touche de plein fouet mon épaule. Je pousse un hurlement et me sens défaillir, je m'affale sur mon cheval, la douleur étant trop intense.

« Albacor, viens par ici ! »

La voix de Davina résonne comme un lointain écho, seules les secousses d'Albacor me gardent éveillée. Ma vision devient de moins en moins nette, je n'arrive pas à garder la tête hors de l'eau et sombre dans les flots noirs du sommeil.

[...]

J'ouvre les yeux et tombe nez à nez avec Davina. Elle me sourit tandis qu'elle presse un gant froid sur mon front.

« Hey, ça va ? me demande-t-elle avec douceur.

-Nickel, c'est pas comme si je m'étais pris une balle dans l'épaule...ris-je, la voix enrouée.

-En parlant de ça... Ricky l'a retirée, mais il ne faut pas que tu bouges, le temps de cicatrisation sera long...

-Comment Ricky a fait ça ? l'interrogeai-je, intriguée.

-Ma mère était médecin, elle travaillait dans le service urgence de l'hôpital principal de Cassiopée. Je passais mes journées à la regarder faire, à l'interroger et à lui venir en aide sur toutes ses opérations... Elle me disait qu'elle n'avait jamais vu un garçon aussi solide moralement, je ne cillais pas même dans les pires cas. explique Ricky après avoir fait son apparition dans la tente.

-Pourquoi tu parles au passé Ricky ? lui demandai-je, appréhendant la suite.

-Je vais chercher de l'eau, je vous laisse tous les deux. » nous interrompt Davina, déposant un baiser sur le front de son compagnon avant de s'effacer.

Ricky s'assoit près de moi, prenant le gant froid et le pressant délicatement sur mes joues bouillantes de fièvre.

« Ma mère est morte d'une contamination ravageante à l'hôpital, les trois quarts de son équipe y est restée. m'apprend-t-il.

-Quelle horreur... Je suis désolée.

-Merci, heureusement que j'ai trouvé Davina qui m'aide à surmonter tout ça, elle est ma seule famille désormais.

-Vous avez l'air d'être très fusionnels, c'est beau à voir.

-C'est vrai, merci... Et toi, où est ta mère ? m'interroge-t-il à son tour.

-Dans mon maigre appartement à Constellatio, elle est chez les voisins pour l'instant... J'essaie de la mettre à l'abris au maximum. »

Il hoche la tête et me sourit chaleureusement.

« Tu sais Colombe, j'ai l'impression qu'on s'est toujours connus... T'es arrivée hier comme un cheveux sur la soupe, je ne sais rien de toi mais c'est comme si je t'avais toujours connue. me livre-t-il.

-C'est une drôle de sensation mais je la comprends. »

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