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Nous élaborons notre plan jusque très tard dans la nuit, étudiant chaque détail qui pourrait nous être fatal ou très utile. L'entrée la plus sécurisée est celle par les escaliers de secours, nous déboucherons dans le couloir des coffres forts, il suffit de monter deux étages et de neutraliser trois gardes qui seront dans la salle informatique. Ensuite, c'est un jeu d'enfant : il suffit de copier la liste des agents et de s'enfuir aussi vite qu'on est venus.

« Parfait. J'y entrerai pendant la nuit, demain. conclut Luis.

-Attends, attends. Tu ? Je veux venir avec toi !

-Il en est hors de question, c'est trop dangereux. Tu me guideras par oreillette.

-C'est mon père et c'est moi qu'ils veulent tuer !

-Raison de plus ! »

Je serre la mâchoire et croise les bras. Après tout, il n'a pas tord... Je ne suis pas assez entraînée pour combattre des hommes armés.
Luis a un sourire en coin, il se lève et me prend les épaules délicatement.

« Tu devrais aller te reposer, j'arrive. »

Je hausse les épaules et regagne sa chambre, j'enfile un débardeur et un short, passe à la salle de bain pour la toilette de nuit puis me glisse sous les draps. Le parfum poivré de Luis vient picoter mes narines.
C'est un quart d'heure plus tard qu'il vient me rejoindre, la lueur de la lune l'éclaire suffisamment pour que je distingue la sculpture minutieuse de son dos. J'arrive à discerner également que l'aigle aux ailes déployées est posé sur un branche qui se poursuit le long de sa côte... Je ne vois pas alors la fin du tattoo. Il y en a encore d'autres mais je n'ai pas le temps de les décrypter puisqu'il s'allonge à côté de moi sur le dos.

Je reste immobile, en profitant pour poursuivre ma découverte et me rendre compte que la branche sur laquelle est posé l'aigle n'est finalement pas une branche mais un serpent... qui crache une balle.

« Tu veux savoir ce que signifie le serpent ? »

Oups, je me suis faite repérée. D'abord je n'ose pas répondre mais il tourne la tête vers moi dans un petit sourire.

« C'est le symbole ennemi. Au centre militaire, les hommes ennemis sont représentés par des serpents.

-Et la balle, qu'est-ce qu'elle signifie ? demandai-je timidement.

-La balle d'un sniper.

-Tu es sniper ? poursuivis-je, étonnée.

-J'étais jusqu'au jour où on m'a destitué de mes fonctions.

-Je peux te demander pourquoi ?

-Parce que je ne tuais pas, je visais toujours les jambes ou les organes non vitaux. Quand t'es sniper, c'est pour descendre des criminels, pas rendre la justice. »

Je reste muette, je crois que j'en ai assez demandé pour ce soir. Il se tourne dos à moi et lâche d'une voix grave « Bonne nuit Colombe. »

[...]

Le lendemain je passe ma journée en compagnie du professeur Yung, il m'apprend des prises de karaté, des moyens de se dégager de l'emprise de l'ennemi. Il me montre comment manier un poignard ainsi que de le lancer. Il me complimente sur ma capacité à apprendre très vite, il dit aussi que j'ai beaucoup de potentiel et ça me donne encore plus d'espoir.
Nous travaillons d'arrache pied durant toute la journée, j'ai l'impression d'apprendre des milliards de choses, d'acquérir des manières et des techniques que jamais je n'aurais penser apprendre si vite.

Enfin, nous avons fini la journée par travailler mon don. Le professeur Yung m'a demandé de lire dans ses pensées, de chercher la chose qui le préoccupe le plus. C'est très difficile pour moi de faire le tri dans ce que j'entends, ce n'est qu'un bourdonnement constant.

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