Dragon Noir

Chapitre 10

Tout se passait à merveille sur l'île d'Hagbard. La fortification de l'île se déroulait bien et depuis que les beurkiens avaient entrepris leur voyage de retour il y avait un vol incessant de dragonnier entre les îles.

Harold s'était assuré que les informations et les ressources se répartissent au plus vite, il avait fait venir des forgerons sur l'île et leur avait révélé le secret du fer de dragon. Recruter des forgerons n'avait pas été très compliqué, en revanche Harold avait été surpris d'apprendre en revenant sur l'île que les beurkiens avaient eu le temps de visiter tous les clans et qu'ils étaient repartis chez eux. Cela avait également donné lieu à une conversation peu enviable avec Hagbard, mais nécessaire, au cours de laquelle il avait fini par admettre son erreur.

Il avait laissé ses sentiments prendre le dessus et maintenant il allait devoir trouver une solution. Il avait promis à Hagbard qu'il lui présenterait bientôt un plan.

Tous se félicitaient néanmoins de l'arrivée des forgerons qui avait engendré une production d'armes et d'armures plus importante chaque jour. Dès qu'Harold n'aidait pas Thorkell ou Hagbard ou qu'il n'était pas sur une autre île, il se rendait lui-même à la forge. En tant qu'ancien apprenti d'un forgeron c'était le moins qu'il puisse faire. Il avait ainsi pu confectionner un bouclier à Thorkell comme il lui avait promis et s'était attelé depuis à confectionner des armures pour ses dragonniers.

Les forgerons pouvaient sans difficulté s'occuper des pièces d'armures des vikings qui feraient partie de l'armée, mais pour celles des dragonniers cela était plus complexe. Il fallait qu'ils puissent garder une bonne manœuvrabilité et le seul moyen était de garder une armure entièrement de cuir. Cependant Harold ne voulait pas pour autant perdre en qualité, il voulait leur offrir la meilleure protection possible. Il avait alors commencé à produire des armures telles que la sienne avec de très fines plaques de fer de dragon, mais cela n'était pas aisé. Si la plaque était trop fine ou trop épaisse, elle ne servait à rien et en plus il fallait qu'elle s'adapte parfaitement à l'armure et donc à celui qui allait la porter. Il s'agissait là de produire des armures sur mesure et malgré tous ses efforts Harold savait qu'il n'aurait pas le temps d'en produire beaucoup.

Harold sépara ainsi son temps entre superviser, aider et forger. Tout se passait relativement bien. Leur armée et leur flotte seraient prêtes à temps, mais tout comme Stoïck il doutait que leur nombre soit suffisant. Ses dragonniers lui avaient rapporté énormément d'informations sur leur ennemi, notamment une estimation de la puissance de son armée et lorsqu'il avait eu connaissance de cette information, cela lui avait donné des sueurs froides.

Drago avait sous sa coupe de très nombreuses îles, bien plus que ce qu'Harold pensait et il se disait qu'il aurait dû agir avant. Surtout qu'il avait appris ce qu'on réservait à ceux qui refusaient de le rejoindre. Certains de ses dragonniers étaient revenus complètement traumatisés de leur mission et il avait fallu à certains des jours entiers avant d'être capable de raconter ce qu'ils avaient vu.

De véritables charniers, des hommes attendant la mort dans des cages, des séances de tortures en place publique devant des populations terrifiées et des soldats avides de voir le sang couler, de voir leurs plus bas instincts récompensés et encore bien pire.

Harold avait du mal à croire que l'on puisse suivre un homme capable de faire de telles choses, pourtant c'était le cas et le pire était que sa méthode fonctionnait. Cela avait terrorisé ses dragonniers et Harold craignait que la peur se répande parmi son armée.

Son armée...

Quand il y pensait Harold ne pouvait s'empêcher de penser à quel point sa vie avait changé. Il était né pour devenir chef, mais jamais il n'avait imaginé se retrouver dans une telle situation. Lui qui avait cru qu'avec sa fuite de Beurk il ne se retrouverait jamais dans une telle situation, s'était trompé, il semblait destiné à commander. Cela ne le réjouissait pas énormément, mais il faisait tout pour ne montrer aucune faiblesse devant ses amis, et surtout devant les clans. Certains n'hésiteraient pas à remettre en cause sa légitimité à la moindre erreur, et au fond il se demandait comment il en était arrivé là, comment il pouvait être responsable de tant de vie. Il n'avait jamais cru que les choses iraient si loin.