Chapitre 68

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— C'est quoi la suite du plan ? On est peut-être sorti de notre cellule, mais il faut encore quitter la forteresse et s'enfuir de l'île. On vole un navire ou un dragon ? demanda Kyria en faisant attention à ne pas élever la voix.

Harold était à leur tête, Kyria en seconde et les jumelles derrière elle. La porte donnant sur le poste de garde en charge de la section où ils avaient passé leurs dernières semaines se trouvait devant eux. De bois, bardé de métal, elle était plutôt solide, mais Harold en possédait la clé. Il n'y avait donc rien à craindre, l'ouvrir ne serait pas problème. En revanche, il leur fallait encore définir la suite de leur plan.

Ils avaient quitté leur cellule, mais il restait maintenant à savoir quel chemin prendre. Il en connaissait deux. L'un parfaitement, l'autre vaguement. Le premier, il l'avait emprunté tous les jours et le connaissait donc par cœur, il menait à l'arène où il avait entraîné les dragons. Le second n'était que vagues souvenirs, c'était celui conduisant à la salle du trône.

La décision devait être prise maintenant. Selon toute vraisemblance, le poste de garde serait vide puisque Lif et Guthorm étaient étendus dans leur cellule. Il n'y avait donc que peu de risques, mais une fois passé il n'allait plus falloir hésiter.

— Ni l'un ni l'autre.

La réponse surprit ses compagnes. Elles avaient vécu en captivité bien plus longtemps que lui et tout ce qu'elles souhaitaient c'était partir, pas faire du tourisme en territoire ennemi. Un tel choix était déstabilisant quand on inspirait à retrouver sa liberté.

— Si on ne prend ni un navire ni un dragon, comment on quitte cette île ?

— On va la conquérir.

Froide, simple et sans émotion, la réplique était l'image de celui qu'était redevenu Harold. Le Dragon Noir, le Protecteur du Nord, le Maître des Dragons. Des titres qui s'étaient mêlés pour faire de lui le messager de Hel, un faiseur de morts pour ses ennemis. Il avait compartimenté son esprit et enfermé sa compassion profondément. En ces circonstances, il se devait d'être digne de sa réputation pour survivre.

— La conquérir ? À quatre, dont deux enfants ?! T'as complètement perdu la tête ou quoi ?! murmura furieusement Kyria.

— Yrving a dit que mes hommes étaient emprisonnés ici. Il suffit de les libérer.

— Mais on ne sait même pas où ils sont ni combien il y a de soldats dans la forteresse.

— On parle de centaines d'hommes du Nord qui ressasse leur vengeance depuis des semaines dans leurs cellules. Peu importe le nombre auquel nous ferons face, nous gagnerons.

— On a pas le temps de les chercher ! Si on découvre notre évasion, toute l'île sera en alerte !

— Si on part, ils enverront des hommes à notre poursuite. Peut-être même des dragonniers... pas que ça serait un problème dans ce cas, mais je préfère éviter. Nous devons nous adapter, la situation a changé et le plan en conséquence. On doit prendre possession de cette île !

— Tu as dit que seuls les détails avaient changé...

— Prendre cette île est justement l'un d'entre eux.

Cette conversation ne menant à rien et le temps leur étant compté, Harold y mit fin.

Il ouvrit prudemment la porte et jeta un œil dans la pièce. Comme il s'y attendait, elle était vide. Sans plus attendre, il se précipita à l'intérieur. Il y avait là une table avec deux tabourets, une partie de cartes abandonnée en plein milieu, et un râtelier d'armes vide à son grand désarroi.

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