Chapitre 23

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Il se tenait là, au bout du quai, regardant le navire qui déjà se trouvait au loin. Nombreux étaient les vikings qui l'entouraient, pourtant Harold Haddock aussi surnommé le Dragon Noir, le Protecteur du Nord et il ne savait quoi d'autre, se sentait étrangement seul. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas ressenti ce sentiment, mais en cet instant en voyant ce drakkar s'éloigner, devenir peu à peu un simple point à l'horizon, il avait l'impression d'avoir perdu quelque chose ou plutôt quelqu'un. C'était absurde, mais un mauvais pressentiment l'habitait depuis qu'il avait vu Astrid monter à bord. Il ne pouvait l'expliquer.

Il garda le regard rivé à l'horizon jusqu'à ce qu'il ne distingue plus rien puis il fit demi-tour pour rejoindre le reste des vikings qui avaient assisté au départ. Arrivant à leur niveau, il prit soin d'afficher un visage impassible, dénouer d'émotions et d'un ton qui lui était devenu familier il donna ses ordres. C'était une chose qu'il avait mis du temps à accepter et même si aujourd'hui cela était devenu une seconde nature chez lui, il était toujours légèrement déstabilisé en voyant tous ces vikings obéir sans rechigner. C'était pourtant son rôle et il ne montra rien de tout cela.

— Eskil, tu vas remplacer Raina, au moins pour aujourd'hui. Pour les jours qui suivent, on verra. Eldrid, fait envoyer les dragonniers, qu'ils fassent au plus vite et rejoins-moi ensuite à mon bureau. J'aimerais qu'on reparle des informations que tu as ramenées de ta dernière mission, dit-il aux deux vikings sans hésitation avant de se tourner vers Hagbard et son fils. Thorkell, Hagbard... commença Harold qui avait toujours un peu de mal à donner si formellement des ordres au chef de l'île.

— Ne t'inquiète pas Harold, on sait ce qu'on doit faire, intervint Hagbard qui connaissait assez bien celui-ci pour savoir ce qui le dérangeait.

Harold hocha la tête à son intention, le remerciant, puis tous saluèrent y compris les vikings à qui il n'avait pas donné d'ordres. Nombre d'entre eux étaient restés après le départ pour voir ce qui allait se passer, mais maintenant que les ordres avaient été donnés tous se dispersèrent. Laissant Harold avec ses deux protecteurs.

— Vous savez où est Élia ?

— Non, répondit Alrik.

— Aucune idée. Tu veux qu'on envoie quelqu'un la chercher ? demanda Eskil.

— Non, ça peut attendre, on a du travail.

Il s'était douté qu'il ne la verrait pas au départ d'Astrid et c'était peut-être mieux ainsi. Il savait qu'il allait devoir lui parler, mais il songea qu'il était sûrement plus sage de la laisser un peu tranquille avant d'aller lui dire ce qu'il avait fini par admettre quelques heures plus tôt quand il l'avait repoussé.

Il ne perdit pas plus de temps et prit la direction du bâtiment des dragonniers. Le temps qu'il y arrive toute l'île était en effervescence. Un ballet continu de dragonniers arpentait le ciel et Harold sut qu'Eldrid avait déjà accompli sa mission quand il vit des groupes de sept dragonniers s'élever et prendre des directions différentes. Il s'agissait des messagers, accompagnés chacun d'une escorte de six autres dragonniers. Ils avaient pour mission de se rendre auprès des chefs de clans pour leur demander de le rejoindre au plus vite. Il avait prévu une réunion quant à la guerre à venir et à la possible alliance avec la coalition de Beurk et tous devaient y assister. Il arriva bientôt au bâtiment des dragonniers et se rendit immédiatement à son bureau devant lequel il retrouva Eldrid. Il l'invita à le suivre à l'intérieur tandis qu'Eskil et Alrik prenaient place de chaque côté de la porte, puis il referma celle-ci.

À partir de là, il eut l'impression de ne plus avoir un seul moment de répit. Les jours se succédèrent sans qu'il ne les voie passer, réunion après réunion. La plupart avec Thorkell et Hagbard pour essayer de faire avancer autant que possible ses plans. Il les informa de ce qu'il avait envisagé en cas d'alliance avec la Coalition et ils passèrent plusieurs jours à débattre, à envisager ce qu'il était possible de faire tout en sachant qu'il faudrait s'adapter au comportement de leur allié. Au-delà des discussions ils devaient également accomplir leurs tâches visant à tout préparer pour le début de la guerre qui ne saurait tarder et plus personne n'eut une minute à soi.

Dragon NoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant