Dragon Noir

Chapitre 21

Tout s'était passé tellement vite, l'instant d'avant Harold avait eu l'intention de convaincre Élia d'aller se reposer, mais il n'eut pas le temps de prononcer un seul mot que ses lèvres se posèrent sur les siennes. Il n'en revenait pas, elle l'embrassait, il ne s'était absolument pas attendu à ça et il en resta figé quelques instants avant de la repousser.

— Élia ! Qu'est-ce qui te prend ?! s'exclama Harold en la repoussant sans violence, mais fermement.

— Harold... C'est à cause de cette fille, c'est ça ? lui demanda Élia dont la voix n'était pas assurée. Écoute Harold, je...

Harold qui avait remarqué le peu d'assurance dans la voix de son amie était prêt à parier qu'elle n'était pas loin de se mettre à pleurer et quand il eut l'intuition de ce qu'elle allait dire il préféra l'arrêter. Cela ne ressemblait pas à la Élia qu'il connaissait, elle qui était d'habitude si forte s'était laissée submergée par ses émotions et la fatigue. Il était évident que la mission avait été extrêmement difficile et les récentes épreuves auxquelles elle avait dû faire face l'avaient poussé à bout. Harold en avait bien conscience et il se maudissait de devoir lui faire de la peine, mais il ne pouvait la laisser croire en de faux espoirs.

— Élia, tu n'as pas les idées claires, tu es à bout, tu dois te reposer. Je... Écoute le mieux serait qu'on en reparle quand... commença-t-il d'une voix compatissante, mais il n'eut pas le temps de terminer qu'Élia franchissait la porte. Attends Élia !

Pendant un instant il hésita, il aurait pu la suivre et essayer de s'expliquer, mais il connaissait assez bien Élia pour savoir que cela ne donnerait rien de bon dans son état et il préféra renoncer à la suivre tout en espérant avoir fait le bon choix.

Élia avait compris que c'était peine perdue et comme l'avait fait Astrid elle partit immédiatement sans se retourner. Elle avait beau être fatiguée, elle savait que cela ne changeait rien à ses sentiments. Elle avait cru que les choses, entre Harold et elle, étaient sur la bonne voie, mais il avait fallu que cette fille apparaisse. Elle ne savait pas exactement tout ce qu'il s'était passé entre ces deux-là, mais elle était sûre qu'Astrid était la cause de ce qui venait de se passer. Son instinct lui criait que c'était la faute de cette fille et que le mieux serait qu'elle disparaisse.

Astrid était partie directement en direction des escaliers, les avait descendus et s'était retrouvée dans l'entrée du bâtiment qui jouxtait la grande salle qui servait de réfectoire. En cet instant la seule chose qu'elle voulait s'était s'éloigner, elle ne voulait pas songer à ce qu'elle venait de voir et à tout ce que cela impliquait. Elle accéléra le pas et prit la direction de la sortie sans vraiment prêter attention à ce qui l'entourait, ce qui ne l'empêcha pas de remarquer Raina et Alrik du coin de l'œil, mais elle ne s'arrêta pas. Ils venaient sûrement de finir leur petit-déjeuner et allaient rejoindre Harold pour prendre leur poste et relever la garde de nuit. À ce moment-là et malgré son état, l'esprit tactique d'Astrid reprit le dessus et elle se demanda pourquoi elle n'avait vu aucun garde à la porte d'Harold. Il lui semblait impossible que Thorkell ait obligé Harold à avoir des gardes en journée et que rien n'ait été prévu pour la nuit. Elle se promit alors d'en parler avec Thorkell. Elle avait beau en vouloir à Harold, elle ne pouvait nier qu'elle tenait à lui et au-delà de cet état de fait, il était nécessaire qu'il survive pour préserver l'avenir de la future alliance, Astrid doutait que sans lui celle-ci puisse voir le jour.