Harold venait de terminer son récit ou tout du moins les grandes lignes de son histoire venaient d'être révélées à Astrid. Il savait qu'il aurait pu continuer, qu'il aurait pu faire plus que seulement lui raconter ses débuts sur l'île, ses premières rencontres avec les hommes de Drago, ses premiers combats et le début de l'alliance entre lui et les clans du nord. Il aurait pu, mais il ne le souhaitait pas.
Bien des choses avaient été dites, bien des choses qu'il aurait voulu garder dans l'ombre, dans les tréfonds de son esprit, et il avait jugé que c'était bien assez, au moins pour l'instant. Il regardait désormais Astrid, il se demandait ce qu'elle allait penser de lui. Lui raconter tout cela avait eu pour but de réinstaurer une confiance qui, si elle n'était perdue, était pour le moins lointaine. Il espérait ne pas avoir fait l'inverse en lui racontant jusqu'où il avait été capable d'aller.
— Je crois que tu sais à peu près tout maintenant. Alors maintenant tu me crois quand je te dis que ne suis plus le même que celui que tu as connu ? J'ai tué des dizaines de vikings, j'en ai même torturé un, dit Harold en évitant de croiser le regard d'Astrid.
— Harold... Regarde-moi...
Harold accepta et regarda Astrid dans les yeux, il fut alors surpris par ce qu'il vit. Il n'y avait aucune trace de peur ou de reproches, seulement de la compassion.
Comment cela était-il possible ?
— Tu n'as pas fait tout ça par plaisir, mais pour sauver ceux à qui tu tenais. Je ne dis pas que tu as eu raison, mais tu as fait ce que tu pensais devoir faire pour les protéger, je peux comprendre ça. C'est ce que font les guerriers, dit Astrid avec conviction. Et je pense que tu te fais bien assez de reproches comme ça sans que quelqu'un ne vienne en plus te juger, termina-t-elle avec compassion.
— Merci Astrid, je ne pensais pas que tu... Je veux dire tu es l'une des seules, enfin il y en a bien quelques autres à qui j'en ai raconté autant, mais ce n'est pas vraiment une histoire que j'aime raconter. Mon instinct me dit que je peux te faire confiance, mais je pensais...
— Je comprends Harold, pour toi la guerre que nous menons aujourd'hui a commencé il y a deux ans, même si tu ne le savais pas. Ce n'est pas car tu as fait toutes ces choses que cela doit définir qui tu es, fit doucement Astrid avant de marquer une pause. Et tu pensais que je ferais quoi ? Que je partirais en courant ? Je ne serais pas allé bien loin... finit-elle en souriant.
— Je ne sais pas, tu aurais pu essayer à cloche-pied... répliqua Harold en souriant également avant de recevoir un coup de poing dans l'épaule qui lui fit s'exclamer, non pas vraiment de douleur, Astrid manquant de force, mais plutôt de surprise.
— Ne te moque pas d'une blessée sinon tu le regretteras quand je serai sur pied.
Les deux se mirent à rire de l'étonnante normalité de leurs interactions après tant de temps, ce qui allégea l'atmosphère qui était devenue de plus en plus oppressante au fur et à mesure du récit d'Harold.
Quand ils reprirent leur calme, d'un accord tacite ils acceptèrent de ne plus parler de tout cela. Astrid se doutait qu'il y avait bien plus, qu'Harold était loin de lui avoir tout dit, mais tout comme il n'avait pas insisté sur ce qu'il s'était passé sur le drakkar, elle n'insista pas pour en savoir plus. Harold parlerait quand il le souhaiterait, elle ne pouvait le forcer. Elle comprenait la colère qu'il ressentait par rapport aux habitants de Beurk et de son père, à cause d'eux il avait dû fuir, à cause d'eux il avait subi toutes ces choses et il avait dû en accomplir certaines. En repensant à ses dernières, elle songea, malgré ses paroles, qu'elle avait toujours du mal à s'imaginer Harold les accomplir, mais elle se posa également la question :
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Dragon Noir
FanfictionPour ce qu'il est, pour avoir décidé d'aller à l'encontre des traditions en se liant d'amitié avec un dragon au lieu de le tuer, Harold a été contraint de fuir son foyer. Cinq années se sont écoulées depuis son exil forcé. Cinq années à se demander...