Chapitre 77

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Les combats faisaient rage, Almar se tenait au centre de ses hommes dans un espace dégagé d'à peine quelques mètres sur une minuscule butte, un porte-étendard à ses côtés. Un risque non négligeable, une invitation pour l'ennemi à prendre la tête d'un chef, mais nécessaire. Il était à une bonne centaine de mètres de la ligne de front, recevant les messagers et organisant l'assaut avec toute la sagesse dont il était capable.

Il faisait confiance à leurs dragonniers pour empêcher l'ennemi de l'atteindre et aux soldats pour éviter une percée dans leurs rangs qui pourrait lui coûter la vie.

Il venait juste de renvoyer un messager quand un nouveau arriva.

— Au rapport.

— Le chef Stoïck et ses hommes continuent leur percée au centre ! L'ennemi n'arrive pas à les arrêter, mais leurs flancs ne sont plus protégés.

Almar aurait voulu soupirer de frustration, il se retint, cela n'aurait pas été bon pour le moral des soldats. Stoïck était l'un des plus grands guerriers de leur époque, mais comme tout homme il avait ses défauts, il se laissait trop gouverné par ses émotions. S'il revenait à Almar de diriger l'armée, c'était justement pour cette raison.

— Ce sont bien les chefs Arne et Dankrad qui commandent les unités sur son flanc gauche et droit ?

— Oui.

— Très bien, allez leur dire d'intensifier l'assaut pour soutenir Stoïck. Si on arrive à détruire leur centre, nous pourrons peut-être espérer séparer leur armée en deux.

— À vos ordres ! s'exclama le messager avant de partir en courant.

C'était un espoir illusoire, jamais ils ne réussiraient à couper l'armée de Drago en deux. Il en avait conscience, le dire lui était cependant impossible pour le bien de ses hommes. Même si pour l'instant le déroulement de la bataille était à leur avantage, il savait que c'était seulement temporaire. L'ennemi les laissait faire, il en était certain. Ils n'avaient pas encore vu ses troupes d'élite, ce n'était pour l'instant que le commun des soldats.

Drago avait une armée bien plus vaste que la leur, à moins d'un coup d'éclat, Almar ne croyait pas en la victoire. Toutefois, il ne comptait pas abandonner, ce serait la défaite la plus glorieuse de toute l'histoire viking. Ils emporteraient avec eux autant de soudards qu'ils le pourraient. Cette journée resterait dans les mémoires et dans les sagas pour les siècles à venir.

— Un nouveau messager arrive, commenta son aide de camp.

Un homme fort et tout en muscle, aux cheveux blonds coupés ras, le nez cassé à plusieurs reprises par les combats qu'il avait menés dans sa vie. Un bon guerrier, meilleur administrateur encore, il était aux côtés d'Almar depuis leur adolescence, faisant de lui son homme de confiance.

— J'ai un rapport urgent à faire ! s'écria le messager en arrivant devant Almar.

Il était sale, couvert de sang, une entaille sur la joue. Il avait visiblement combattu avant qu'on lui ordonne de venir ici.

— Je t'écoute.

— Le chef Brand demande du soutien, une de ses unités a subi de lourdes pertes et il ne peut pas aller s'en occuper lui-même.

— Une unité d'élite ? demanda Almar.

— Non, mais ils ont un commandant compétent qui nous a pris au dépourvu.

— Je vois, il fallait s'y attendre. Drago a des lieutenants rompus à l'art de la guerre.

— Durandal se trouve dans l'aile gauche, commenta son aide de camp.

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