Chapitre 66

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Après avoir tué le soldat qui devait en réalité être un officier au vu de la qualité de ses vêtements et de son embonpoint fort prononcé, Astrid le laissa glisser au sol comme elle put. Galen vint l'aider, une fois cela fait, elle s'avança. Elle vit alors Kirsten arriver d'une légère foulée, elle remontait rapidement le couloir pour les rejoindre. Le temps qu'elle arrive, Astrid pénétra dans la pièce pour s'assurer que tout allait bien pour Alrik.

Tout comme son ami elle s'arrêta net en voyant la silhouette allongée sur le lit et l'état dans lequel elle se trouvait. Derrière elle, Kirsten était arrivée et elle venait de murmurer aux autres de patienter. C'était loin d'être prudent, bien au contraire, vu leur situation ils n'auraient pas dû perdre la moindre seconde. Astrid ne pouvait cependant pas faire autrement. Elle ne pouvait pas demander à Alrik de détourner les yeux, elle le comprenait trop bien pour cela. Elle-même sentit les larmes lui venir aux yeux, mais elle se retint de les laisser couler.

La jeune femme qui était allongée sur le lit ressemblait à Raina. La même taille, les mêmes proportions, les mêmes cheveux. Si on les avait mises côte à côte on les aurait prises pour des sœurs. Bien entendu, ce n'était ni Raina ni sa sœur, Astrid était bien placée pour le savoir. Elle avait assisté à sa mort. Seulement une étrangère qui lui ressemblait beaucoup trop pour le cœur de ceux qui l'avaient connu et qui l'avaient aimé. Voir cela devait être d'une douleur sans nom pour Alrik.

Elle s'avança doucement et vint poser une main sur l'épaule de son ami. La jeune femme la regarda avec des yeux larmoyants et le cœur d'Astrid se serra un peu plus. Elle ne pouvait imaginer les horreurs qu'elle avait subies et en la voyant ainsi, elle sut ce qu'elle souhaitait.

— Bu... bureau... bredouilla-t-elle en regardant Astrid.

La jeune femme reporta ensuite son regard sur Alrik et répéta les mots qu'elle avait déjà prononcés un peu plus tôt quand il s'était agenouillé auprès d'elle. Astrid serra plus fermement l'épaule de son ami dans un geste de soutien. Ce qui lui était demandé était difficile, mais nécessaire. Elle la comprenait, si elle avait été à la place de la jeune femme, elle aurait voulu que quelqu'un fasse cela pour elle.

— Si tu veux, je peux...

— Non, c'est à moi de le faire.

— C'est son souhait, lui murmura Astrid avant de se détourner pour aller vérifier le bureau.

De nombreux papiers et rapports y étaient disséminés sans aucune sorte de rangement apparent. Le travail d'un homme peu consciencieux ou capable de s'y retrouver dans tout ce désordre. Impossible à dire.

Astrid les feuilleta un par un aussi rapidement que possible, délaissant tous ceux qui parlaient de stock ou de l'organisation de l'île. Elle ne pouvait pas être sûre de ce que la jeune femme souhaitait qu'elle trouve, mais elle était certaine que cela devait être important sinon elle n'aurait pas fait l'effort de lui parler.

Après avoir parcouru plus d'une dizaine de documents, elle finit par tomber sur un parchemin contenant seulement quelques lignes. Écrites par un homme qui se disait être l'ami de celui qu'elle venait de tuer, il le mettait en garde de n'en rien répéter à personne. Il lui conseillait même de détruire le document, pourtant Astrid l'avait en main. La preuve de son inconscience.

Les mots posés sur le parchemin donnèrent à Astrid un goût amer, le sentiment d'être frappé par une masse sans pouvoir en atténuer le choc. Les rumeurs ne semblaient plus en être. Si elle en croyait ces lignes alors les paroles de Fylkir étaient vraies.

Harold avait accepté d'aider Drago.

Elle ne pouvait interpréter les choses autrement. L'ami du mort se réjouissait que le démon qui les avait terrorisés se soit enfin soumis. Ni le nom d'Harold ni l'un de ses titres officiels n'était mentionné, mais comment croire qu'il puisse s'agir de quelqu'un d'autre. Surnommer Harold ''démon'' n'avait rien d'inattendu, bien au contraire c'était chose courante.

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