Épilogue - Partie 1

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Le regard tourné vers l'extérieur, Astrid regardait depuis la fenêtre du salon de ses parents les habitants et les soldats se diriger vers le lieu de commémoration. Aujourd'hui, ils feraient tous leurs derniers adieux, à cette pensée une larme coula sur sa joue. Cela faisait seulement quelques jours que la bataille était terminée et les plaies de son cœur étaient encore vives. Elle doutait même que la douleur puisse s'estomper un jour.

Une main se posa sur son épaule et la força à se retourner. Avec un geste empli de compassion, sa mère caressa doucement sa joue et fit disparaître la larme.

— Ne pleure pas, aujourd'hui nous célébrons ceux qui sont tombés pour nous protéger, ils ne voudraient pas te voir ainsi, dit-elle doucement.

— Je sais, mais c'est difficile.

— Leur heure est venue plus que tôt que la nôtre, mais nous finirons tous par nous retrouver au palais d'Odin. Ce n'est qu'un adieu temporaire, alors rendons leur hommage comme il se doit.

Sa mère lui fit un sourire, même s'il lui était difficile d'accepter ses paroles, elle les comprit et son cœur se fit plus léger. Elle ne pourrait pas faire disparaître le sentiment de perte et la souffrance qui l'accompagnait, mais elle pouvait au moins essayer de l'atténuer en faisant son deuil. Ce serait un jour de peine et de joie comme l'exigeaient leurs traditions, ils boiraient et festoieraient en l'honneur des morts.

— Merci, je vais mieux.

— Tu es sûre ?

— Ne t'en fais pas pour moi, ça va aller.

— Une mère s'en fait toujours pour ses enfants, tu le comprendras quand toi et Harold aurez votre premier enfant.

Astrid soupira légèrement, mais par la suite un mince sourire prit forme sur son visage. Elle avait dépassé l'époque où elle se sentait gênée et où elle s'énervait quand un tel sujet était abordé. Elle avait par trop côtoyé la mort et fait couler le sang, elle était prête pour une nouvelle étape de sa vie. Une envie sans laquelle elle n'aurait peut-être pas réussi à faire face. Et surtout grâce à Harold, sans lui, tout aurait été fini, songea-t-elle en repensant à la douleur qu'elle avait ressentie en voyant le corps sans vie de son partenaire.

Alors qu'elle avait été emmenée aux tentes des guérisseurs et que le désespoir l'étreignait, l'amenant non loin de la folie, elle avait entendu celui qu'elle aimait être acclamé par des milliers de voix. Tant bien que mal, elle s'était relevée. Guidée par cette clameur, elle avait réussi à avancer pour voir les Nordiens crier, leur arme s'élevant vers le ciel, suivi par de nombreux soldats de la Coalition, mais pas tous. Certains avaient gardé la mine sombre, visiblement mécontents qu'Harold obtienne autant de reconnaissance et de gloire.

Elle s'était rendue au mur, montant les marches et se faisant une place sur les créneaux. Elle avait alors vu leur armée avancer vers le sud et tous leurs dragonniers plonger dans cette direction dans le but d'anéantir ce qui restait de l'armée de Drago. Patiemment, le cœur tambourinant elle avait attendu, finalement les rangs des soldats restés à l'arrière s'étaient écartés pour laisser place à Harold et Krokmou sur le dos duquel reposait le corps de Stoïck, derrière eux la Garde Noire suivait, leurs dragons portant les corps des membres de leur ordre tombés au combat.

Ensemble ils avaient pleuré, Harold avait su trouver les mots et la réconforter malgré son propre chagrin. Sa présence lui avait permis de ne pas sombrer et même s'il lui faudrait du temps pour guérir, elle entrevoyait une lueur d'espoir.

— Allez-y sans moi, j'ai promis à un ami de passer le voir avant que ça ne commence.

Sa mère l'embrassa sur le front et recula d'un pas.

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