Chantage

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Elisabetta lut et relut au moins une dizaine de fois les lettres envoyées par ses frères. Ils s'excusaient tous les trois pour la longue attente en indiquant qu'ils n'avaient pas eu le droit de transmettre du courrier avant que la situation ne soit plus calme. Aucun n'était blessé et tous se plaignaient de l'inactivité qui était la leur depuis quelques semaines.

La jeune fille comprit que ses frères ne pouvaient, ou ne voulaient pas, donner trop d'informations et elle pria silencieusement pour qu'il ne leur arrive rien. Lorsqu'elle montra le contenu des lettres à son père, Elisabetta fut ravie de voir un vrai sourire se dessiner sur son visage.

Matteu et elle avaient préféré ne rien dire au sujet du verger pour ne pas lui donner de nouveaux sujets d'inquiétudes mais ils avaient été incapables de cacher à Louise et Alba Casaleccia la tragique disparition d'H'orsu. Si Louise pencha très vite pour une incursion de sangliers, Alba ne fut pas dupe : elle connaissait sa petite-fille par cœur et elle comprit qu'Elisabetta avait une toute autre explication en tête que son frère.

Le soir venu, la vieille femme se rendit dans la chambre de la jeune fille avant qu'elle ne se couche.

- Lisa,...tu ne crois pas à cette histoire de sangliers n'est-ce pas ? Si c'est bien Leandru Venazzi le responsable, j'aimerai que tu ne sortes plus seule tant que je n'aurai pas parlé à son père.

- Grand-mère,...je n'ai pas peur de lui. Il n'osera jamais s'en prendre à moi.

- Ce jeune homme semble avoir décidé de te faire du mal par tous les moyens. Il n'est pas comme les autres membres de son clan et,...je crains qu'il n'écoute pas son père.

- Ne t'inquiète pas grand-mère, je trouverai le moyen de le faire taire. Un jour je te promets qu'il nous laissera définitivement tranquilles.

- Je l'espère mais j'en doute. Ce jeune homme est violent Lisa, tu dois t'en méfier.

Après le départ d'Alba, Elisabetta se coucha dans son lit et elle songea un long moment à la lettre que Leandru Venazzi avait reçu. Deux jours plus tard, en fin de matinée elle remit au facteur l'enveloppe qui était destinée à son ennemi et elle vaqua ensuite à ses tâches habituelles. Le lendemain, elle se rendit à l'ancienne église de la Santa Riparata et avec une certaine angoisse, elle attendit devant le porche de l'édifice religieux.

Elle ne dut pas patienter longtemps avant de voir arriver face à elle une silhouette massive. Malgré son épais manteau et son écharpe, Elisabetta frissonna en observant Leandru Venazzi se diriger vers elle le regard sombre. Le jeune homme ne prit pas la peine de la saluer et il l'attaqua immédiatement :

- Et maintenant tu me voles mon courrier personnel. Tu comptes t'arrêter un jour ?

- Oui, lorsque vous cesserez de m'importuner et de vous en prendre à ma famille.

- Tu ne manques pas de toupet ! Quand je pense que...

- Pourquoi mon chien ? Il n'avait rien demandé, il ne vous avait rien fait !

Elisabetta tenta de cacher son chagrin mais elle ne put maîtriser totalement le tremblement de sa voix. Pour seule réponse, Leandru releva son pantalon : son mollet était entouré d'un épais bandage consécutif à la profonde morsure que lui avait infligé H'Orsu. Il avait perdu la tête, il le savait, mais cette jeune insolente qui lui faisait face méritait une bonne leçon.

- Qui me dit que vous ne vous êtes pas blessé vous-même ?

- Ça suffit Elisabetta. Maintenant donne-moi ma lettre.

Cum' un cantu di libertaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant