Nuit dans la bergerie

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Elisabetta était partagée entre le soulagement d'être dans un endroit au sec et la crainte d'être obligée de passer la nuit dans la même pièce que Leandru. Un instant elle avait cru qu'il allait la prendre dans ses bras lorsqu'elle avait commencé à pleurer pendant l'orage mais il n'en avait rien fait. Elle avait apprécié cependant qu'il tente de la rassurer en lui parlant doucement, en essayant de lui changer les idées en lui parlant d'une vieille dame qui habitait non loin de chez sa tante à Corti et qui en faisait voir de toutes les couleurs aux habitants du quartier. Elisabetta avait même réussi à sourire à plusieurs reprises.

L'estomac de la jeune fille lui rappela qu'elle n'avait plus rien mangé depuis quelques heures et pour tenter d'oublier sa faim, elle prépara le lit dans lequel elle allait dormir.

Elisabetta, sur le conseil de son père, venait régulièrement changer les draps et les couvertures qu'elle entreposait dans la bergerie en cas de nécessité. Elle réalisa alors qu'elle ne pouvait pas dormir avec Leandru et partager le même lit que lui.

Le jeune Venazzi comprit le trouble d'Elisabetta lorsqu'elle se tourna vers lui en tenant dans ses mains une couverture.

- Je dormirais par terre, ce n'est pas grave. C'était bien pire lorsque je me trouvais à Dunkerque.

Elisabetta lui tendit deux grandes couvertures puis, très gênée, elle se glissa dans le lit sur lequel elle avait également posé deux autres couvertures. La jeune fille songea à l'attitude de Leandru : son agressivité, et la violence dont il avait fait preuve envers elle l'avait terriblement choquée mais ensuite, sa détresse profonde lorsqu'elle l'avait vu les mains en sang et son regard perdu dans le vide l'avait troublée.

La jeune fille se rappela alors les insultes qu'elle avait proférées à son égard et elle se dit que son pauvre père aurait sans doute eu une crise cardiaque s'il l'avait entendue. Elisabetta se sentit terriblement honteuse : Leandru, même s'il faisait partie du clan Venazzi, ne méritait sûrement pas la moitié de toutes les injures qu'elle lui avait adressées.

Rapidement, Elisabetta se rendit compte qu'elle grelottait. Les nuits étaient fraîches en montagne et le printemps n'était pas encore arrivé. Malgré ses vêtements, son manteau et les couvertures, la jeune fille tremblait de froid.

Leandru, qui ne dormait pas et songeait à sa conduite inqualifiable de l'après-midi, entendit Elisabetta s'agiter et il se redressa lentement :

- Lisa ? Est-ce que ça va ?

- Je...oui. Ce n'est rien.

Le jeune homme, en l'entendant claquer des dents, se releva et il s'approcha du lit pour effleurer lentement les mains d'Elisabetta.

- Mais tu es gelée !

- Je...non, non, je n'ai pas froid.

- Tu trembles et tes mains sont glacées !

Leandru ramassa alors ses couvertures et il les plaça au-dessus de celles qui se trouvaient déjà sur le lit puis il les souleva pour se glisser sous les draps.

Terrifiée, Elisabetta tenta de le repousser :

- Qu'est-ce que tu fais ?

- Tu es frigorifiée, je ne vois qu'une seule manière pour que tu puisses te réchauffer un peu c'est de me coucher près de toi. Le lit n'est pas grand, et si tu t'approches de moi, tu ne devrais plus avoir trop froid.

- Mais...mais nous ne sommes pas mariés et...je ne veux pas....

- Tu as une autre solution ?

Cum' un cantu di libertaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant