Redescente

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Un soir après l'école, je rentrais dans la voiture, et mon père m'a immédiatement dit qu'il avait une mauvaise nouvelle à m'annoncer. Il avait reçu un mail de ma monitrice, qui expliquait devoir partir pour des raisons personnelles. Je ne m'y attendais tellement pas. J'ai alors appris que je la verrai pour la dernière fois à mon prochain cours, quelques jours plus tard seulement. Tout a basculé si vite, j'étais si heureuse d'avoir pu reprendre l'équitation, d'avoir rencontré Cita.. et il a suffit d'un instant pour comprendre que tout cela devait se terminer.

Le dernier cours arriva alors. Lorsque je me suis rendue au club, ma monitrice m'a accueillie, comme d'habitude, ou presque, cette fois elle m'a annoncé que pour ce dernier cours, je ne monterai pas Cita.
Jusqu'à présent je n'avais monté qu'elle lors de mes cours, j'avais l'habitude d'arriver et de la retrouver, mais pas cette fois.
J'étais bouleversée. Je devais monter Gericault, un cheval avec qui je n'étais vraiment pas à l'aise, je l'avais déjà monté rapidement à la fête d'Halloween.
Je n'ai pas pu changer la décision de ma monitrice, elle m'a seulement laissé monter avec une selle western comme j'en avais l'habitude. J'appréhendais malgré tout, je n'avais aucune confiance en ce cheval.

Pendant la séance, un bruit mécanique retenti, je l'ai entendu, Gericault aussi. Et dire que cela n'aurait pu être qu'un détail.. Tout a commencé progressivement, mais à la fois trop rapidement pour moi. On a pris peur, il commençait à s'emballer, plus il accélérait plus ma peur surpassait la sienne, et il le ressentait. Ce cercle vicieux se poursuivait, d'abord au trot, ses foulées s'accéléraient, il était impossible de le ralentir, je ne savais plus quoi faire, je n'arrivais plus à suivre, j'entendais ma monitrice me crier de me redresser, d'essayer de ralentir. C'était trop tard, ma peur avait déjà pris le dessus, prête à se transformer en angoisse, on était déjà au galop, un galop de plus en plus rapide, trop rapide pour moi. C'était à la fois rapide et interminable. À chaque foulée cette angoisse prenait de l'ampleur. J'allais donc rencontrer ses limites ? Impossible de reprendre le moindre contrôle, que ce soit sur lui ou sur moi même. Je n'en pouvais plus. Alors, j'ai décidé de me laisser tomber. Tout s'est passé si vite, j'ai relâché mon corps et je l'ai laissé s'évanouir. Avec la vitesse j'ai atteint violemment le sol, ma tête l'a heurté. J'étais enfin débarrassée de cette peur, mais je souffrais, j'ai beaucoup pleuré toute l'angoisse que je venais d'accumuler et la douleur de la chute. Je n'étais pas entièrement consciente de ce que je venais de faire.
J'ai tourné la tête vers ma monitrice, elle était loin de moi, près de Gericault qui trottait encore. Je me suis relevée, le visage en larme et en sang. Aline est vite arrivée, elle m'a félicité pour mon "courage", elle avait tout vu. Puis elle m'a désinfecté le menton, j'avais une plaie, et ma mâchoire me faisait très mal. Et après, même si je ne voulais pas, j'ai dû remonter. J'ai supplié ma monitrice pour qu'elle me tienne, j'avais très peur.
Lorsque mon père m'a récupérée, on a directement été à la pharmacie acheter des produits pour soigner ma blessure au menton et ma douleur. Je n'avais pas encore vu à quoi ressemblait la plaie, mais le regard du pharmacien voulait tout dire. C'est en rentrant chez moi que je l'ai enfin vue dans le miroir, elle traversait un côté de mon menton jusqu'à l'intérieur de ma bouche.
J'ai eu le droit à beaucoup de remarques là dessus, enfin surtout des questions, notamment à l'école, je ne voulais même pas expliquer aux autres ce qu'il s'était passé. Je n'assumais pas cette blessure, elle était le résultat d'une vraie erreur, d'une erreur que je n'oublierais jamais, puisqu'à présent elle est écrite sur mon visage.

Mon histoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant