Le combat

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J'ai profité tout l'été des séances d'éthologie avec Aline. Un jour à la fin des vacances, elle a essayé quelque chose pour moi : me motiver à remonter à poney.. c'était quelque chose qui me tracassait et elle le savait. Avec une petite ponette avec qui j'avais déjà travaillé à pied, elle m'a proposé de mettre une selle et de monter. Je n'ai pas réussi à surmonter la peur ce jour là, je m'étais profondément déçue. On s'est alors mis à chercher de vraies solutions. Aline a essayé de m'aider au maximum, elle m'a posé des questions, puis elle m'a demandé de dessiner ce que j'aimerai faire à cheval, parce que j'adorais dessiner, je lui faisais beaucoup de dessins d'elle et de ses chevaux. J'avais illustré du travail à pied, une selle western, de la monte à cru, tout cela avec Cita.. en réalité j'étais incapable de remonter mais au fond de moi, ça restait mon envie. On pouvait le deviner rien qu'à travers ces dessins. C'était devenu un paradoxe, je refusais et je désirais la même chose. Ce dont je rêvais par dessus tout c'était de pouvoir monter sans avoir peur. Cela me paraissait désormais impossible, personne ne pouvait me dire comment faire et je ne pouvais pas non plus trouver la solution, même si j'y réfléchissais sans cesse.

Septembre 2014 arriva, mon centre équestre organisait ses journées portes ouvertes sur deux samedis consécutifs. Le 14 septembre, c'était le premier jour. Je suis venue voir et aider, il y avait pleins d'animations, l'ambiance était géniale. Je n'avais jamais vu autant de monde là bas.
Il y avait des baptêmes, ce sont des petites ballades à poney pour essayer, mais je savais qu'il fallait monter donc je ne m'y intéressait pas plus que ça.. j'aidais juste à préparer, j'avais brossé chaque cheval un par un..
Au bout de quelques heures, je me suis assise dans l'herbe pour me reposer un peu et j'observais Cita, qui était là pour les baptêmes, en pensant à comment nous étions un an plus tôt.. L'idée de faire un baptême avec elle m'est venue, c'était une pensée comme une autre.. j'étais bien loin d'oser la réaliser, je savais que si je faisais cela j'allais prendre peur et devoir redescendre immédiatement comme chacune des fois où j'ai tenté de remonter depuis ma chute de Gericault. Et puis expliquer ce qu'il m'arrivait sans même le comprendre moi même à des personnes que je ne connaissais pas me paraissais vraiment impossible. J'y ai réfléchis longtemps.. J'en avais marre de culpabiliser, de ne pas réussir à me comprendre, de rester bloquée dans des rêves qui pourraient se réaliser si facilement si seulement je ne ressentais pas ce sentiment de peur aussi puissamment. J'ai fini par me dire que si je le ferai je serai fière de moi. J'avais bel et bien peur mais c'était l'occasion. Alors j'ai décidé de le faire, j'aurai réellement regretté y renoncer.
J'ai pu choisir de monter Cita, j'étais tellement heureuse.. Une fois à cheval, ça allait déjà mieux que la dernière fois, parce que cette fois, ma volonté y était. Je n'ai pas ressenti le besoin immédiat de descendre, même si le sentiment de peur était toujours présent, atténué mais pouvant très vite monter en angoisse si quelque chose se passait mal. La dame qui me tenait savait me rassurer, elle était très gentille et j'ai finalement su lui expliquer ce que je ressentais. Nous avancions doucement, il n'y avait personne d'autre avec nous, tout était calme et apaisant. Au retour de cette promenade, Aline a remarqué que j'étais montée, j'étais vraiment heureuse qu'elle le voie ! Elle a été très surprise, elle m'a prise en photo. Je suis ensuite descendue, j'ai fait un énorme câlin à Cita, puis j'ai été rejoindre mes parents et Aline, qui m'a serré dans ses bras et m'a félicité. Des larmes de bonheur coulaient sur les joues, j'étais si heureuse qu'elle soit fière de moi, sa réaction m'a fortement touchée. J'avais pris cette décision toute seule, personne ne me l'avais proposée, j'étais aussi très fière de moi même.. c'était un nouveau début, un de plus.. Je voulais remonter, même avec la peur, il allait falloir apprendre à accepter qu'elle fasse à présent partie de moi. Le soir, j'ai énormément pleuré, ma mère s'inquiétait même pour moi, j'étais juste très touchée par ce qu'il s'était produit.

La semaine suivante, il y avait la deuxième journée des portes ouvertes. C'est ce jour là que j'ai rencontré la nouvelle monitrice, elle s'appelait Suzelle.
J'étais venue avec une amie et on a pu faire un petit cours dans la carrière ensemble. J'ai monté Cita, on a fait un peu de maniabilité. Je n'étais pas du tout rassurée, mais heureusement j'ai pu être tenue. Ensuite j'ai même pu essayer la voltige pour la première fois, j'ai appris les figures de base et j'ai essayé de les faire à cheval. Ce n'était pas évident mais j'ai réussi à en faire à l'arrêt et un peu au pas. C'est différent de la monte classique, comme c'est le longeur qui gère le cheval, c'est d'autant plus rassurant.

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