Mais on résistera

16. Et si l'gardien nous grille, on modifiera le parcours

Ken

Le café vient de fermer, mais je suis devant et je reste pour l'attendre. Ça fait deux semaines que je n'ai pas eu de ses nouvelles et elle répond pas à mes messages. Si y'a bien un truc que j'ai compris quand tu t'embrouilles avec les filles de cette famille, c'est qu'elles ont du mal à tourner la page et à pardonner. Quelle idée de s'attacher à ce genre de filles incapables de pardonner et en plus de ça qui ont l'humeur vengeresse ? Il faut qu'elle comprenne qu'elle ne doit pas porter tout le poids du monde sur ses épaules. Il faut qu'elle comprenne qu'on est tous avec elle et pas contre elle. Il faut qu'elle sache qu'elle a le droit de se confier, qu'elle a le droit de prendre du temps pour elle. Pour le reste, on verra après.

Au bout d'une vingtaine de minutes, je la vois sortir du café. Elle ne me voit pas, elle s'allume une clope et se met à marcher en direction de la bouche de métro. Je la suis et finis par l'appeler, ce qui la fait sursauter. Elle fronce les sourcils et finit par s'arrêter en me fixant.

- Hey ! je lâche en me grattant la nuque, incapable de trouver autre chose de mieux à dire.

- Yo !

- Euh... Ça va ?

- Tranquille ! Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je voulais te voir...

- Pour ?

- M'excuser. Je suis désolé de t'avoir fichue dehors Maya, j'ai paniqué.

- Ah et donc tu t'es dit que la meilleure solution était de me flanquer à la porte ? Soit, j'ai pas envie de m'embrouiller ce soir avec toi, j'ai mon appart maintenant et...

- Ah ça y est, t'as emménagé ?

- Ken...

- Quoi ?!

- Arrête ça, tu veux ! On n'a plus besoin de faire semblant maintenant, tu peux continuer ta petite vie de rappeur sans moi, tu l'as bien fait ces dernières années.

- Je crois que tu ne comprends pas Maya, c'est plus possible de faire sans toi maintenant...

Gros silence. Elle s'arrête net et plonge son regard sombre dans le mien. Pour une fois, je n'arrive pas à déchiffrer à travers ses petits yeux bruns. Elle est adorable.

- J'ai envie de fumer, elle finit par lâcher calmement en détournant le regard.

- Tu viens de le faire...

- De la weedasse, j'ai besoin d'être défoncée ce soir.

- Pourquoi ?

- Parce que ! elle me répond au tac au tac

J'esquisse un léger sourire en sortant un pilon déjà roulé de ma poche. Elle me regarde avec de grands yeux et je lui propose de venir se poser chez moi. Mais elle refuse et me propose d'aller autre part.

- C'est quoi cette idée de merde encore ! je lui fais remarquer en secouant la tête.

- Monsieur Samaras aurait-il les jetons ?

- Ta gueule, c'est juste que j'ai la flemme d'être illégal ce soir.

- T'as un putain de joint, prêt à être consommé dans ta poche, tu crois pas que t'es déjà en faute ?