Mση Véritαble Priηce • Sukσσk

20. Tendresse nocturne

PDV Yoongi

L'heure que je redoutais tant était malheureusement arrivée. Jin nous appela pour que l'on aille manger à table. Tout le monde allait être présent, y comprit Jungkook, et simplement m'imaginer devant lui me paraissait horrible après ce que je lui avait bêtement dit un peu plus tôt. J'appréhendais l'instant où je les rejoindrais dans la salle à manger, je ne voulais pas craquer devant eux. Mes larmes devenaient si difficiles à retenir. Je me taperais probablement la honte si je les laissais voir à quel point tout cela m'atteignait.

C'est donc, après plusieurs grandes respirations, que j'entrai et vins m'asseoir à ma place habituelle. Directement face à Jungkook. Tout pour me compliquer encore plus la vie.

Tranquillement, les gens se servaient de ce qu'ils voulaient goûter dans les nombreux plats que le plus vieux avait posés sur la large table. Ça semblait plutôt clame, pour l'instant. Les seuls qui parlaient étaient Espérance et Jin. Ils discutaient de sujets pas très intéressants, très vite, je reportai mon attention sur le cadet du groupe. Kook se gigotait nerveusement sur sa chaise. Dans ses yeux, je voyais bien qu'il voulait quelque chose, mais qu'il n'osait pas le demander. Suivant son regard, je découvris qu'il fixait la carafe d'eau posée tout près de moi. D'un geste irréfléchi, j'empoignai son verre et, sous son air choqué, versai de l'eau à l'intérieur, n'oubliant pas de le reposer près de son assiette par la suite. Nos regards se croisèrent, je savais qu'il n'allait pas me remercier, or je su tout de même qu'il m'était reconnaissant. Ses pupilles presque noires pétillaient d'une lueur qui ne l'habitaient plus depuis longtemps. Si je ne m'appelais pas Suga, j'aurais probablement laissé un sourire se dessiner sur mon pâle visage.

Le reste du repas se passa dans la même étrange ambiance. Silencieux, je n'ouvrais la bouche que pour manger. La conversation des deux plus vieux du groupe continuait sous l'air exaspéré de Jimin, qui se demandait pourquoi ils parlaient de sujets pareils. Jungkook, qui regardait les réaction de son compagnon, se moquait légèrement de lui, rigolant faiblement.

Son rire sonna comme une douce musique à mes oreilles. Je me damnai intérieurement de n'être capable de le faire sourire ainsi. Une pointe de jalousie, de remords et de honte s'empara de moi et les paroles d'Espérance me revinrent brusquement en tête. Elle m'avait traité de con, disant que le Yoongi d'avant était mieux que celui que je m'efforçais de devenir depuis des semaines. Je ne comprenais pas, au début, je croyais que devenir plus fort, impassible, m'aiderait à me débrouiller dans la vie. Mais, maintenant, après avoir passé plus de trois quart d'heure pathétiquement enfermé dans la salle de bain, j'arrivais à comprendre pourquoi elle avait un peu raison. Suga semblait plus faible que Yoongi et ce, malgré tous mes efforts.

C'était difficile pour moi d'essayer de constamment changer personnalité. J'en perdais même l'attitude que j'avais auparavant, comme si, dangereusement, une partie de moi s'effaçait. Je ne savais même plus qui j'étais réellement. Ça me faisait peur. Je ne semblais plus être moi-même.

Les autres le pensaient probablement aussi.

L'incertitude que j'éprouvais me paraissait vraiment envahissante, durant ce repas-là, mais, en réfléchissant bien, j'en vins à une conclusion qui me fit honnêtement quelque chose au coeur et qui me fit comprendre la différence entre mon côté froid et mon côté plus tendre.

Suga ne serait jamais capable de faire sourire Jungkook.

Yoongi, quant à lui, vivait dans ce but précis; faire sourire celui qu'il aimait.

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Il était 2h du matin, cela faisait environ deux heures que je demeurais planté devant l'affreux miroir de ma chambre. Peu importe à quel point j'essayais, je ne parvenais pas à sourire réellement. Chaque fois, mes lèvres ne s'étiraient qu'en une drôle grimace qui ferait fuir chaque personne qui la verrait. J'avais beau prendre mes mains, utiliser mes doigts pour tirer ma bouche et obtenir une forme semblable à ce que je visualisais, chaque fois, cela me décourageait plus qu'autre chose. Je voyais bien que je n'y parviendrais jamais. Pas seul, en tout cas.