Des voix.
Voilà ce qu'il entendait.
Des voix qui paraissaient si lointaines pour lui qui était plongé dans un profond sommeil sans aucun rêve, seulement dans une obscurité si intense, aussi impénétrable qu'un épais brouillard. Il ne sentait absolument rien mis à part les affreuses douleurs qui s'étaient emparées de sa tête et de son coude droit.
Peu à peu, les voix devinrent plus distinctes. Ensuite, les oreilles du brun parvinrent à capter d'autres bruits plus discrets, qui ne cessaient de se répéter. Après quelques instants, il arriva à les identifier comme étant des bruits de pas. Un peu plus tard, le trentenaire réussit à assimiler des bribes de phrases, puis comprit entièrement ce que disaient ces voix.
Elles s'inquiétaient pour lui.
Après cela, ce fut au tour des sensations de se réveiller. Bien qu'il n'y avait rien de spécial au niveau de l'odorat, il put en revanche reconnaître l'étoffe qui composait les draps qui le couvraient. L'horrible obscurité qui s'était accaparée de lui disparut assez rapidement. Puis ses paupières s'ouvrirent enfin, tout doucement. Il eut d'abord l'impression que la lumière s'était jetée sur ses yeux pour les empêcher de s'ouvrir. Charles poussa un grognement pendant que ses paupières papillonnaient pour essayer de s'habituer à la soudaine luminosité qui lui amplifiait la douleur à la tête.
Quand il put ouvrir les yeux, il se rendit compte qu'il se trouvait dans la chambre qu'il occupait avec Marguerite avant qu'il ne tombe malade, lorsqu'il fréquentait la Cour régulièrement. Ses yeux balayèrent la pièce pour la redécouvrir avant de voir le Docteur Vaultier, Henri et Philippe à son chevet tandis que Louis était debout, face à son lit, ce devait sans doute être lui qui faisait les cent pas.
— Comment vous sentez-vous, Monsieur ? demanda le médecin.
— A peu près bien, j'ai seulement mal à la tête et au coude, murmura-t-il.
Quand le médecin s'approcha de lui, Charles comprit que ce dernier voulait examiner ses blessures, il se redressa légèrement et se rendit compte que son bras droit était en écharpe, mais ne s'aperçut qu'une partie de son crâne était bandée que lorsque sa main toucha le tissu en voulant se poser sur son front.
Vaultier écarta les épaisses mèches brunes du duc pour défaire le nœud qui tenait son bras immobile et le tendit lentement, comme si le membre était fait de porcelaine. La douleur s'intensifiait, se diffusait progressivement à cause du mouvement, provoquant un rictus de la part du jumeau du roi. Le médecin retroussa la manche de la chemise de son patient et retourna le bras de façon à ce que le coude soit visible, révélant des ecchymoses. Il se retourna pour attraper sa sacoche de cuir sombre, la posa sur le lit et fouilla à l'intérieur avant d'en sortir une fiole de verre contenant un liquide jaunâtre, sur l'étiquette était inscrit "L. officinalis", cependant cela n'aidait pas Charles à le renseigner sur le contenu du flacon. Le médecin du roi retira le bouchon de liège, versa un peu de cette mixture dans sa main libre et commença à masser consciencieusement le coude et autres zones douloureuses du bras du duc.
— Qu'est-ce que c'est ? ne put-il s'empêcher de demander, intrigué.
— De l'huile de lavande, Votre Altesse. Elle a de nombreuses vertus, elle apaisera la douleur.
— Je l'espère, souffla le prince, merci de m'avoir éclairé.
— Ce n'est rien, Monsieur, répondit le médecin tout en continuant son travail.
Le brun regardait silencieusement œuvrer Vaultier. Au bout d'un moment, ses yeux s'attardèrent sur les taches aux teintes pourpres, dont certaines tiraient sur le noir, qui juraient avec la blancheur de sa peau.
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Le Secret du Roi
Historical FictionDes jumeaux peuvent être une bénédiction pour certains parents, mais cela peut s'avérer bien plus compliqué lorsqu'ils sont royaux. On s'attendait à accueillir un héritier au trône de France, il y en a eu deux. Charles a un jumeau, le soleil est s...