[*Trois lieues : douze kilomètres]
21 novembre 1671, palais de Versailles
Accélérer.
Il fallait qu'il aille vite, beaucoup plus vite s'il voulait s'en sortir vivant. Il se retourna et vit que ses assaillants étaient toujours là et semblaient même plus proches encore.
Charles reporta son attention vers la route et frappait frénétiquement les flancs de son cheval à l'aide des étriers en espérant accélérer la cadence. Bien que cela soit inutile, c'était devenu aux yeux du prince aussi indispensable que de respirer.
Dans les oreilles du duc, les battements de son cœur résonnaient autant que le bruit que produisaient les sabots en heurtant le sol. Ce son affreux enivrait l'esprit du brun qui n'arrivait plus à réfléchir.
Il ne ressentait plus qu'une chose : la peur.
Alors que des larmes déferlaient sur ses joues diaphanes, il se retourna une énième fois.
Ils étaient bien plus proches que tout à l'heure.
Il essaya derechef de faire accélérer sa monture, en vain.
Soudain, un coup de feu aussi déchirant que le tonnerre retentit.
Charles ouvrit subitement les yeux, sans bouger pour autant, essayant de réaliser ce qui venait de se passer. Il se redressa brutalement dans son lit en ramenant ses jambes à sa poitrine. Il était comme paralysé, le rythme de son cœur était tellement irrégulier qu'il lui semblait impossible à calmer. Il prit sa tête entre ses bras, même s'il réveilla la douleur de son coude.
Le brun ne put retenir longtemps ses larmes alors qu'il essayait de reprendre ses esprits et d'oublier les images de son attaque.
Il regrettait tellement son amnésie... épargné des souvenirs qui l'assaillaient quasiment toutes les nuits à un moment ou à un autre.
Quand les larmes cessèrent, il releva lentement la tête et chercha d'une main celle d'Henri, mais fut surprit de rencontrer un coussin à la place de son compagnon. Son regard se dirigea sur sa gauche et se rendit compte que son amant était déjà levé. Le duc plaça le coussin avec les autres et se laissa retomber sur le matelas.
Combien de temps allait-il encore devoir subir cela ? L'attaque avait déjà assez eu de fâcheuses conséquences, comme le retard du mariage de Philippe qui avait tenu à rester au Louvre tant qu'il ne serait pas assuré que l'état de Charles ne se dégraderait pas.
Le prince soupira en passant ses mains sur son visage moite à cause de la sueur et des larmes. Il voulait seulement oublier cela et profiter du cadre idyllique qu'offrait le futur palais de son jumeau.
Son regard voyagea sur les murs de sa chambre. Cela devait bien faire une semaine qu'il était arrivé à Versailles, en compagnie de sa famille et de la Cour entière, mais il n'arrivait toujours pas à se faire à la magnificence des lieux. Bien que les travaux étaient loin d'être terminés, les appartements de la famille royale étaient le meilleur exemple de ce que deviendrait l'intérieur du palais. La chambre du duc d'Orléans, située au rez-de-chaussée, était outrageusement décorée de dorures et de tapisseries. A sa droite était incrusté dans le mur un grand miroir vénitien tandis que de superbes tableaux ornaient la pièce.
Ses yeux se dirigèrent ensuite vers l'horloge et virent qu'il était neuf heures. Ses valets ne tarderaient pas à venir le réveiller.
Depuis qu'il n'était plus contraint de rester immobilisé, Louis l'avait autorisé à se lever un peu plus tard que le reste de la Cour afin de s'habituer à rester en activité toute la journée.
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Le Secret du Roi
Historische RomaneDes jumeaux peuvent être une bénédiction pour certains parents, mais cela peut s'avérer bien plus compliqué lorsqu'ils sont royaux. On s'attendait à accueillir un héritier au trône de France, il y en a eu deux. Charles a un jumeau, le soleil est s...