Chapitre IV : Devoir et Famille Font Mauvais Ménage

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Une semaine était passée depuis que Charles avait accepté de reprendre la vie à la Cour du Louvre. Bien qu'au départ il n'était pas enchanté de devoir abandonner sa routine, il devait avouer qu'il était aussi bien en compagnie de ses frères. Il essayait juste de passer du temps avec Henri, chose assez compliquée avec l'emploi du temps de la Cour et de Louis. Malgré cela, son amant n'avait jamais fait de remarque à ce sujet. En dépit de tout, la culpabilité du duc liée au dîner aux grands couverts n'avait pas faibli, même si le comte lui assurait que ça ne le dérangeait pas, qu'au contraire cela lui permettait de montrer son haut rang.

Henri et Charles étaient assis sur le bord du bassin principal des jardins des Tuileries. Les statues cernaient le bassin et semblaient le surveiller.

—  Tu devrais changer de garde-robe, déclara distraitement Henri.

—  Comment ça ? lui demanda le duc d'Orléans en fronçant ses sourcils, intrigué.

—  Ou du moins l'élargir,  répondit le comte en décollant son regard d'une des statues pour le poser sur son amant. Nous sommes à la Cour, tes tenues sont trop simples, continua-t-il, n'ayant eu pour réponse qu'un sourcil arqué.

—  Mes tenues sont très bien ! se défendit Charles.

—  Peut-être, mais pas pour le duc d'Orléans.

—  Elles sont déjà assez brodées comme ça ! objecta le duc.

—  Les couleurs ne sont pas assez vives, décréta le comte.

—  Cela ne me dérange pas, insista le brun.

—  Tu es le frère du roi ! Comment veux-tu que l'on te remarque ? badina Henri.

—  Justement, mon cher. Je n'ai pas besoin que l'on me remarque. Seuls les vêtements arrivent un tant soit peu à nous différencier. Si je commence à me vêtir de façon extravagante, les gens me confondront beaucoup plus souvent, si ce ne serait constamment, avec Louis.

—  On dirait que tu as été élevé pour ça, soupira le blond en posant sa tête sur l'épaule de son amant.

—  C'est le cas, lui répondit Charles sur le même ton. Par chance, cela s'est atténué en grandissant. A partir du moment où nous avions trouvé comment nous différencier, j'ai arrêté de vivre dans l'ombre de mon frère, au grand dam de notre mère, rit doucement le duc.

Les deux hommes continuèrent de discuter un long moment. Les jardins étaient un endroit magnifique. De grandes étendues vertes entouraient le couple, dessinant des allées qui rejoignaient les autres bassins, plus petits. Les bordures des chemins étaient serties d'arbres et de parterres de fleurs. Il n'y avait pas à dire, André Le Nôtre avait fait un excellent travail.

Pendant qu'ils parlaient, Charles put voir le premier valet de Louis marcher vers eux.

—  Bontemps ! Que puis-je faire pour vous ? s'exclama le duc.

—  Il n'est point question de moi, Monsieur. Sa Majesté vous demande pour quelques conseils, il vous attend dans ses appartements, l'informa le valet.

—  Bien, répondit Charles. A tout à l'heure, susurra-t-il à l'oreille d'Henri sous le regard gêné du domestique de son frère, avant de se lever et de partir avec ce dernier.

Les deux hommes se dirigèrent en direction du palais, muets. Jusqu'à ce que le duc se décide à parler.

—  Est-ce grave ? demanda le jumeau du roi en marchant dans les couloirs du Louvre.

—  Je ne sais pas, lui répondit Bontemps, d'un ton neutre.

Charles, distrait, ne lui répondit pas. Il était de nature curieuse et il était intrigué par la raison qui avait poussé son frère à faire appel à lui, n'étant pas un conseiller.

Le Secret du RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant