Chapitre III : Complicité Fraternelle

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—  Tu n'as pas oublié comment monter un cheval, au moins ? ricana Henri en s'installant sur la banquette du carrosse.

—  Bien sûr que non ! répliqua Charles sur le même ton en l'imitant. Je ne vois pas comment on pourrait oublier des choses comme cela, tout de même.

Le duc avait annoncé à son amant le programme de sa journée le matin même, le comte était resté endormi pendant tout le trajet reliant Paris à Saint-Cloud et Charles n'avait pas voulu l'importuner à ce moment-là.

—  Bien sûr. Tu sais ce que ça me rappelle ? continua le comte sur le ton de la plaisanterie.

Quoi donc ?

—  Le jour où ton cheval t'avais fait tomber en se cabrant, rit le blond.

—  Tu exagères ! Il avait été effrayé par un cerf, s'esclaffa Charles.

Le duc ajusta ses gants clairs. A son grand désarroi, les jours étaient en train de se refroidir.

—  Que comptes-tu faire aujourd'hui ? demanda le brun après un petit moment de silence.

—  Je ne saurais dire exactement. Fréquenter la Cour, faire perdre de l'argent à Philippe, plaisanta Henri.

—  Je ne pense pas qu'il ait besoin de toi pour cela, mon cher, renchérit Charles.

Le reste du trajet se passa sur le ton de la plaisanterie. La vie à Saint-Cloud les avait rapprochés plus qu'ils ne l'auraient pensé. Ainsi, le temps passa à une telle vitesse qu'ils furent étonnés de voir qu'ils étaient déjà arrivés devant le Louvre quand le véhicule s'arrêta et que des valets ouvrirent les portes de celui-ci.

—  Amuse-toi bien, et tâche de ne pas ruiner mon frère, rit le duc.

—  Je m'efforcerai de t'écouter, lui répondit le comte en l'imitant.

Le couple se dispersa et Charles marcha en direction des écuries en observant l'immense édifice qu'était le Louvre. Il était tombé amoureux de ce palais, chaque roi qui touchait à sa construction y apportait un témoignage de la beauté architecturale de son époque, de Charles V en passant par François Ier et maintenant son frère, qui était en train d'y apporter de nombreuses modifications.

Une fois arrivé, il alla à la rencontre d'un domestique qui fit sortir un cheval pour le duc.

—  Sa Majesté vous attend au point de rendez-vous, l'informa le domestique en scellant le cheval.

—  Entendu, je vous remercie, lui répondit le frère du roi en caressant la robe brune de l'animal.

Quand le cheval fut prêt, le brun monta sur le dos de la bête, prit les rênes et donna un léger coup d'étriers qui le fit avancer, et rejoignit son frère au point de rencontre, proche de la sortie du palais. Arrivé, il vit son jumeau accompagné de quelques nobles et valets.

—  Je ne comprends pas pourquoi tu as supprimé le Conseil d'Etat d'aujourd'hui pour profiter d'une journée comme celle-ci, déclara le duc en s'approchant de Louis.

—  Le soleil brille et, de plus, mon frère est de retour. Je profite donc de tout cela, sourit le roi.

Charles sourit également, ne sachant quoi répondre. Il regarda autour de lui et vit Clémence en train de converser avec une autre femme dans un carrosse richement décoré. Il arrivait que les dames accompagnent les chasseurs. Les plus téméraires allaient avec eux à cheval, les autres les suivaient en carrosse par les routes.

—  L'attente est-elle encore longue ?

—  Non, quelques courtisans sont allés chercher les chiens et les mousquets pour les postés.

Le Secret du RoiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant