Charles marchait dans les longs couloirs du Louvre, pensif. Celui dans lequel il se trouvait était calme et facilitait le vagabondage de ses pensées qui se tournèrent vers la Fronde. Le cauchemar qu'il avait fait quelques jours plus tôt l'avait marqué et continuait de le tourmenter de temps à autre.
Le brun soupira. Il arrivait difficilement à supporter en plus de cela la pression de ces derniers jours. Avant l'arrestation de son domestique, il pensait que, comme le disait Henri, le nommer premier valet de chambre était une erreur de par le jeune âge de Galdric et que celui-ci fuyait ses responsabilités.
— Monsieur ! l'interpella une voix féminine derrière lui.
Le duc s'arrêta et se retourna avant de voir Clémence qui avançait d'un pas rapide vers lui.
— Appelez moi Charles, voyons, sourit tendrement le concerné tandis que la princesse le rejoignait.
— "Monsieur" n'est pas l'un de vos titres ? lui rappela-t-elle sur le même ton.
— Assurément, confirma le brun. Mais, comme tous mes proches, vous m'appeliez Charles. Je ne vois pas ce qui vous interdirait de continuer.
— Trop de choses ont changé, vous le savez, soupira-t-elle tristement. Nous ne sommes plus les enfants que nous étions à Saint-Germain-en-Laye. Et désormais, un grand fossé sépare nos deux familles.
— J'osais espérer que notre amitié n'aurait pas changé malgré le temps et la Fronde, s'attrista Charles. Mais sachez que mon statut de duc d'Orléans et de frère jumeau du roi ne doit en rien la modifier.
— Certes, mais vous oubliez ce qu'a commis ma famille.
— Une enfant de neuf ans n'est pas responsable des actes de ses parents, répliqua le duc. Je comprends ce qui a poussé ma mère à vous faire rentrer, vous et votre frère, à Chantilly. Mais ne pensez pas que c'était contre vous.
— Louis est le roi, et il a été traumatisé par la Fronde.
— Tout comme je l'ai été, et pourtant me voilà en train de converser avec vous, répondit-il en esquissant un sourire. Alors, m'appelleriez-vous par mon prénom ?
— Bien... concéda Clémence en l'imitant.
— A la bonne heure ! s'exclama le duc. D'ailleurs dites moi, comment se passe votre vie à la Cour ?
— Assez bien, sourit la princesse en replaçant une de ses mèches. J'ai sympathisé avec plusieurs dames, mais j'ai tout de même du mal à m'habituer à ces mœurs.
— Tant mieux. Je vous souhaite bonne chance pour vous y habituer, la Cour est un endroit particulier.
— Vous avez raison. En parlant de cela, que faites-vous ici, si loin des divertissements ? s'étonna-t-elle.
— La Cour n'est pas un endroit que j'apprécie particulièrement, ma chère. Je suis seulement là parce que mon frère me l'a demandé et parce qu'Henri est heureux ici, expliqua Charles.
— Je vois. Il est vrai que le comte de Clermont a l'air d'être à son aise, ici. Il ne cesse de se vanter d'être l'amant d'un membre de la famille royale ! rit doucement Clémence.
— Il a toujours aimé montrer son haut rang, répondit le duc sur le même ton.
— Puis-je vous poser une question ? demanda la fille du grand Condé après un moment d'hésitation.
— Je suis tout ouïe.
— Que s'est-il passé mardi ? Je vous ai vu avec vos gardes et un prisonnier.
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Le Secret du Roi
Fiction HistoriqueDes jumeaux peuvent être une bénédiction pour certains parents, mais cela peut s'avérer bien plus compliqué lorsqu'ils sont royaux. On s'attendait à accueillir un héritier au trône de France, il y en a eu deux. Charles a un jumeau, le soleil est s...