V - Ingérence - 7

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Éricétait chargé à bloc. Il n'avait plus senti autant de puissanceen lui depuis... en fait, il ne s'était jamais senti aussipuissant.

Florenceparvenait-elle, en plus de le soigner, à optimiser son don ?C'était une idée qu'il allait devoir creuser. Plus tard.

QuandNicholas avait plongé tête la première dans l'eau, Éric avaitreporté toute son attention sur l'horizon.

Aliceavait raison. Là-bas, il y avait non pas un mais deux bateauxportant l'emblème des Maglietta, cet horrible champignon vénéneux,et ils fondaient sur l'embarcation « amie », si l'onpouvait l'appeler ainsi.

-Ilfaut faire quelque chose ! s'écria Florence.

-Ilssont encore trop loin pour moi, répondit-il dans un grincement dedent impuissant.

-Faux,contredit Oscar en apparaissant à leurs pieds.

Lesyeux plissés vers l'horizon, le petit Pixie avait l'air grave.

-Jen'ai jamais tiré d'aussi loin, répliqua Éric.

-Tun'es plus le même. Florence te soigne, Florence te guérit, maiselle fait bien plus encore. Tu peux avoir les bateaux à cettedistance.

-Jene...

-Fais-moiconfiance ! Me suis-je trompé en ce qui concerne Florence ?

Ériclança un regard hésitant vers la jeune femme, qui lui agrippaittoujours le bras. L'attention de cette dernière se partageaitentre Oscar et les bateaux ennemis.

Ilfallait bien avouer qu'Oscar avait prédit qu'elle prendrait uneplace importante dans sa vie, et il ne s'était pas trompé. Éricne s'imaginait plus vivre sans elle, désormais.

Ilavait vu ce que c'était que de trouver l'amour et de le perdrependant ses trois semaines de coma. Il ne voulait plus jamais vivreça.

-Non,concéda-t-il.

-Jene me trompe pas non plus cette fois-ci. C'est pour cela que j'aitellement insisté pour que vous vous rapprochiez, pour ce jour, cemoment précis. Tu peux le faire, Éric Raccam.

Cesmots furent ponctués par un bruit assourdissant. Dans le ciel, unetraînée de fumée grise s'étendit. Le projectile fendit lescieux pour aller s'échouer dans la mer, loin devant les bateaux dela Maglietta.

-Minaa a commencé l'offensive, mais il faudra du temps avant que sesnaes n'arrivent. Elle les a tous éloignés pour garder le secretde cette opération. C'est à toi d'agir !

-Ila raison, lui souffla Florence à l'oreille. Tu ne perds rien àessayer.

-Moinon, mais tu as pensé aux gens sur le bateau « ami » ?Si je rate mon coup et que je les touche, ils sont morts.

-Situ ne fais rien et que les nae de Mina arrivent trop tard, ils sontmorts aussi.

Bon.Il était temps de prendre une décision. Une véritable décision.

Éricconcentra son pouvoir dans son biceps. Oscar avait raison sur unpoint : il se sentait bien plus fort avec Florence à ses côtés.

Illeva le bras, pointa les doigts vers le bateau de droite. Seconcentrant intensément, il tira.

L'éclairfendit les airs, souleva les eaux sur son passage, fusant aussi viteque ce qu'un éclair naturel l'aurait fait. Il frappa la coque dubateau de droite, le son de l'impact s'entendit à des lieux àla ronde, l'onde de choc projetant des vagues démesurées jusquesur la berge. Le navire « ami » ballotta, prit au grèsdes eaux.

Ériclaissa retomber son bras sur son flanc. Il était vidé.

-Jene peux pas recommencer de suite, déclara-t-il entre ses dentsserrées.

Lecoup avait été violent et avait provoqué une vive douleur dans sonbras, mais aussi un profond épuisement.

-Trèsjuste. Un coup d'une telle puissance ne peut pas être porté enrafale. Mais tu as éliminé une cible, Éric. Regarde-la : elleprend déjà l'eau. Tu as pulvérisé sa coque, et ses occupantsvont devoir la déserter.

-Ilen reste toujours un.

-Celui-ci,ce n'est pas à toi de t'en occuper.

Surces mots, Oscar s'évapora.

*

**

Nicholasse jeta sur le corps d'Alice au moment où la vague déferla sureux tel un tsunami. Le reflux essaya de les emporter tous les deux ;il tint bon, s'accrochant à la jeune femme de toute ses forces.Aucun d'entre eux ne se noierait !

L'eause retira, les laissant trempés sur la rive.

Ilfallait qu'il la ramène à l'abri. Sur le ponton, non !Dans la maison de Mina !

Illa prit dans ses bras, trouvant sa force dans l'adrénaline de labataille. Il était hors de question qu'il arrive quoi que ce soità Alice. Il avait accompagné cette mission pour la protéger, et ilprouvait bien qu'il avait eu raison !

Alorsque ses pieds s'enfonçaient dans le sable humide, rendant samarche encore plus difficile, que la brume s'abattit sur les eaux.Il s'immobilisa, de peur de chuter et de blesser Alice, oului-même. La brume était épaisse, menaçante.

Surnaturelle.

Etsoudain...il n'était plus seul. Se retournant, il vit... il vit...

...deshommes et des femmes sortir de la mer. Les corps pourrissant, gonfléspar trop de temps passés sous l'eau, les yeux parsemés de filsrouges lorsqu'ils y étaient encore, quelques cheveux collant encoreà leurs crânes dénudés et les vêtements en lambeaux. Leurs piedsrecouverts par la brume étaient invisibles.

Lescorps des noyés s'extrayaient des eaux, terrifiants. Ils seretournèrent vers la mer, posèrent un pied devant l'autre et...ils marchaient. Sur l'eau.

-Qu'est-ceque c'est que ça, murmura-t-il, blême.

Lescadavres marchaient sur l'eau, glissaient même, partirent àl'assaut du bateau survivant. Ils l'abordèrent, grimpant le longde sa coque tel un nid de fourmi. Ceux qui étaient rejetés à l'eaurejoignaient de nouveau les rangs pour monter à l'abordage. Ilss'attaquèrent même au bateau qui était en train de couler et auxcanots de sauvetage qu'ils avaient mis à la mer.

Nicholasserra Alice contre lui aux sons d'agonie des daemons qui avaientvoulu les assaillir.

*

**

Florences'accrocha un peu plus à Éric, par pour le soigner cette fois-ci,mais parce que... et bien, parce qu'elle avait peur.

Lavue de ses cadavres qui marchaient était sans doute ce qu'elleavait vu de plus terrifiant dans sa vie.

Etpuis, lorsque les cris cessèrent, la brume disparu, se rétractajusqu'au bateau « ami », indemne.

-Cesont eux qui ont fait ça ? demanda-t-elle dans un chuchotementà la fois terrifié et émerveillé.

-Ildoit avoir un Exorciste dans ce bateau, répondit Éric.

Ah.Leur pouvoir n'était donc pas qu'une légende...

-Passeulement. Il y a aussi au moins une Vierge de Glace, commenta Mina.

Quandelle avait réalisé que les bateaux étaient hors de sa portée, lagardienne des frontière les avaient rejoint et avait assisté,impuissante, à la mise à mort des daemons de la Maglietta.

Elledésigna l'étendue bleutée du doigt. En y regardant de plus près,Florence comprit.

Dela glace. Quelqu'un avait changé la surface de la mer en glace,permettant aux cadavres de rejoindre leur cible.

Lesdaemons étaient terrifiants.

Etle bateau « ami » qui avait fait ça était en train dese rapprocher.

Facéties de Pixies 2 - Le réveil du princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant