Florence Chauvet, particulièrement mal à l'aise, était assise sur un magnifique fauteuil au tissu brodé dans l'antichambre du roi. La scène représentait un conte de La Fontaine. Elle le remarquait parce qu'elle ne quittait pas des yeux le tissu depuis qu'elle était arrivée. Elle n'avait jamais été aussi stressée de sa vie, ce qui n'était pas peu dire, et n'arrivait même plus à lever les yeux de l'ensemble de sièges royaux.
-Mme Chauvet ?
La voix, douce, masculine, la força à détourner le regard du mobilier. Ses yeux se posèrent sur un homme grand, vêtu de noir. Elle reconnut le crâne tatoué, blason du nouveau roi, sur son épaule et, bien sûr, l'uniforme des gardes royaux.
Ses cheveux châtains mi-longs rassemblés en une demi-queue de cheval, un bouc soigneusement taillé ornant son menton, il lui souriait gentiment. Enfin, il tentait de faire passer cela pour de la gentillesse ; la dureté de son regard détruisait cette tentative.
-C'est moi, répondit-elle d'une voix un peu tremblante.
Cet homme dégageait quelque chose d'impressionnant. Ce n'était pas seulement sa taille, c'était... elle n'aurait su le définir. Quoiqu'il en soit, ça la mettait mal à l'aise.
-Pouvez-vous vous lever, s'il-vous-plait ?
Elle obtempéra. Les gardes royaux... non, les nouveaux gardes royaux étaient rapidement parvenus à imposer le respect parmi la population nae. Ces hommes et ces femmes avaient été triés sur le volet par les proches du roi et faisaient partie de l'élite. De la garde de l'époque du roi Jacques, il n'y avait plus un seul membre.
-Je m'appelle Éric Raccam. Je vais devoir vous fouiller.
-Je l'ai été à l'entrée du château, protesta-t-elle.
-Deux précautions valent mieux qu'une, se contenta de répondre l'homme.
Il s'avança vers elle. Elle eut un mouvement de recul qui lui fit froncer les sourcils.
-Madame, tout cela ira plus vite si vous vous laissez faire.
-Je préférerais que ce soit une femme, s'insurgea-t-elle.
C'était totalement faux. Elle faisait bien plus confiance à un homme qu'à une femme, mais les convenances voulaient que la fouille d'une femme soit faite par une femme. Du moins, chez les humains qui partageaient le pays avec les naes. Elle avait longtemps vécu avec les humains et conservaient bon nombre d'habitudes humaines.
Raccam plissa les yeux, sa bouche se ferma en un pli mécontent. Elle crut un instant qu'il refuserait sa demande, pourtant, il finit par lui désigner le siège derrière elle d'un geste d'une politesse forcée :
-Rasseyez-vous donc.
Un ordre plus qu'une proposition. Elle se garda bien de se rasseoir de suite. Voyant qu'elle ne lui obéissait pas, son front se plissa un peu plus de contrariété, son regard se durcit encore. Elle se tenait bien droite, déterminée à ne pas fléchir devant lui.
Stéphane Rhys De la Velde lui-même l'avait fait convoquer. Le Roi. Elle ignorait encore la raison de cette convocation, mais elle savait une chose : elle ne perdait rien à se faire respecter d'un garde royal.
Le regard de celui-ci dévia vers le chien couché à côté de la chaise. De la réprobation s'y peignit, mais il ne dit rien. Il se contenta de s'éloigner en silence. Elle ne l'entendit se mettre à grommeler que lorsqu'il franchit la porte, juste avant qu'elle ne se referme sur lui.
Elle se pencha sur le chien, un Terre-neuve de 4 ans, lui caressa la tête amoureusement :
-Je suis contente que tu sois là, Liberty.
VOUS LISEZ
Facéties de Pixies 2 - Le réveil du prince
FantasyÉric, capitaine de la garde royale , et Alice, psychometrer proche du roi, doivent faire face à des tentatives d'attentats contre la famille royale dans le pire des moments : celui où leur don leur font défaut. Seule Florence, appelée par les Pixies...