I - Invitation royale - 3

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Alicen'avait vraiment pas envie de faire ça, et pourtant... elle l'avaitfait pour traquer des criminels ; elle avait touché des objetsempreints de violence et de mort. Toucher une nounou professionnelleet son chien ne devrait pas être si terrible que ça.

Elleagit avec une nonchalance étudiée, comme si son don ne la dévoraitpas à petit feu. Tout en avançant vers Florence, sourire auxlèvres, elle retira le gant de sa main droite. Celle-ci était mal àl'aise, mais devait déjà avoir entendu parler de cette habituderoyale, parce qu'elle ne tenta pas d'argumenter ni de se dérober.C'était déjà un point en sa faveur ; si tout ceci n'avaitété que du bluff, ils auraient pu penser qu'elle était blanchecomme neige.

Toutefois,ce n'était pas du bluff.

-Oùvoulez-vous que je vous touche ? demanda Alice avec douceur.

Florenceréfléchit un instant. Légèrement penchée en avant, elle semblaitchercher du réconfort en caressant le dos de Liberty. Elle finit parse redresser et retrousser la manche de son chemisier. Discrètement,Alice prit une inspiration abdominale profonde avant de relâchertous l'air coincé dans ses poumons, par la bouche. Plus elle étaitdétendue, plus le choc des images qui allaient se présenter à elleserait atténué.

Ducoin de l'œil, elle remarqua le mouvement d'Éric. Il s'étaitrapproché imperceptiblement. Il savait que si ce qu'elle voyaitétait trop puissant pour elle, elle risquait l'évanouissement etse tenait prêt à agir. À une époque, Stéphane faisait de même.Aujourd'hui, sa position lui interdisait de quitter son trône tantqu'il y avait du public.

Elleposa une main blanche, qui n'avait plus vu le soleil depuislongtemps, sur l'avant-bras de Florence. Celle-ci se crispa à soncontact.

Alicene ferma pas les yeux, ce n'était pas la peine. Un courantélectrique lui parcouru le corps, les images devant ses yeuxtoujours ouverts changèrent. Elle vit Florence, jeune enfant, courirdans la rue avec ses amis ; elle vit une femme frapperviolemment un homme à terre ; elle vit ce même homme, la têtesur les genoux d'une Florence en pleure ; elle vit ses enfantsjouer avec elle, sourire aux lèvres ; elle la vit consoler l'und'entre eux après qu'il soit tombé et se soit entaillé legenoux : elle vit la joie des parents d'une petite fille aumoment où elle sourit pour la première fois depuis trois ans ;elle vit Liberty, chiot, haleter en courant après la balle qu'ellel'envoyait chercher. Elle vit beaucoup de choses, et toutes sesimages convergeaient vers une seule conclusion : Florence avaitpeut-être souffert par le passé, mais c'était une femme bien.

Lorsqu'elleretira sa main, il fallut quelques secondes à Alice pour revenir àl'instant présent. Florence la regardait toujours avec anxiété.Alice prit sur elle pour lui sourire, rassurante, avant de se tournervers le roi :

-Riende particulier à signaler, Votre Majesté, si ce n'est la vienormale d'une nae.

-Parfait.

Commeil attendait la suite, elle s'agenouilla à côté de Liberty. Lechien lui lança un regard placide qui arracha un sourire à la jeunefemme. Elle posa la main sur le sommet de sa tête, entre ses deuxoreilles.

Sensationde bonheur, plaisir à courir après ce qu'on lui lançait,patience lorsque les enfants venaient jouer avec lui, amour, amour,amour...

Iln'y avait pas une once d'agressivité en ce chien. Alice neretira pas sa main. Au lieu de cela, elle enroula les bras autour ducou de Liberty pour un petit câlin. Ce chien était vraiment uneperle.

-Jeconstate que cet animal ne présente aucun danger, déclara Stéphane,une pointe d'humour dans la voix.

-Pasle moindre, Votre Majesté, déclara Alice en se redressant àcontrecœur.

Facéties de Pixies 2 - Le réveil du princeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant