Le poids de la lâcheté [Teen Wolf]

Partie 2 : Passe la vie

Passe la vie

— Pourquoi il y a autant de monde papa ?

— Chut Eden.

— Il est où papy ?

— Là... devant. Viens, allons nous asseoir à côté de ton parrain, dit le père d'une voix lasse et fatiguée.

— Tonton Scott est là ?

La voix de la petite fille est douce et ingénue. Elle a l'innocence de l'enfant qui ne comprend pas la gravité du moment. Ses mots ont raisonné dans la nef, purs comme du cristal, coupant la parole au prêcheur et concentrant l'attention des gens sur elle et son père. Mal à l'aise, l'homme et la fillette remontent l'allée centrale sous le regard de la foule rassemblée. Quelques murmures fusent, à peine discrets.

— Quelle honte ! Être en retard le jour de l'enterrement de son propre père...

Stiles Stilinski avance tel un condamné. Il porte un duffle-coat gris sombre. Ses cheveux visiblement coiffés avec ses doigts trahissent un voyage mouvementé. Sa carrure s'est élargie depuis le lycée et si sa démarche souple affirme une bonne agilité corporelle, son regard affiche l'accablement le plus total. Il n'est plus le frêle adolescent exubérant dont beaucoup ont gardé l'image. Ce jeune inspecteur a gagné en maturité et une belle musculature du fait de son travail dans la police de San Francisco. Alors qu'il avance sous le poids des regards, son regard est fixé sur les deux cercueils exposés devant l'autel. Sa fille lui tient fortement la main, impressionnée d'être regardée ainsi par ces gens qu'elle ne connaît pas. Le fils du Sheriff a le visage livide et les cernes violets sous ses yeux sont la preuve de ses courtes nuits. La scène lui en rappelle une autre où c'était lui qui tenait la main de son père. Ce père qui lui assurait qu'il serait toujours là pour lui. Ce père qui aujourd'hui repose devant lui, dans une boîte en chêne. Plus de vingt ans après, Stiles se souvient comme si s'était hier de l'enterrement de sa mère, Claudia Stilinski. Arrivé au premier rang, il marque un temps d'arrêt devant les deux bières. Sa mâchoire se crispe, puis son regard oscille de gauche à droite. Derek se décale un peu pour lui faire de la place. Après une légère hésitation, Stiles le remercie en hochant légèrement la tête et s'assoit, prenant sa fille sur ses genoux. L'enfant fait un sourire timide au fils de Derek qui cache son visage dans le pull de son père. Les deux enfants ne se connaissent pas.

De l'autre côté de l'allée, Scott envoie une interrogation muette à Lydia. Celle-ci y répond par un haussement d'épaules. Ce n'est pas tant le retard de Stiles qui les choque, que l'absence de sa femme à ses côtés en ce jour de deuil. Stiles avait choisi une école de police qui l'avait éloigné de Beacon Hills au profit de San Francisco. La banshee était devenue la confidente du jeune homme pour qui elle avait été son amour d'enfance. La jolie rousse en savait bien plus que les autres sur l'état émotionnel du fils du Sheriff qui avait finalement suivi les traces de son père et mit ses grandes capacités d'analyse au service de son pays. Cependant, elle savait que cet éloignement n'avait été qu'une fuite de la part de Stiles. Elle se souvient de son mariage à San Francisco. Une fête qui ne ressemblait absolument pas au jeune homme qu'elle connaissait. La majeure partie des invités étaient des proches de Rachel que Stiles avait connue dans cette ville. De son côté à lui, mis à part son père le Sheriff, il n'y avait eu que Lydia, Jackson, Scott, Kira, Liam et deux collègues de travail pour être témoins de l'évènement. L'union de Stiles avec Rachel ressemblait plus à l'accomplissement d'un souhait muet du Sheriff d'avoir des petits enfants, qu'un réel coup de foudre de ce policier prometteur pour la belle brune. Le pasteur a repris son oraison funèbre, ramenant Lydia à la réalité.

— Nous présentons devant toi seigneur, ces deux hommes qui ont donné leur vie dans une action admirable. Nous te prions d'accueillir dans ton royaume Noah Stilinski et Jordan Parrish. Prions pour leur âme.