Chapitre 7

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Mon corps se met à trembler de plus en plus. Mes yeux sont rivés sur l'homme assoupi devant moi et mes mains tâtent ma ceinture avant de se refermer sur le manche de l'arme. Je la sors lentement et la dirige vers le crâne de l'homme. Je retiens ma respiration.

-Une voiture vient de s'engager dans la rue morveuse !! Qu'est-ce que tu attends flingue le ! m'incendie Oscar hors de lui tout en me faisant sursauter.

L'homme devant moi bouge dans son sommeil. J'entends un moteur vrombissant s'approcher de la maison. Par la fenêtre, j'aperçois une Mercedes se garer sur le perron.

-Maintenant ! crache mon agresseur.

Je lève mon arme en laissant les larmes dévaler mes joues.

-J'y arrive pas ! Lui dis-je en gémissant.

-Dépêche-toi sale garce ! crie Oscar dans son micro.

Une clef s'insère dans la serrure. Une porte claque.

-Putain Aurore tire ! hurle-t-il dans le micro.

Son cri me fait sursauter.

Le coup part.

La balle se loge dans le crâne de l'homme.

Je lâche l'arme et reste pétrifiée devant le sang qui coule en abondance de sa tête.

-Barre toi maintenant !

J'entends des pas précipités s'approcher et une voix qui hèle un certain Antonio. Mon pouls déjà excessivement rapide s'accélère davantage. Je suis perdue, ma respiration est saccadée et mes sanglots incontrôlés raisonnent dans le salon. Les mains devant la bouche pour étouffer ma souffrance, je trouve la force de courir à la première porte qui semble donner sur l'extérieur. Au moment où l'issue se referme, j'entends une femme déchirer le silence d''un cri qui me lacère le cœur. Je longe les murs en me tenant le cœur, inondant mes vêtements de larmes salées. Je m'abaisse sous les fenêtres pour ne pas que la veuve me voit, puis une fois le portail dépassé, je me mets à courir, à courir le plus vite que je le peux pour fuir la mort et les hurlements. Je pleure et gémis. La douleur que je ressens et pire que toutes celle que j'ai pu recevoir jusqu'à maintenant. Je trébuche et je tombe, haletante, tremblante, détruite. Je n'ai pas la force de me relever et je reste ainsi, allongée sur le ventre qui se soulève rapidement à chaque respiration difficile. Une voiture approche, une portière s'ouvre et des pas s'approchent. Je n'y fais pas attention, traumatisée par ce crâne que j'ai moi-même ensanglanté.

-Relève toi morveuse, m'ordonne une voix que je reconnais aussitôt.

Je n'arrive pas à effectuer le moindre geste. Mon cœur meurtri bat la chamade, de plus en plus vite et de plus en plus fort comme s'il voulait s'évader de mon corps. Je reçois un coup de pied dans le ventre. La douleur est présente mais tellement minime face à celle qui s'est emparée de tout mon être et de mon âme. Je n'arrive pas à parler tant mes lèvres frémissent. Ma vision se trouble. Mon cœur ne suit plus. Mon corps ne répond plus.

-Aurore ? m'appelle Oscar d'une voix qui trahis son inquiétude.

Il se penche sur moi. Je me sens partir. Mon cerveau ne parvient pas à gérer ce trop d'informations envoyées de toutes part. J'ai le temps d'entendre Oscar et des sirènes avant de sombrer.

-Et merde ! peste-t-il en prenant mon corps inerte dans ses bras avant de me déposer sur la banquette arrière. Il démarre en trombe et reprend la route sur laquelle nous croisons des services d'urgence qui se dirigent au 8 rue Klein, là où Antonio Diuk a été lâchement assassiné dans son sommeil.

Estelle DolorèsWhere stories live. Discover now