Je me réveille. Un frisson longe mon dos. Je me suis assoupie contre le mur. Je découvre la chambre sans dessus dessous par ma faute avec des débris de verre qui jonchent le sol. Je me redresse, mes membres engourdis peinent à se réveiller. Je décide de remettre la pièce en état en ramassant les résidus à l'aide du balai disposé dans un coin de la chambre, en ouvrant la fenêtre et en refaisant le lit correctement. Dehors la nuit est tombée, et étant la seule maison au kilomètre à la ronde, l'obscurité prend tout l'espace. J'abaisse la poignée de la porte et à ma surprise, elle s'ouvre. J'inspecte le couloir tout en restant attentive au moindre bruit puis m'aventure dans la maison. J'apostrophe faiblement mon agresseur, mais personne ne me répond. Je trouve une porte entrouverte et en regardant discrètement à l'intérieur, je découvre Oscar endormi. Je prends silencieusement la clef qui est de l'autre côté de la serrure, puis referme la cloison en la verrouillant. Je laisse le crochet dans le loquet puis me met à chercher un téléphone. Je fouille dans les tiroirs puis finit par retrouver le mien posé sur le bar. La batterie est vide. Je trouve un chargeur et le branche. L'écran s'allume et affiche des dizaines d'appels et de messages laissés par Linda et la police. Mon premier réflexe est d'appeler ces derniers. J'entends le bip qui laisse entendre que mon appel est transféré, mais la porte d'entrée s'ouvre à la volée et Oscar débarque, une arme pointée sur moi. Il me fixe, plus menaçant que jamais.
-Comment es-tu ... commençais-je horrifiée.
-Par la fenêtre sale garce. Lâche ça, m'ordonne-t-il en désignant mon portable. Je le pose sur la première surface plane sans quitter des yeux le revolver, tenu par cette main tremblante.
- Que je puis-je faire pour-vous ? retentit une voix d'homme à l'autre bout du fil.
Oscar entre alors dans une colère noire et devient incontrôlable. Il s'approche du bar rapidement et une balle de son flingue explose mon téléphone qui vole en éclat. Il me projette ensuite contre le mur d'une violence inouïe et me serre la gorge de sa paume libre. Sa pupille est noire d'encre. Sa main se resserre de plus en plus autour de mon cou. Du peu d'air que j'ai je le supplie d'arrêter mais cela ne fait qu'aggraver les choses puisqu'il me propulse contre la table de la cuisine. Une douleur aigue au niveau du crâne s'élève soudainement, mais mon agresseur ne me laisse pas le temps de reprendre mes esprits qui se jette de nouveau sur moi. Je lui assène un coup de pied au niveau de l'entrejambe ce qui le fait me lâcher et enchaîne avec une déferlante de gifles.
-Tu crois vraiment que tu vas réussir à me tuer avec des baffes sale garce ? me lance-t-il pour me provoquer avant de me sauter dessus. Nous roulons au sol puis il parvient à m'immobiliser, assis sur mon dos. Il maintient mes mains puis je comprends qu'il me les lie. Je ne peux faire aucun mouvement, écrasée sous son poids. Il me tire les cheveux pour soulever ma tête, réveillant ma blessure au crâne, puis me pose brutalement un morceau de scotch sur la bouche. Il m'attache les pieds mais il est interrompu par la sonnette de l'entrée qui résonne dans toutes la maison. Il se redresse lentement, son regard dirigé vers la fenêtre de la cuisine.
-Putain de merde, jure-t-il. Toi tu fermes ta gueule la môme c'est compris ?
Mais au lieu de lui obéir je me mets à crier, malgré que ma bouche soit fermée l'on peut m'entendre. Un coup de poing atterrit sur le haut de ma joue, stoppant net mes supplications.
-Je t'ai dit, de la fermer, siffle-t-il entre ses dents.
La sonnette de l'entrée se fait entendre une seconde fois.
-C'est la police, ouvrez-nous savons que vous êtes là.
Mes yeux s'écarquillent en entendant cela. Un espoir d'être enfin retrouvée et libérée se dessine dans mes pensées. Je recommence à crier alors que Oscar était en train de dissimuler l'arme. Il se tourne vers moi, s'approche dangereusement et me prend sans aucune douceur dans ses bras avant de me jeter dans la cave. Pieds et mains liés, je ne peux rien faire pour me rattraper et je dévale les escaliers avant d'atterrir lourdement sur le sol poussiéreux. Ma respiration est coupée, ma vue est trouble, et ce scotch sur ma bouche me prive de plus d'air. J'ai l'impression d'étouffer. A l'étage, j'entends la porte de la maison exploser et des pas se précipiter. Des voix d'hommes et une autre de femme s'élèvent jusqu'à moi. Je tente de me redresser avec l'intention de remonter les escaliers d'une façon ou d'une autre, mais une douleur lancinante me traverse le genou gauche. Cette fois c'est fini, personne ne viendra à mon secours, je vais rester ici à tout jamais à mourir de faim et de soif. Mon cœur s'emballe de nouveau, la peur peut-être, ou la fatigue, ou la douleur en sont la cause. J'ai peur de mourir sans avoir retrouvé ma fille, sans savoir où elle est et sans savoir qu'elle est heureuse. Cette fois-ci l'air ne parvient plus à atteindre mes poumons, des larmes coulent le long de mes joues. Je sais que c'est la fin. Mon cœur s'arrête. Mon pouls diminue de plus en plus. Je sais, que c'est la fin. Au moment où je ferme les yeux, un coup de feu retentit à l'étage, une fenêtre se brise et un corps s'écroule sur le carrelage.
YOU ARE READING
Estelle Dolorès
Teen FictionJe m'appelle Aurore. J'ai 16 ans et cela fais une année que je vis dans la rue, depuis que j'ai accouché d'Estelle plus précisément. Ma vie est rythmée par les regards froids des inconnus qui nous voient, jusqu'à ce soir de Décembre ou ma fille m'es...