Alan nous rejoint et nous demande la raison de nos rires que l'on entend probablement jusqu'en haut de la tour Eiffel. Julia et moi nous lançons un regard complice.
- Des trucs de filles... lui répond Julia mon amie.
Alan pose son regard sur moi puis se rapproche et s'assoit.
- Tu vas bien ? Me demande-t-il soucieux.
Je lève mes épaules puis baisse la tête.
- Répond à ma question Aurore s'il te plaît, insiste Alan.
- Comment veux tu que ça aille ? Demandais-je alors, tout sourire effacé de mon visage.
- Excuse moi ma question est idiote mais je...
- Oui c'est vrai, le coupais-je.
- Un taxi va arriver, enchaîne-t-il alors pour ne pas accentuer le malaise avec un silence pesant.
J'acquiesce en silence. Un million de questions me traversent alors l'esprit. Des questions qui me brûlent les lèvres à en ravager mon esprit.
- Alan ? l'apostrophais-je calmement.
- Oui? Me répond t-il aussitôt.
- Tu m'as reconnue ? Dans l'armoire, de l'hôpital. C'était bien toi ?
- Je t'ai reconnue dès que tu es entrée dans ma chambre tu sais, dans le noir, juste à ta silhouette je savais que c'était toi.
Je reste pensive un moment.
- Aurore, ajoute-t-il, les yeux rivés sur le sol. Je suis venu te voir, plusieurs fois, mais tu n'étais jamais réveillée quand je venais. J'ai même pensé que tu le faisais exprès. Et puis j'ai demandé à un médecin qui passai contrôler mon état de santé pourquoi la jeune fille de la chambre 412 ne se réveillait pas.
Il marque une pause. Je le sens bouleversé alors je pose ma main dans la sienne puis il reprend.
- C'est là qu'il m'a appris que tu avais eu un traumatisme crânien assez grave pour entraîner un coma. Et après ce jour je ne t'ai plus revue. Il y a eu des complications et tu est partie en salle d'opération, puis en salle de réa ou les visites sont interdites. J'ai de nouveau demandé au docteur ce qu'il t'étais arrivé mais étant tenu au secret professionnel il n'a rien voulu me dire. Alors tu comprendras que quand je t'ai vue dans mon armoire j'ai eu du mal à y croire... Ajoute-t-il un sourire en coin. Moi qui te voyais sortie d'affaire, poursuit-il, voila que je te vois partir précipitamment de ma chambre avec un billet de train. J'ai alors prétexté être très fatigué pour me débarrasser des soignants, je me suis rapidement habillé et j'ai à mon tour fuit l'hôpital. Tu as dû te perdre pare ce que figure toi que je suis arrivé avant toi à la sortie.
Je me remet à rire, calmement cette fois pour ne pas raviver de douleurs.
- Oui, je ne savais même pas à quel étage j'étais et puis je ne trouvai pas l'ascenseur, me justifiais-je. Continue s'il te plaît, demandais-je.
- Donc je suis arrivé dehors et je ne t'ai pas vue alors je suis directement allé à la gare et suis monté dans le seul train encore en quai. Puis je t'ai vue par la fenêtre de mon wagon. J'ai vu que ton billet de train t'emmènerai jusqu'à Paris et j'ai décidé de rester dans mon compartiment qui étais en fait accolé au tient. A un moment tu t'es endormie et je t'ai rejoins. Je t'ai surveillée tout le long de ce trajet. J'avais peur que tu te sentes mal après avoir quitté l'hôpital si tôt... Au loin, j'ai commencé à apercevoir la ville alors je suis retourné dans mon wagon. Et ce doit être à ce moment que tu as reçu ça, dit-il en sortant l'une des deux partie de la photo d'Estelle.
Je reste interloquée. Je cherche dans ma poche la seconde partie de l'image.
- Comment l'as tu... commençais-je.
- Dans ta chambre d'hôtel, me répond t-il en me la donnant. Une fois arrivé à Paris je t'ai vue sortir de ton compartiment. Tu semblais chercher quelqu'un, alors j'ai profité de la cohue pour m'éclipser et t'attendre à l'entrée, puis j'ai vu Julia t'approcher, te parler, et vous êtes parties ensembles.
- Pourquoi n'es-tu pas venu me voir pendant tout ce temps ? l'interrogeais-je.
- Je voulais savoir ce qui t'a poussé à fuir l'hôpital à 23h10 du soir, et je sais très bien que tu n'aurai pas répondu à mes questions alors... Par contre, dit-il précipitamment, le taxi arrive d'une minute à l'autre, il ne va pas nous voir il faut qu'on sorte de cette ruelle, dit-il tout en me jugeant.
- Quoi ? Lançais-je nerveusement. Ça va je te dis, mentis-je ! Je me redresse avec l'aide du mur. Je cache ma souffrance derrière des sourires qui se veulent rassurant pour mes amis mais je ne crois pas les avoir convaincus. Je ne suis pas sûre que mon poignet soit de nouveau brisé vu les bandages qui le maintenait, quand à mes côtes elles sont sûrement fêlées rien de plus. On s'avance et on sort de la rue au moment même ou le véhicule se gare devant nous. Je regarde une dernière fois les trois maisons puis entre dans le taxi, avec l'intention de revenir dans la troisième maison.
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Estelle Dolorès
Teen FictionJe m'appelle Aurore. J'ai 16 ans et cela fais une année que je vis dans la rue, depuis que j'ai accouché d'Estelle plus précisément. Ma vie est rythmée par les regards froids des inconnus qui nous voient, jusqu'à ce soir de Décembre ou ma fille m'es...