Estelle Dolorès

Chapitre 15

L'enveloppe contient les 500€ en liquide. Julia me tend la totalité de la somme mais je refuse.
- Non c'est à toi, tu as fait ce que tu avais à faire pour cet argent alors garde le, je te demande juste... Enfin si tu l'acceptes... Est-ce que tu peux rester avec moi pour cette nuit ?

Elle accepte sans aucune hésitation. Je sens que je peux vraiment lui faire confiance et sa présence me rassure.

Nous regardons la télévision, je ne comprend pas un mot de ce que la journaliste raconte mais je fini par m'endormir à nouveau, bercée par sa voix.

Lorsque je me réveille, le soleil est déjà haut dans le ciel, éclairant tout Paris de sa chaleureuse lumière. Julia est endormie à mes côtés. Je me lève sans un bruit et me dirige vers la petite salle de bain. Je me déshabille et entre dans la douche. Le jet d'eau chaude court le long de mon corps et disparaît en tourbillonnant dans le siphon. Je prend un échantillon de shampoing offert par l'hôtel et fait couler le liquide frais dans ma paume. Je prend soin de ne pas mouiller mes bandages et prend mon temps pour cette toilette car je ne sais pas quand sera la prochaine. Je ressent quelques picotements sur mes égratignures mais je les ignore.

Je sors de la douche. Je m'enroule dans une serviette blanche et me laisse tomber dans le fauteuil orange. Je suis prise d'un vertige et ressent le besoin de me poser quelques minutes. J'ai le cœur au bord des lèvres et une migraine me tiraille la tête donc je ferme les yeux et respire calmement, concentrée sur un paysage imaginaire qui me détend et m'apaise. Il est vrai que j'ai quitté l'hôpital sans l'avis d'un médecin mais la vie de ma fille ne dépend que de moi et je me dois d'obéir, quelle que soit ma situation. Je reste ainsi quelques minutes puis vais terminer ma toilette.

Lorsque je sors de la salle de bain, Julia est réveillée. Elle a commandé le petit déjeuner au service de l'hôtel qui ne va pas tarder à arriver. Elle m'apprend qu'il est 10h. Il n'y a pas un grand décalage horaire entre la France et l'Angleterre, mais je le ressent quand même. Une femme nous apporte le brunch que nous avalons avec appétit. Nous discutons de choses et d'autres, sans revenir sur la conversation de la veille. Malgré tout des questions me traversent l'esprit et les réponses sont pour le moment inexistantes.

Je suis assise sur le lit pendant que Julia emprunte la salle de bain. J'attends. Je ne sais pas ce que j'attends d'ailleurs, mais je sais que je ne vais pas tarder à recevoir une petite enveloppe. A moins que ? Je repense soudainement à la photo d'Estelle. Je la sors de ma poche et la regarde attentivement. Je remarque alors la montre que porte le kidnappeur. 11h10. Je ne recevrai pas d'enveloppe blanche cette fois-ci. Je dois être aux pieds de la tour Eiffel à 11h10.

Je saute hors du lit, prend ma veste et sort en trombe de la chambre en oubliant de prévenir Julia. Le réceptionniste me demande si tout va bien mais je n'ai pas le temps de lui répondre que je suis déjà dans la rue. Je cherche la tour Eiffel. Je l'aperçois au loin. Je ne serai jamais arrivée à l'heure. J'interpelle alors un taxi. Le chauffeur parle Anglais couramment et m'emmène en un temps record devant la dame de fer. Il est 11h08. Je sens le stresse tourbillonner dans mon ventre, parcourir mon dos d'un frisson et accélérer les battements de mon cœur.

11h09.

11h10. Je regarde autour de moi. Les Parisiens et les touristes se prennent en photo près de la tour Eiffel, d'autres s'embrassent sur un banc, ou sont assis dans l'herbe entre amis à rire et à écouter du rap Français. Je souris à leur vue. Je me souviens avoir vécu ça moi aussi, j'avais des amies « toujours là pour moi quoi qu'il arrive » et qui se sont évaporées au moment où j'ai eu besoin d'elles. Le cas classique... Je suis tirée de mes pensées soudainement. Ma respiration se bloque et j'ai l'impression que mon cœur va s'arrêter au moment où je vois le visage de ma petite fille dans les bras d l'inconnu au chapeau noir qui est en train de s'en aller. Estelle me regarde de ses grands yeux. Je crois lire sur ses lèvres « maman ». J'essaie de me frayer un chemin dans la foule tout en suivant le personnage. Je ne sais pas où est-ce qu'il m'emmène mais j'ai l'impression qu'il veut que je le suive, tout en gardant une distance entre lui et moi. Il tourne dans une ruelle mais lorsque j'arrive, je ne trouve qu'un morceau de papier coincé sous un galet. Je regarde partout au tour de moi. Je suis dans petite rue ou trois maisons me font face. Peut-être que ma fille est dans l'une d'elle? Je déplie la feuille que le kidnappeur m'a laissé.

« Tu as trois maison face à toi. Tu as deux chances pour nous trouver, où ta fille disparaîtra jusqu'à la prochaine fois. Enfin... S'il y a une prochaine fois. Bonne chance.

Estelle & O.

P.S: L'une des maisons est vide. La seconde est occupée par Estelle et moi. Quand à la troisième si tu y entres, tu ne devra en sortir qu'après avoir exécuté l'ordre que tu trouveras là bas, ou ta fille payera ».