Chapitre 19

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On arrive devant un hôtel. Alan paie la course au chauffeur tandis que nous entrons dans le bâtiment.

- Nous vous avons appelé pour réserver deux chambres aux nom de Mathis, indique Julia à la réceptionniste.

- Oui, tenez, ce sont les chambres 9 et 17 nous dit-elle en nous tendant les clefs.

- Merci.

Nous empruntons l'ascenseur.

- Dommage, la chambre d'Alan n'est pas toute proche de la notre, dis-je.

- Aurore, si tu veux qu'Alan soit avec toi je prend la chambre 17, me sourit-elle.

J'hésite quelques secondes, puis accepte. Je quitte l'ascenseur seule en donnant rendez-vous à Julia dans le hall d'entrée. A peine les portes de la cabine se referment-elles que je laisse mes larmes dévaler mes joues. Je réussi à rejoindre ma chambre avec difficulté. La douleur est telle que la nausée me retourne le ventre. Une migraine étourdissante que je garde depuis ma chute semble s'empirer. Je me rend compte que je viens de percuter le mur en manquant de tomber. Ma vision est si trouble que je ne vois pas Alan entrer. Je l'entends vaguement me parler. Je sens ses bras m'encercler pour ne pas que je tombe. Il me murmure que tout va bien se passer et me dit que je fais sûrement un malaise. Je réalise que ma respiration est saccadée, ça doit probablement être du au fait que l'air n'entre plus dans mes poumons. Mais je suis toujours debout.. Je lutte contre moi même pour ne pas sombrer. Je tente de m'accrocher aux bras et aux paroles d'Alan. Je crois que je suis en train de perdre la partie car je sens mes jambes se dérober sous mon poids. Mais je suis toujours consciente. Peut-être devrais-je me laisser happer par ce trou noir. Et si ça me soulage ?

- Reste avec moi, me supplie Alan depuis une autre planète je pense.

Je ne l'entends plus.

Je sombre enfin.

Le néant et le vide emplissent mon esprit.

L'apaisement.

J'ai l'impression de dormir.

Mais non c'est un peu plus grave que ça.

Mon esprit n'a pas suivi et à disjoncté.

Respirer.

Vivre.

Ouvrir les yeux.

Mes paupières papillonnent le temps de s'habituer à la lumière du jour. Le visage inquiet de Alan apparaît dans mon champ de vision.

- Tu m'entends ? Demande-t-il en attendant une réponse.

Mais je ne comprends pas un mot de ce qu'il me dit. Mes oreilles bourdonnent, sifflent puis enfin cela s'atténue jusqu'à percevoir le bruit du silence.

- Aurore ? Tu m'entends ?

- Oui, répondis-je enfin d'une voix presque inaudible.

Un fin sourire se dessine sur son visage légèrement plus pâle que dans mon souvenir. Je remarque que je suis au sol, le haut de mon corps dans ses bras. Je ne comprend pas tout de suite.

- Tu vas mieux ? Se soucie Alan.

Je hoche la tête et me redresse en position assise, toujours soutenue par lui.

- Tu m'as fait une sacrée peur tu sais, me dit-il, presque sur un ton de reproche. Je vais appeler un médecin que tu sois d'accord ou non Aurore. Tu es a peine sortie d'un coma que tu chutes dans les escaliers et tu as sûrement aggravé ton cas.

Je ne répond pas. Peut-être pare ce que si j'ouvre la bouche je vomi mon mal être ? Je le laisse faire. Il m'ordonne de rester allongée le temps que le médecin arrive. Julia débarque dans la chambre affolée.

- J'en étais sûre, tu aurais dû m'écouter Aurore, et moi j'aurai dû insister, quelle idiote je fais non mais vraiment ! s'emporte-t-elle, comme si tout cela étais de sa faute.

Puis elle se calme et s'assied à côté de moi sans plus rien dire, rongée par le remord.

Quelqu'un frappe à la porte. C'est la réceptionniste ainsi qu'une équipe du Samu. J'aurai dû m'en douter qu'il ne ferai pas appel qu'a un docteur.

Sans réelle surprise, je suis amenée à l'hôpital le plus proche pour y faire des examens qui n'apporteront rien de plus que la fois précédente si ce n'est les quatre côtes brisées qui ont perforées l'un de mes poumons, ce qui explique ma difficulté à respirer, et le trauma crânien légèrement aggravé qui a entraîné un nouveau remplissage vasculaire. Pour faire simple, j'ai échappé à un second coma. Je passe donc entre les mains des soigneurs qui s'occupent de moi une bonne partie de l'après midi puis me laissent tranquille. Je m'endors jusqu'au repas.

Ce soir là je pleure toutes les larmes de mon corps. Alan est endormi, il est resté auprès de moi dans ma chambre d'hôpital alors que Julia est retournée à l'hôtel. Je ne dors pas. J'ai peur que l'inconnu au chapeau noir m'apporte une enveloppe et me dise qu'il est trop tard, que ma fille est désormais inaccessible. Mais rien ne se passe durant cette longue nuit. Je fini donc par m'endormir vers 5h40 du matin.

Le médecin me rend visite quelques heures plus tard et le verdict tombe. Je ne sortirai pas avant que le traumatisme crânien et mon poumon soient hors de danger. J'en ai pour minimum... Trois semaines.

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⏰ Last updated: Sep 20, 2017 ⏰

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Estelle DolorèsWhere stories live. Discover now