Chapitre 12

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Je froisse le papier de ma main valide. J'ai si peur seule dans cette pièce, je crains de le voir arriver d'une minute à l'autre. Puis je secoue la tête.

- T'es conne ou quoi ? Arrête de te faire flipper toute seule ! Me résonnais-je.

La porte s'ouvre et laisse passer un infirmier.

- Vous m'avez appelé ? Demande-t-il.

- Euh non... Je parlais toute seule, répondis-je honteuse d'être si ridicule...

- Comment vous sentez vous ?

J'ai mal au crane, j'ai un poignet brisé, j'ai chaud, beaucoup trop d'ailleurs, j'ai des bleus partout, mal à la gorge, et réalise que j'ai plusieurs côtes cassées.

- Ça va, mentis-je.

Il me regarde attentivement puis me demande si je me sens prête à respirer seule, sans l'aide de ce truc collé sous le nez. Pour réponse je l'enlève moi-même. Il esquisse un sourire.

- Vous avez eue de la chance, me dit-il.

- Je sens que je vais entendre cette phrase des dizaines de fois, commençais-je à râler.

- Les sautes d'humeur sont l'un des effets indésirables des calmants lorsque le patient se réveille.

- Je vais bien, j'aimerai sortir d'ici je vous prie, repris-je d'un ton suppliant.

Le regard de l'homme m'analyse quelques secondes puis secoue négativement la tête.

- Même si j'avais voulu vous faire sortir, je ne suis pas en droit de le faire, seul le médecin peut vous en donner l'autorisation.

- Oh... , lui répondis-je en espérant faire assez pitié pour qu'il change d'avis.

Mais au lieu de ça il me demande de patienter encore au moins deux semaines avant de pouvoir espérer sortir, puis quitte la pièce en m'indiquant qu'une infirmière allait arriver.

Comme convenu une femme arrive. Je lui donne la cinquantaine. Ses cheveux bruns virent au blanc à la racine et ses yeux amande sont plissés, fatigués, et pourtant ils me rassurent. Elle me parle tout en me faisant mes pansements. Elle ne me dit pas que j'ai eu de la chance de m'en sortir, plutôt, elle m'encourage à rester en vie,, à ne pas baisser les bras. Instinctivement je lui voue une confiance au point de lui raconter mon histoire. La mienne, celle de ma mère, celle de ma fille et enfin celle de ma nouvelle famille qui dois horriblement s'inquiéter. Alors, elle sort de sa poche son téléphone portable puis me le tend en m'incitant à appeler Linda et à la rassurer. Je compose le numéro que je connais désormais par cœur, l'infirmière me fais un signe de soutient puis quitte la pièce à son tour.

« Allô ? Me répond une voix hésitante.

Les larmes dévalent mes joues, je suis si rassurée de l'entendre.

Allô ? Répète Linda à l'autre bout du fil.

- Bonjour Linda, répondis-je enfin.

- Aurore ? C'est bien toi ?

Je pleure de plus belle.

- Oui c'est moi, je voulais te dire que...

- Oh je suis si heureuse, me coupe-t-elle. Les informations ne font que de parler du crash d'un avion et j'ai eu si peur que ce soit le tient ! Tu sais je t'ai appelée plusieurs fois mais ça ne répondais pas alors j'ai vraiment cru que tu étais...

- Je vais bien, la coupais-je à mon tour, je n'étais pas dans cette avion. Et puis j'ai dû perdre mon téléphone donc je t'appelle depuis celui de mon amie.

- D'accord, tout se passe bien ?

A ce moment Laura, l'infirmière, revient dans la chambre.

- Oui tout va bien, je dois te laisser, bisous, dis-je en raccrochant aussitôt.

Je pleure. Laura s'assoit près de moi et me serre dans ses bras sans un mot. Sa présence me réconforte et m'apaise au point de m'endormir.

Je me réveille en pleine nuit, tous mes sens en alerte. Je crois voir la porte de la chambre se refermer sur une silhouette sombre. J'allume la lampe de chevet précipitamment sans quitter des yeux la cloison. Je reste ainsi cinq minutes à retenir ma respiration et à scruter la pièce, alerte au moindre bruit. Puis je fini enfin par remarquer l'enveloppe qui dépasse de mon oreiller. Je frissonne, la silhouette que j'ai vue s'est approchée à moins d'un mètre de moi pendant mon sommeil et je n'ai rien vu. Mais qui étais-ce ?

Estelle DolorèsWhere stories live. Discover now