Chapitre 6

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Je découvre une porte dissimulée derrière des planches en bois qui cachent une petite salle d'eau. Je m'en sers pour me rafraichir le visage puis après avoir remis en place les lattes, je retourne au chaud là où le soleil frappe le sol.

Il arrive. La clef dans le verrou m'avertit de sa présence. J'avale le reste de café que je me suis forcé à boire, tout comme je me suis contraint pour les tartines et le jus d'orange juste avant qu'il n'apparaisse en haut des escaliers.

-Lève-toi morveuse, m'ordonne-t-il tout en restant à sa place.

Je le regarde d'abord avec méfiance puis me redresse.

-Si tu veux retrouver ta fille, il va falloir m'obéir et un peu plus rapidement, car ta sale gosse ne t'attendra pas une éternité.

- Je sais répliquais-je sur un ton hautain.

Il ne relève pas. Il me juge du regard, hausse un sourcil puis sors de sa poche une arme. Je m'arrête immédiatement, les yeux braqués sur le révolver qu'il tient dans sa main.

-T'attends quoi pour monter ? lance-t-il agressif.

Je baisse la tête puis m'avance jusqu'aux escaliers que je monte, lentement, avec l'impression de me diriger vers la mort qui m'attend. Impatiente.

-Grouille toi on n'a pas toute la journée, ajoute-t-il.

Arrivée à sa hauteur, j'ose le regarder dans les yeux. Il jette un œil à sa montre puis tourne son visage vers moi.

-Trente-huit seconde et six centièmes. Dit-il sévèrement.

Je ne comprends pas pourquoi il me donne ce chrono mais il répond à ma question muette.

-C'est le temps que tu as mis pour parcourir ces quelques mètres, et c'est le temps que tu as perdu pour retrouver ta môme.

Je ne réponds pas, soudainement honteuse. Il a au moins raison pour cela. Le temps m'est compté, je ne dois pas le perdre en idioties du genre.

-Que dois-je faire ? demandais-je alors.

Il observe son arme puis après m'avoir jeté un coup d'œil il me la tend.

-Prend le flingue, lâche-t-il en me fixant.

- Mais je...

-Prend, le flingue, répète-t-il entre ses dents.

Je ne me fais pas prier une troisième fois face à son air agressif.

-T'as le droit de la fermer et de m'obéir morveuse. Crache-t-il. Ici c'est moi qui donne les ordres je n'ai de comptes à rendre à personne, et certainement pas à toi...

Il passe la porte.

-Et tes questions tu te les gardes, ajoute-t-il en se retournant. Suis-moi.

Nous traversons une cuisine et un salon avant d'arriver dans le couloir de l'entrée. Il commence à déverrouiller la porte puis se rend compte que j'ai toujours le révolver dans les mains.

-Putain mais t'attends quoi pour le cacher, s'énerve-t-il.

Mes gestes deviennent tremblants et maladroits. Des milliards de questions se posent dans ma tête et surtout je suis en possession d'une arme, je n'aurai qu'à la braquer sur mon agresseur et à appuyer sur la gâchette afin de m'enfuir, mais rien que le fait d'y penser me donne froid dans le dos. Et puis, il sait où est Estelle. Je cherche un endroit pour dissimuler le pistolet et décide de le coincer dans la ceinture de mon pantalon. L'homme me regarde puis fais tourner la clef dans le verrou une fois avant d'abaisser la poignée. Aussitôt ouverte, la porte laisse passer le vent qui ébouriffe mes cheveux déjà emmêlés. Il caresse mon visage de son air frais et me fait frissonner. Une voiture est garée juste devant la maison. Je reconnais le 4x4 qui a renversé Ornella. Le flash me traverse l'esprit mais la voix de l'homme me tire de mes pensées.

Estelle DolorèsWhere stories live. Discover now