J'accuse le coup. Les dix premières secondes un flashback me ramène chez lui, là où il me frappait et m'obligeait à tuer. Je me sens soudainement en sécurité en y repensant. Mais cette sensation ne dure pas longtemps lorsque je réalise qu'il savait où est ma fille. Je regarde les deux agents qui ne comprennent pas ma réaction catastrophée.
-Comment est-il mort ? soufflais-je, comme si ma voix m'interdisait de parler plus fort.
- Il s'est suicidé, je n'en dirai pas davantage à son propos car ceci ne vous regarde pas, déclare-t-il calmement.
-Mais... Où est ma fille ? dis-je en pleurant.
Les policiers se regardent puis le deuxième s'approche de moi.
-Ecoutez, si votre fille vous a été enlevée par votre mère, elle a sûrement été placée en foyer pour jeunes enfant.
Je secoue la tête de gauche à droite. J'ai l'impression que personne ne me comprend.
-Elle n'a pas été enlevée, repris-je en me calmant. Elle a été kidnappée, déclarais-je.
Les agents se concertent silencieusement du regard, puis semblent conclure que je délire car ils me souhaitent un bon rétablissement avant de s'en aller.
Linda entre dans la chambre. Elle m'observe tout en se dirigeant vers le fauteuil. Elle semble contrariée. J'allai lui demander pourquoi quand elle prend la parole.
-Alors tu as vraiment tué cet homme ? m'interroge-t-elle sans vraiment attendre de réponses.
Je baisse les yeux, plus qu'honteuse fasse à cette triste réalité.
-Tu sais ce n'est pas à toi que j'en veux Aurore, c'est à ta mère. Si elle avait été présente rien de cela ne serai arrivé.
-Elle est morte, lâchais-je froidement.
Elle ne répond pas. Je me demande même si elle a entendu ce que je viens de lui annoncer car elle ne réagit pas. Je me redresse, arrache la perfusion puis me lève.
-Que fais-tu ? dit-elle.
-Je pars d'ici avant de finir en prison pour le meurtre d'un homme.
-Ne fait pas ça Aurore, tu vas t'attirer plus d'ennuis que ce que tu n'en as déjà.
Je ne l'écoute pas, je fourre mes affaires comme elles viennent dans le valise puis enfile mes vêtements rapidement. La sonnerie du téléphone de la chambre d'hôpital retentit, interrompant mes gestes. Je me dirige vers l'appareil, hésite quelques secondes avant de décrocher le combiné. Je le porte à mon oreille droite sans dire un mot. Puis n'entendant rien de mon interlocuteur, j'entame la discussion.
-Allô ?
-...
-Allô ? répétais-je agacée.
J'entends un nourrisson pleurer à l'autre bout du fil.
-Estelle ! Soufflais-je les larmes aux yeux avant que ça ne raccroche.
Je reste interdite devant la commode. Linda me prend le téléphone des mains délicatement puis le repose sur son socle.
-Qui étais-ce ? me demande-t-elle.
-C'étais... Non rien. Finis-je par lui répondre, persuadée qu'elle me prendra pour une idiote.
Perturbée par cet étrange appel, je m'assieds sur le bord du lit, songeuse et perdue, oubliant même que je voulais m'enfuir quelques secondes auparavant. Linda me rejoint et pose une main sur mon épaule.
-Aurore, qui étais-ce ? répète-t-elle.
J'ignore sa question. Le regard posé sur le sol, à la recherche d'une quelconque explication, je ne comprends pas pourquoi prendre la peine de m'appeler pour me faire écouter les pleurs d'un bébé qui j'en suis presque sûre est le mien. Mais une autre question surgit dans mon esprit et celle-ci me glace le sang. Comment la personne qui détient mon enfant sait-elle que je suis à l'hôpital ? Cela veut aussi dire qu'il connait mon nom et désormais le numéro 256 qui est celui de ma chambre. C'est alors que quelqu'un frappe à la porte, me faisant sursauter. Un frisson parcourt mon dos.
-Oui ? dis-je haut et fort à l'intention de la personne qui se trouve derrière la cloison pour qu'elle entre. Mais personne ne vient. Linda se dirige alors pour ouvrir et ne trouve qu'une petite lettre déposée à même le sol. Je suis soulagée et rit même de mon ridicule à avoir été effrayée par une enveloppe. Mais cet élan euphorique ne dure pas longtemps lorsque je lis le contenu de la lettre qui est composée d'une simple phrase qui me glace le sang : « Elle est en vie... Pour le moment ».
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Estelle Dolorès
Teen FictionJe m'appelle Aurore. J'ai 16 ans et cela fais une année que je vis dans la rue, depuis que j'ai accouché d'Estelle plus précisément. Ma vie est rythmée par les regards froids des inconnus qui nous voient, jusqu'à ce soir de Décembre ou ma fille m'es...