Chapitre 14

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Je me hisse sur la pointe des pieds à la recherche d'une personne portant un chapeau noir au milieu de cette foule. Mais il n'y a aucune trace d'elle. Je soupire. La cadence et le bruit s'atténuent au fur et à mesure que les français entrent dans le train. Puis une fois que le train démarre et s'éloigne de moi, le silence se met à peser sur mes épaules. Je regarde autour de moi. Je suis complètement seule. Du regard, je trouve un escalier qui mène à la sortie. Mais j'ai peur. J'ai peur que quelqu'un m'accoste, ou que l'inconnu soit juste là, à me surveiller. Je continue donc à observer les alentours, à la recherche de la moindre ombre sur le sol, à l'écoute de chaque son, attentive aux mouvements du monde. Je suis en état d'alerte. Je sors la photo d'Estelle de ma poche. Je la regarde. Je lui souris. Je sais c'est inutile mais ça me soulage. J'avance donc vers cet escalier que je monte sans croiser un chat. A l'étage, quelques personnes sont assises avec un journal ou un café. Je les regardes tout en marchant. Fascinée. Je suis en France. A Paris. Les gens sont bien habillés. C'est une généralité bien sur... Puis une jeune femme, une belle femme dirais-je plutôt, entre dans la gare en faisant claquer le talon de ses escarpins noirs sur le carrelage, sa chemise blanche coincée dans son jean, son long manteau beige fluide et ses ongles vernis de rouge apportent la couleur à sa tenue. Ses cheveux bruns reposent élégamment sur ses épaules. Jusqu'à la fine couche de gloss qu'elle porte sur ses lèvres, cette femme porte l'image de Paris : belle et raffinée. Elle me regarde. Elle s'approche de moi.

- Vous êtes Aurore ? Me demande-t-elle dans un anglais parfaitement maîtrisé, d'une voix douce et rassurante.

- Oui, c'est bien moi, répondis-je.

Alors, elle me souris.

- Suis-moi, me dit-elle.

Sa carte glisse dans la serrure et déverrouille la porte.
- Fais comme chez toi, m'annonce-t-elle tout sourire.

Je pénètre dans la chambre de cet hôtel. La chambre est jolie, dans tes tons de noirs et de blancs, avec quelques touches de couleur orange. Pourtant, je me retourne vers Julia.

- Qu'est-ce que je fais ici ? Dis-je, dans l'incompréhension la plus totale.

Mon amie Française baisse la tête et fixe le parquet avant de me répondre.

- Je ne sais pas...

- Je ne comprend pas ! m'emportais-je légèrement. Je n'ai pas de temps à perdre tu comprends ? Ajoutais-je en reprenant sur un ton plus calme.

- Je... Je suis désolée Aurore... Mais je t'apprécie alors je vais te dire la vérité. J'ai été payée pour venir te chercher et t'amener ici. Je ne sais rien d'autre.

- ...

- Je pensai d'abord que quelqu'un voulait te faire une surprise alors j'ai accepté, et en plus j'étais payée donc...

- ...

- Et je pense qu'a l'inverse tu aurais fait pareil non ? Me lance-t-elle avec l'espoir que je lui pardonne.

- Je te crois Julia, lui dis-je. Je... Oui, j'aurai fait la même chose. Excuse moi je m'en prend à la mauvaise personne.

- Ce n'est pas grave... Je m'en veux tellement tu sais !

- J'aimerai savoir, qui t'a demandé de faire ça ? Et pourquoi toi ?

- Je ne sais pas Aurore. Tout s'est passé par téléphone, j'ai reçu un message un soir d'une personne me demandant un service, qui que je sois. En échange de ce service on me promettait la somme de 500€ et j'ai accepté. J'ai ensuite reçu une photo de toi. On m'a simplement dit que tu t'appelais Aurore, que tu arriverai à la gare aujourd'hui et que tu ne parlais pas Français. La personne à ajouté qu'il faudrait que je te conduise ici pare ce qu'une chambre était réservée pour toi.

- Tu as déjà eu l'argent ? Lui demandais-je.

- Non pas encore.

A ce moment précis, quelqu'un frappe à la porte se présentant comme le secrétaire de l'hôtel. Julia lui ouvre. Il tend une enveloppe.

- Une lettre pour Mlle Julia, déclare-t-il.

- C'est moi, répond mon amie tout en prenant le papier.

A ce moment, je comprend qu'ici aussi nous sommes épiées. Il sait que je suis là. L'inconnu au chapeau noir. 

Estelle DolorèsWhere stories live. Discover now