La Bête (MxM)

Une dernière rose

Une rose.

Une rose rouge. Posé sur un drap. À quelques centimètres de ses yeux.

Il se redressa, l'esprit embrumé.

Quelque chose de terrible était arrivé. Mais ses pensées s'emmêlaient...

La Bête sortit du lit. Elle chancela, déséquilibré par une étrange faiblesse.

-Attention, dit une voix.

Quelque chose explosa dans l'esprit de la Bête. Sa mémoire. Il se souvenait de tout.

Toute sa vie, depuis son enfance.

Toute sa longue attente, dans ce château froid.

Toute son histoire avec Gracieux.

Il se retourna brusquement.

Gracieux était là, debout, rayonnant.

Sa peau était lisse, exempt de toute meurtrissure. Il était vêtu d'habits blancs sur lesquels venaient trancher ses boucles brunes.

-Tu es un fantôme ? Balbutia la Bête en posant ses mains sur son visage.

Il fut étrangement surpris de ce contact, qu'il savoura comme un délice interdit.

-Tu es un ange ? Tenta-t-il de nouveau.

-Un homme seulement, rétorqua Gracieux, amusé. J'ai bien peur que tu doives t'en contenter.

-Je voudrais tant t'embrasser...

-Alors fais-le, grosse bête.

-Mais je ne peux pas...

-Pourquoi ?

-Je...

Il s'aperçut alors qu'il avait posé ses mains sur le visage de Gracieux.

Ses mains.

-Oh, dit-il simplement.

Il était redevenu un homme.

-Et tu es nu, finis Gracieux en approchant son visage de lui.

La Bête se sentit rougir.

Gracieux éclata d'un rire cristallin et posa ses lèvres sur celles du prince.

-Je t'aime, dit celui qui venait de se redécouvrir homme en lui rendant son baiser.

-Je t'aime, fit échos la voix de Gracieux.

-La Fée ?

-Partie. Elle m'a dit que tu avais passé la dernière épreuve. Je lui ai dit qu'elle était cruelle. Elle a haussé les épaules en répondant que les forces de la nature ne connaissent ni le Bien ni le Mal, puis elle s'est volatilisé. Il ne restait plus que toi, et une rose. Enfin, toi dans ce corps.

-C'était l'inverse, tu sais. Moi dans le corps d'une Bête.

Gracieux haussa les épaules.

-Qu'importe le corps.

-Et si j'étais une fille ?

-Qu'est-ce que ça changerait ?

Le prince rit de bon cœur et le serra contre lui.

-Je t'aime. Jusqu'au dernier jour de ma vie, la dernière seconde, le dernier souffle, je t'aime. Et sois sûr que s'il y a quelque chose après la mort, je t'y aimerai encore.

-Tu parles bien, souffla Gracieux en déposant un petit baiser sur ses lèvres. Tu devrais raconter des histoires.

-Celles que tu écriras, alors. Quand nous auront voyagé à travers le monde, et fais rêver des milliers d'enfants !

Le prince souleva Gracieux dans ses bras et le déposa sur le lit.

Ils avaient une éternité d'amour à commencer. Autant s'y mettre tout de suite.

Et ils vécurent très heureux, réalisèrent leurs rêves et adoptèrent de merveilleux enfants.

Fin...