XXIV

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-Trente, trente et un, trente deux... Trente deux bouteilles d'eau !

-C'est déjà pas mal. Si on se rationne, on en aura pour plus d'un mois.

-On pourrait y retourner, il n'y a sûrement plus personne maintenant, dit Henri.

-C'est trop dangereux. Ils doivent tous rodés autour maintenant.

-Jane a raison. C'est trop risqué.

Le jeune garçon hocha la tête, bien qu'un air déçu se lisait sur son visage. Il s'installa sur au sol, dos au mur et ne dit rien de plus.

-On a quarante boîtes et trente deux bouteilles. On devait pouvoir y arriver un petit temps, affirma l'amnésique.

Carley sourit à la jeune femme. Ils n'étaient pas mécontents que le hasard les sauve. Aucun n'avait imaginé qu'il pouvait y avoir tout cela dans le coffre lorsqu'ils avaient volé la voiture. Jane déplia un papier qui était dans l'un des sacs. C'était une carte des Etats-Unis. Il y avait des croix un peu partout sur la carte. Elle ne savait dire ce qu'elles signifiaient même si elle tentait de comprendre. Sa petite-amie observa à son tour la carte et fronça les sourcils.

-Ce sont pour la plupart des bases militaires.

-Comment ça ?

-Là, ici, là encore et celle-ci. Ce sont des bases, et il y en a d'autres.

-Tu penses qu'ils avaient un plan ? Qu'ils voulaient tenter de s'y réfugier ?

-Peut-être bien. Il y avait pas mal de rumeurs à propos du fait que l'armée aidait les survivants.

-On peut tenter le coup, non ?

-Je sais pas trop. J'ai plus eu de contact avec l'armée depuis plus de six mois... Après ta disparition les escouades ont été dissoutes.

-Pourquoi ?

-J'imagine qu'il n'y avait que toi qui pouvait nous diriger correctement.

Jane fronça les sourcils. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Est-ce qu'elle était une experte en la matière ? Connaissait-elle les infectés sur le bout des doigts ? Elle soupira en passant une main sur son visage.

-On va tenter. On ne sait jamais après tout. Peut-être que les rumeurs sont fondées.

-Peut-être mais les bases du sud sont désertées. Il faut aller plus au nord, peut-être même vers l'ouest, soupira Carley.

-Il n'y a pas de temps à perdre dans ce cas.

Henri se leva d'un coup.

-On s'en va alors ?!

-On s'en va, affirma Jane en se mettant déjà à préparer leurs affaires.

L'ancienne chef du groupe s'exécuta à son tour, faisant son sac. Tout se fit dans le silence le plus complet. Les bagages bouclés, ils étaient prêts à partir. Leurs sacs dans le coffre, l'eau et la nourriture avec et c'était bon. Ils n'oublièrent pas la carte. Jane se mit au volant, Carley à côté d'elle et Henri à l'arrière. Elle démarra la voiture et sortit de son emplacement. Ils roulèrent durant dix minutes avant de passer devant le bâtiment où Oscar et sa clique résidaient avant que les infectés ne débarquent. Ils étaient tous autour de la bâtisse, arrachant des membres aux cadavres des sbires du faux canadien.

-Accélère, ne restons pas là tant qu'ils nous ont pas vu.

Roulant doucement, ils n'avaient encore rien repéré, trop occupé à manger les restes de cadavre. Elle appuya sur l'accélérateur et quitta la zone. Ils allaient enfin dire adieu à l'Arkansas. Puisque d'après la châtain il n'y avait rien au sud mais plutôt dans le nord-ouest du pays, ils avaient décidé d'aller vers le Nevada. Jane et Carley avaient décidé de s'arrêter d'abord à Las Vegas pour voir si il n'y aurait pas plus de vivre là-bas. Avec un peu de chance les gens avaient fuit et laissé pas mal de chose derrière eux. La ville était sûrement infesté mais il y avait l'une des bases apposée d'une croix sur le papier. Ce n'était peut-être pas si terrible. Leurs vies se résumaient à du peut-être.

Peut-être qu'ils allaient survivre. Peut-être qu'il y avait bien des vivres sur place. Peut-être qu'ils allaient arriver à bon port. Peut-être que les rumeurs étaient vraies. Peut-être il y avait-il de l'espoir. Peut-être...

La nuit tomba rapidement alors que Jane roulait déjà depuis quelques heures. Elle ne s'arrêtait pas en chemin sauf si il y avait un besoin urgent. Plus vite ils arriveraient là-bas, plus vite ils seraient, peut-être, sains et saufs. Tout était une question de temps dans cette vie complètement folle. C'était un compte à rebours continu. Jane tourna la tête vers Carley qui s'était endormie. Elle posa sa main sur sa cuisse et caressa doucement celle-ci. Elle jeta ensuite un coup d'oeil dans le rétroviseur et l'adolescent dormait à point fermé. Ils devaient se reposer, ça allait leur faire du bien. La jeune femme bailla et se frotta le visage. Elle alluma la radio, instinctivement pour se tenir éveillée et il n'y avait que des grésillements.

-Mieux que rien, se souffle-t-elle à elle-même.

Elle continua sur sa lancée. Ils repassèrent par le Texas et traversèrent l'Etat après dix heures de route. Jane commençait vivement à fatiguer. La voiture indiquait qu'il était six heure trente-neuf du matin. Dehors tout était encore noir, ils étaient en pleins dans l'hiver, les nuits étaient longues, les journées étaient courtes. Les routes n'étant plus éclairées, les gros phares étaient la seule source de lumière qui lui montrait la voie. La jeune femme sentit une main se poser sur sa jambe et elle tourna la tête. Carley s'était réveillée. Elle avait encore l'air à moitié endormie et elle sourit à la brune. Cette dernière répondit à son sourire.

-Bien dormi ? Demanda-t-elle à voix basse.

-Pas trop mal. Tu dois être crevée.

-Un peu oui mais on a déjà passé le Texas. On est au Nouveau-Mexique.

-On roule depuis combien de temps ?

-Un peu plus de dix heures...

-Arrête-toi, je vais prendre le relais. Il faut que tu dormes.

Jane ne répondit rien et s'arrêta sur le côté de la route. Ca ne servait pas à grand chose, ce n'était pas comme si une autre voiture allait débarquer, risquant un accident. Il n'y avait personne. A force, c'était à se demander si il y avait encore beaucoup de survivants. D'où ils venaient il n'y avait plus grand monde, c'était un fait. Elle sortit de la voiture et s'installa côté passager et Carley s'installa au volant. Elle reprit la route et Jane posa la tête contre la vitre. Elle regardait le paysage défilé sous les grésillements de la radio que personne n'avait coupé. Ses yeux se fermaient peu à peu et elle n'avait plus que de vague réaction à ce qui l'entourait avant de finir par sombrer sans même s'en rendre compte. 

Ne te retourne pas: Souviens-toi (Tome 1) [TERMINE - A CORRIGER]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant