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(Bordel !! Malik ? Le ZAYN MALIK ?! Celui dont les lettres capitales en acier trônent fièrement sur le building, et partout dans ce foutu immeuble ?!)

Cette fois, je me liquéfie. Est-ce que je viens vraiment de critiquer le travail de mon supérieur devant le supérieur de tous les supérieurs ? En somme devant le mec le plus puissant de la boîte ?! Je m'assieds bien sagement sur le siège, les mains sur les genoux, et je fixe l'écran. Difficile de garder mon calme devant monsieur Regard-intense, mais je dois absolument garder mon sang-froid si je ne veux pas perdre mon job... Dire que je me retrouve dans cette position inconfortable parce que je ne peux pas me retenir de l'ouvrir... Ma petite conscience est en train de me taper dessus !

Monsieur Malik : Bien. Terminez votre présentation Mark. Nous écouterons les recommandations de mademoiselle Riberto ensuite.

Ok. Dès qu'il parle, je me sens toute petite, comme si j'allais disparaître dans ce fauteuil ou sous la table. Mark continue sa présentation après s'être raclé la gorge. Je sens le regard de monsieur Malik s'attarder sur moi. L'intensité avec laquelle il me fixe me trouble au plus haut point ! Je m'imagine un instant que ce regard me détaille avec le désir indomptable de punir cette bouche trop insolente...

(Bordel, c'est quoi mon problème ?! Non mais redescends sur terre, Ayana !)

D'autant plus que je suis certaine que ce Malik est en train de se demander qui est cette crétine qui se permet de l'ouvrir sur un sujet qui ne la concerne pas... Je tente de me concentrer sur les paroles de Mark, qui poursuit inlassablement la présentation que j'ai si élégamment coupée en deux ! Il s'agit d'une soirée de gala de bienfaisance organisée en faveur d'une association qui œuvre dans le tiers-monde, et dont Malik Corporation est présidente et marraine. Elle vise à financer des actions humanitaires en Afrique.

Je n'avais aucune idée de ces activités... Je suis étonnée. Je n'aurais pas pensé que la firme œuvrait dans des associations de ce type. C'est l'hôpital qui se fout de la charité ! Je prends la contradiction de notre monde en pleine poire. Les gens très riches de New York aident les pauvres Africains à vivre, en se faisant bien voir dans des soirées mondaines. Les mêmes riches qui se demandent quel menu et quels vins choisir correctement, pendant qu'en Afrique les pauvres se demandent s'ils vont pouvoir manger demain ! Et moi qui la ramène...

Monsieur Malik : Mademoiselle Riberto, qu'avez-vous à nous suggérer pour le choix du vin ?

Je plonge mes yeux dans les siens et, une nouvelle fois, une décharge secoue mon petit cœur.

(Quelqu'un peut m'apporter un défibrillateur ? Je vais faire une crise cardiaque !)

Ayana : Sincèrement, cette remarque me paraît bien superficielle maintenant que j'ai connaissance de la raison de ce... de votre gala.

(Est-ce que je suis vraiment en train de me foutre de lui ?!)

Mark me regarde circonspect. Oui, il doit se demander la même chose. Sans doute qu'il réfléchit déjà à qui donner mon bureau. Le regard de Malik se rétrécit légèrement. Sa bouche s'entrouvre doucement pendant qu'il laisse un temps de silence s'écouler.

Monsieur Malik : Détrompez-vous. C'est en organisant ce type de réception que l'on rencontre les personnes les plus susceptibles de soutenir les actions que nous devons entreprendre, avec d'importantes donations. Il faut ne pas les décevoir et faire de ce gala un moment inoubliable. Un événement auquel ces précieux contributeurs ne manqueront pas d'assister chaque année. Alors allez-y. Nous vous écoutons.

Je viens de me faire gentiment sermonner. J'imagine que c'est son truc quand je vois comment Mark est tendu en sa présence...

Ayana : Euh...

Monsieur Malik : Je vous en prie. J'aimerais entendre à nouveau votre point de vue... Avec un peu plus d'arguments cette fois.

Il me fixe avec un air de défi. Je le sais, la situation l'amuse. Il joue avec moi. Mais il se pourrait qu'on soit deux...

(Respire Ayana, respire...)

Je ne dois pas me démonter. Après tout, PDG ou pas, il y a bien des domaines où il doit avoir des choses à apprendre. Il a monté une multinationale, pas un restaurant gastronomique ! Je prends une inspiration et me lance. Je n'ai pas à avoir peur, je sais quoi répondre, je fais ça tous les jours sur mon blog !

Ayana : Hum... Eh bien... Un vin rouge n'est pas l'idéal pour accompagner des Saint-Jacques. Il pourrait écraser la saveur de la Saint-Jacques au lieu de la sublimer. Si vous voulez rester sur des vins français, j'opterais plutôt pour un Château Larrivet Haut-Brianc Blanc qui va laisser en bouche une impression fraîche et crémeuse qui se mêlera parfaitement avec la délicatesse de la Saint-Jacques. Et si je peux me permettre, associer une fine émulsion de truffe serait parfait pour la sauce.

Je stoppe mes explications, guettant à mon tour, satisfaite, la réaction de celui qui m'a mise au défi. Mark manque de laisser tomber sa mâchoire au sol, pendant que monsieur Malik me dévisage, intrigué. Je ressens une certaine fierté à lui clouer le bec. Mais ma victoire est de courte durée. Ses yeux se font plus amusés.

Monsieur Malik : Ou peut-être qu'un Chablis Premier Cru, au nez dominé par le miel et la vanille, pourrait tout à fait convenir à la douceur de la Saint-Jacques.

Je reste stupéfaite par la connaissance de monsieur Malik sur le sujet. Je dois dire qu'il se défend bien !

Monsieur Malik : Vous êtes fine connaisseuse, mademoiselle Riberto ?

Ayana : Non... Seulement une passionnée des bonnes choses.

Monsieur Malik : C'est intéressant.

Nous avons l'air de deux duellistes qui se font face. Il est sur mon terrain de jeu. Je pourrais continuer encore longtemps sur le sujet. Il dégage quelque chose d'intimidant, d'impressionnant... Je comprends l'attitude craintive de Mark. Ce dernier finit par se racler la gorge.

Mark : Souhaitez-vous que je change quelque chose, monsieur Malik ?

Pendant d'interminables secondes, celui-ci continue de ma fixer en silence, un sourire en coin.

Monsieur Malik : Faites. Et prenez en compte les remarques de mademoiselle.

Ils se lève en jetant un coup d'œil à son portable. Je me lève en même temps, comme on le fait quand quelqu'un d'important entre dans une pièce ou la quitte.

Monsieur Malik : Bouclez le budget pour la soirée. Vérifiez que tout a été réservé pour accueillir les investisseurs de demain. Rappelez Anderson pour les activités sur la FSO des côtes australiennes. Dites à Jack que je veux voir les dernières stats sur Piers. Et confirmez mon rendez-vous avec Patrick du Forbes pour cette après-midi.

Après avoir enfin terminé cette liste exhaustive, pendant que Mark hoche patiemment la tête, le PDG se tourne vers la sortie. Il se déplace avec l'élégance et l'assurance d'une panthère... Les effluves de son parfum viennent effleurer mes narines. Cette odeur, à la fois virile et subtile, bizarrement m'est familière. Comme si elle trouvait un écho dans toutes mes terminaisons nerveuses... Et voilà que mes émotions se remettent en route.

Monsieur Malik : Mademoiselle...

Ayana : Monsieur.

Sans un autre commentaire, il quitte la pièce.


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