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Je me lève si rapidement que je manque de tomber en arrière ! Je me retiens comme je peux en agrippant la tranche du bureau.

Ayana : Monsieur Malik...

Monsieur Malik : Mademoiselle Riberto... Je vois que vous êtes bien installée.

(Seigneur cette voix recommence à me déconcentrer ! Il faut absolument que je reprenne mes esprits !)

Ayana : Non... Je...

Monsieur Malik me regarde droit dans les yeux. Encore une fois, j'ai l'impression que toute mon assurance s'envole comme un ballon de baudruche ! Je ne dois pas me laisser impressionner ! Ce mec est peut-être diaboliquement séduisant mais il est aussi très gonflé !

Ayana : Vous ne m'avez pas demandé mon avis pour ce poste !

Monsieur Malik : C'est vrai.

Sa réponse me désarçonne. Il se déplace tranquillement en regardant par la baie vitrée, comme si de rien n'était. Je contourne le bureau et je viens me planter devant lui. Il aurait tort de penser que je suis une petite brebis docile !

Ayana : Je n'ai jamais dit que je voulais travailler pour vous !

Il attrape un petit bibelot sur l'étagère, derrière lui. Son regard se pose à nouveau sur moi. Une petite lueur amusée éclaire son visage.

Monsieur Malik : Vous le faisiez déjà.

Sa répartie est intrigante... J'apprécie ce genre de caractère parce que j'aime lorsqu'il y a du répondant. Je suis troublée car il me fixe tout en tripotant le bibelot entre ses doigts, avec une dextérité étonnante. Un instant mon esprit divague sur ce que ces mêmes doigts longs et agiles pourraient faire...

(Repends-toi Ayana, merde !!)

Ayana : Vous savez très bien ce que je veux dire ! Je parle de travailler AVEC vous !

Monsieur Malik : Le bureau ne vous convient pas ?

(Quoi ? Mais...)

Ayana : Le bureau est très bien, ce n'est pas le problème.

Il repose doucement l'objet qu'il avait attrapé sur l'étagère. Je sens l'effluve délicieuse de son parfum masculin monter jusqu'à mes narines.

Monsieur Malik : Je vous offre l'opportunité d'avoir dans cette firme une place privilégiée, de pouvoir contribuer à changer les choses. Vous avez un don, une sensibilité. À vous de voir. Sois-vous restez ici et vous vous mettez au travail, sois-vous redescendez au 45ème et vous reprenez votre vie habituelle.

Quel toupet !! J'hallucine qu'il me parle avec autant d'assurance !

Ayana : Vous ne pouvez pas me changer de service comme bon vous semble !

Monsieur Malik : Si je ne peux pas, qui le pourrait ?

A court d'arguments, je lâche un petit rire narquois. Il ne manque pas d'aplomb, celui-là !

Monsieur Malik : Faites une journée d'essai. Je vous laisse jusqu'à ce soir pour vous décider.

Je le dévisage un instant. Je voudrais le regarder de haut mais il doit faire une tête de plus que moi.

Ayana : Je veux bien faire UNE journée.

Monsieur Malik : Très bien. Je vous enverrai vos premières tâches par e-mail.

Ayana : Pourquoi pas dès maintenant ? Après tout, je n'ai que peu de temps pour me faire une idée !

Il me regarde, un sourire en coin. Je sais très bien que je devrais partir d'ici en lui envoyant sa journée d'essai à la figure ! Mais c'est plus fort que moi... Il suffit qu'on me mette au défi pour que je veuille le relever... même si tous les indicateurs sont au rouge clignotant !

Monsieur Malik : Appelez le bureau d'Henri pour programmer le rendez-vous de jeudi. Envoyez-moi le contrat de Pakson pour relecture et dites à Joy de Premeca que je serai absent mercredi. Contactez les studios CBSN pour mon interview de vendredi. Ah... Et n'oubliez pas de faire les maquettes pour le pipeline de Sheffield.

Par principe et par fierté, je ne veux pas lui faire le plaisir de le faire répéter, mais je ne suis pas sûre d'avoir tout retenu...

Monsieur Malik : Vous avez bien tout compris ? Pour Premeca, vous savez qui appeler ?

Il veut me piéger, je le lis dans ses yeux. Mais je ne dois pas me démonter.

Ayana : Oui, Joy !

Il me sourit fugacement. J'ai gagné ce round mais je n'ai pas gagné la guerre ! Il me souhaite poliment de passer une bonne journée puis il tourne les talons et quitte la pièce. Dès qu'il a refermé la porte, je me précipite comme une furie sur le bloc-notes pour écrire tout ce dont je me souviens ! Le bureau d'Henri... Le contrat de Pakson... Joy de Premeca... Je souffle un instant en posant mon stylo. Est-ce que je suis vraiment en train de jouer à l'assistante de monsieur Big boss en personne ? C'est surréaliste ! Et quelque chose me dit que je joue avec le feu... En attendant, je ne compte pas lui faire le plaisir de me planter ! Mais je n'ai aucune idée de par où commercer... Henri... Qui est ce Henri ? L'ancienne assistante a peut-être laissé des notes, des informations. Oui, elle aura certainement eu pitié de celle qui lui succéderait. Je vais tout droit regarder dans l'ordinateur, fière de mon sens aiguisé de la déduction !

Ayana : Toi, mon vieux, tu vas être mon meilleur allié !

Après plusieurs minutes passées à fouiller dans les fichiers, j'ai trouvé pas mal d'informations... Le planning de monsieur Malik, son carnet d'adresses gigantesque, un outil de visio-conférence, et enfin, la boîte mail dédiée à ce job. Je découvre un message non lu intitulé "Archives", envoyé par une certaine Nancy Meyers. Cette dernière est, en fait, l'ancienne assistante, et elle a répertorié tout un tas de conseils pour la petite nouvelle.

Ayana : Je savais que tu étais une fille bien, Nancy !

Il y a une pièce jointe dans le message, W45D9865FG, qui semble n'avoir rien à voir avec le reste. Lorsque je tente de l'ouvrir, l'ordinateur calcule, et une sorte de fichier doc s'ouvre, avec tout un tas de chiffre et de symboles illisibles. Voilà qui ne m'inspire rien de bon... Avant que je ne referme le logiciel, un nouveau message s'affiche. Il provient de mon hypothétique futur boss. "Mademoiselle Riberto, où puis-je emmener déjeuner un grand partenaire financier chinois ? Z.M." Il m'a engagée pour mes connaissances en gastronomie... ? Je réalise que je ne lui ai même pas posé la question du pourquoi. Il faut dire qu'il ne m'en a pas laissé l'occasion.

Ayana : Mais bien sûr, monsieur ! Et vous voulez aussi que je gère la réservation sans doute ?

Je prends une voix de secrétaire mielleuse et j'éclate de rire. J'espère que la pièce n'est pas sous caméra de surveillance sinon on me prendra pour une dingue. Les Chinois s'intéressent beaucoup aux très bons vins français. Je pense tout de suite à ce bar à vin branché, tenu par un ancien chef parisien. Je lui envois ma réponse. Mais avant de cliquer sur envoyer je n'arrive pas à me retenir de rajouter une petite pique. Je rajoute un petit PS à la fin du message. "Vous passez toujours par mail pour parler à vos employés ? Nous ne sommes qu'à quelques mètres l'un de l'autre." Voilà pour vous, monsieur le PDG. Je retourne à mes tâches, lorsque je reçois un nouvel e-mail. Monsieur Malik m'a déjà répondu. "Merci pour le restaurant. Gérez la réservation. PS : Qui vous dit que je suis dans mon bureau ?" J'avoue que je n'avais pas pensé qu'il pouvait ne plus être dans son bureau. Ce genre de types se déplace souvent...


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