BOSS & SINGLE

{68}

Cela fait déjà plusieurs minutes que je suis assise, les bras croisés, sur mon canapé, attendant un signe de Zayn. Sans doute j'espère l'impossible. Il est bien trop fier pour faire un pas vers moi. Tout à coup, mon téléphone sonne. Je l'attrape rapidement. C'est lui !

SMS de Zayn : J'aurais aimé que tu ne partes pas si vite ce soir...

Et moi, j'aurais aimé qu'il me fasse confiance... Au lieu de ça, il a pris le parti de sa sœur et ne m'a laissé aucune chance. Comment peut-il penser que j'invente toute cette histoire ! Il faut croire qu'au final, il ne me connaît pas aussi bien que je le pensais... Je fixe ma bague, les yeux larmoyants. Difficile de faire le poids contre Jenny. Il y a ce lien trop fort qui les lie entre eux. Je sais que m'en faire une ennemie ne me mènera nulle part. Elle est sa seule famille. Et s'il devait faire un choix... Il la choisira sans doute elle, plutôt que moi. Il me connaît depuis peu, et quand on y pense, tout est allé si vite... Je souffle, exténuée par le tournant dramatique que prend ma vie !

Ayana : Merde ! Mais quand est-ce que ça va se terminer ?!

Une petite voix sournoise au fond de moi me dit "lorsque tu l'auras quitté". Je prends ma tête entre mes mains et j'essaie de faire le vide. Un petit gazouillement interrompt ma méditation. Gribouille m'observe de ses deux gros yeux ronds comme des billes. Il remue son petit museau et je ne peux m'empêcher de le regarder avec tendresse. Je me lève et je marche jusqu'à sa cage. Je l'attrape doucement et le place dans la paume de ma main. Il se retourne rapidement sur le dos et m'offre son gros ventre. Je le grattouille et souris lorsqu'il pousse de petits gazouillis beaucoup trop mignons.

Ayana : Tu ne te doutes pas une seconde de ce que je vis hein ? 

Il a fermé les yeux et profite de mes caresses.

Ayana : Toi, du moment que tu as des câlins et des gâteaux à grignoter, tu es heureux !

Je lui grattouille le haut de la tête. 

Ayana : Tu veux que je te dise ? Les humains sont dingues !

(Ou plutôt devrais-je dire, un humain en particulier me rend dingue !)

Je ne me reconnais pas. Cet homme m'a fait passer par tous les états émotionnels. Il m'a menti, il m'a déçue, il m'a mise en danger... Il m'a même prévenue qu'il n'était pas bon pour moi ! Et pourtant je m'accroche à lui. C'est ça l'amour ? Être dépendant de l'autre à ce point ? Il faut croire... On devient tous dépendants de l'être aimé. Peut-être que j'en attends trop de lui, trop de cette relation. Et dire qu'on en écrit même des romans et des chansons ! Si j'étais une personne extérieure à tout ça, je serais la première à dire "Mais lâche le ton mec ! Passe à autre chose !!" Sauf que voilà... Quand on est accro à un homme comme je le suis actuellement de lui, le cerveau se met en pause et seul le cœur commande ! C'est bien le problème. 

Je n'ai pas besoin de toi, je te déteste, tu me fais du mal, mais j'en envie de toi, j'ai besoin d'être avec toi et tu m'obsèdes. À croire que je suis masochiste. Gribouille me regarde amoureusement. Il est bien loin de mes problèmes. Je le pose à côté de moi sur le canapé. Je me déplace à la cuisine et j'ouvre mon frigo. Wow, c'est la dèche là-dedans... Seul un yaourt et un reste de lasagne trônent au milieu de l'étagère centrale. Ça fera l'affaire. Je fais une grimace en posant mon maigre repas sur la table. Je regarde l'heure, il est encore tôt. Pourtant je suis si épuisée physiquement et moralement. Je prends mon téléphone pour répondre rapidement à Zayn.

SMS d'Ayana : À demain, au bureau.

 Je préfère ignorer le problème pour le moment. Je ferais mieux d'aller me coucher. Parfois, en faisant semblant que tout va bien, on commence à se sentir mieux...