BOSS & SINGLE

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Une fois chez moi, je quitte rapidement la robe et je la remets dans son carton, en la regardant de travers. Ce Malik... Je n'arrive pas à le cerner ! Je balance mes chaussures dans l'entrée, je défais mon chignon rapidement et j'enfile un vieux tee-shirt. Toute cette soirée empestait le fric et les fausses bonnes intentions ! Toutes ces âmes bien-pensantes qui se gargarisent devant la misère du monde !

Ayana : Œuvrer pour l'Afrique, tu parles !! Se faire bien voir par les petites pétasses de New York plutôt !

Gribouille se tient debout contre sa cage. Il doit se demander ce qu'il m'arrive. Ou alors, il veut juste une friandise. J'opte pour la deuxième option.

Ayana : Mon gros... Viens là !

Je l'attrape doucement pour le poser dans la paume de ma main. Je m'installe sur le sofa en tailleur et je caresse la petite tête de Gribouille avant de lui donner un petit biscuit. Ce gourmand le grignote goulûment. Je l'observe faire un moment, puis je le dépose sur le sofa, à côté de moi. J'attrape mon ordinateur pour aller sur mon blog. Plusieurs commentaires chaleureux m'apaisent. Heureusement que ma communauté est là... Au moins avec eux, j'ai l'impression de partager quelque chose de vrai. Qu'y a-t-il de plus généreux que la cuisine ? J'ai un besoin urgent de m'exprimer ! J'ai vraiment besoin d'écrire ce que je ressens pour me sentir bien. Je ne cache rien à ma communauté, si ce n'est mon identité.

"Ce soir j'ai été invitée par mon chef à un gala de charité. Et... je me suis sentie vraiment mal. J'ai eu l'impression d'être dans un autre monde où tout n'était que de la poudre aux yeux." Je continue décrire et d'écrire encore. Lorsque je m'aperçois que cela fait une heure que je suis sur mon article, je le relis rapidement et je le poste. Je termine mon poste par "Croyez-vos que j'ai été excessive ? Comment auriez-vous réagi ?" J'aime les faire participer et recueillir leurs avis, que ce soit pour la cuisine ou pour les choses de la vie. Je pose l'ordinateur sur le côté et je me lève pour aller à la salle de bain. 

Je fais couler l'eau sur mon crâne en fermant les yeux. Un instant mon esprit divague sur Malik et son regard sur moi pendant son discours. J'ai vraiment eu l'impression qu'il n'a regardé que moi l'espace d'un instant... Pourtant, ça n'a aucun sens. Sa voix, ses iris noisette envoûtants... Voilà que mon corps réagit immédiatement en m'inondant d'une chaleur agréable. Je passe délicatement le savon sur ma peau et je me mets à imaginer qu'il s'agit de sa main qui me caresse... Déjà mon esprit se remémore son parfum, l'assurance virile qu'il dégage. La volupté de l'instant me fait oublier que je suis seule dans ma salle de bain. Tout à coup, j'ouvre les yeux.

Ayana : Mince... Qu'est-ce qui me prend ?!

Je viens de fantasmer sur mon boss. Et le moins qu'on puisse dire c'est que ça me fait de l'effet !

Ayana : Merde ! Je dois me reprendre !! En plus ce connard a enchéri sur une femme ! C'est comme ça que je veux être traitée ?!

Je sors rapidement pour me sécher. Je me regarde dans le miroir, mes joues sont rosies par l'excitation. Je suis pathétique. Je me passe un peu d'eau fraîche sur le visage et j'enfile mon pyjama. Après avoir remis de l'ordre dans mes idées, je me décide à remettre Gribouille dans sa cage. Faut-il encore que je le trouve...

Ayana : Gribouille, où est-ce que tu te caches... ?

Il adore se faufiler sous le sofa, au milieu des lattes. Parfois je le soupçonne d'y faire sa réserve de biscuits. Ce doit être un véritable garde-manger, là-dessous ! Alors que je me mets à genoux pour le chercher, mon téléphone vibre. Je me cogne la tête à la petite table du salon en me redressant ! Qui peut bien m'envoyer un message à cette heure-ci ? Un message de Malik !

SMS de Monsieur Malik : Où êtes-vous ?

Je tape en me massant le crâne du bout de mes doigts.

SMS d'Ayana : Chez moi

Je m'assieds, les fesses sur le tapis et le dos contre le sofa. Comme par magie j'aperçois Gribouille, en face de moi, sous le meuble de la télévision.

Ayana : Tu es là, petit coquin !

La réponse de Malik arrive tout de suite.

SMS de Monsieur Malik : Je ne vous ai pas dit de rentrer.

Je reste stupéfaite devant mon téléphone. Non, mais il se prend pour qui ? Mon père ? Je tape agacée.

SMS d'Ayana : C'est vrai. Mais, tout comme Cendrillon, passé minuit je redeviens moi-même, et je regagne mon modeste appartement.

Il est gonflé ! Il ne va quand même pas décider de mes faits et gestes en dehors du travail ! Ma réponse a dû faire mouche car il ne répond pas tout de suite... Je fulmine ! Je n'y tiens pas, je décide d'agrémenter ma réponse.

SMS d'Ayana : Et, sauf erreur de ma part, à cette heure, je ne suis plus sous vos ordres. Sinon on appelle ça de l'esclavage, monsieur.

Tiens ! Prends-toi ça dans les dents, monsieur je contrôle tout ! Je pose mon téléphone pour chercher à nouveau Gribouille qui a eu vite fait de repartir sous les meubles. 

Ayana : Gribouille ! C'est vraiment pas le moment...

Mon téléphone vibre à nouveau.

SMS de Monsieur Malik : Je n'apprécie pas cette incartade, mademoiselle Riberto.

Incartade ? Non, mais sérieusement ! Il a craqué ! Si encore j'avais eu l'impression de l'accompagner ! Mais monsieur se pavanait de droite à gauche. Et je ne parle même pas de sa sœur, qui m'a bien fait comprendre que j'étais de trop ! J'inspire un bon coup pour réfléchir à la tournure que je veux donner à cet échange... Énervée, je tape furieusement sur mon téléphone.

SMS d'Ayana : Vous ne m'avez pas donné l'impression d'être en votre compagnie. Ne me sentant pas vraiment indispensable, j'ai préféré quitter la soirée. 

J'envoie le message et je pose le téléphone sur la petite table.

Ayana : Gribouille... ? Si tu te montres, je te promets de t'offrir une pyramide de tes friandises préférées...

Parfois je me demande ce qui ne tourne pas rond dans ma tête, quand je m'écoute parler à un hamster ! Mon téléphone vibre à nouveau. Décidément, Malik ne lâche pas facilement. 

SMS de Monsieur Malik : Je pense que nous allons avoir des choses à mettre au point lundi. D'ici là, tâchez de retrouver vos esprits.

Quoi ?! Il m'énerve au plus haut point ! Retrouvez mes esprits ?! Et puis pourquoi est-ce qu'il fait une fixation sur moi ! Il y avait plein de monde là-bas, tous prêts à satisfaire ses moindres désirs ! Je suis sûre que la fille qu'il a achetée sera parfaite dans ce domaine ! Tout à coup Gribouille pointe le bout de son nez !

Ayana : Enfin te voilà, toi !

Je l'attrape délicatement et je le mets dans sa cage. Il n'a pas l'air d'avoir sommeil mais moi je ne tiens plus debout ! On dit que la nuit porte conseil ! Eh bien, pour le coup, j'ai de quoi cogiter...

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