La tension.
L'inquiétude mêlée de concentration.
L'attente où tout le corps est tendu vers un seul objectif.
L'assassin ne répondit pas.
- Surtout, ne fais pas le moindre bruit, chuchota-t-il, aux aguets.
Opale se figea aussitôt, ses pupilles s'élargissant d'un coup. L'homme ne le vit pas, et s'avança au centre de la clairière. Il tourna autour d'une sorte de stèle, dont la pierre offrait des reflets violacés. Des phrases s'étalaient sur la roche, dans une langue inconnue.
- Une tombe ?
- Non.
Héra se retourna vers l'elfe. Elle avait parlé d'une voix atone, ses pupilles prenant une teinte violette. Opale avança lentement, entièrement subjuguée par les lettres.
- Nous devons rentrer au camp, rappela l'assassin.
Il n'aimait pas cet endroit. Cette clairière irréelle, cette lueur, l'expression de l'elfe, tout. Il sentait que la magie se rassemblait à cet endroit, mais il ne parvenait pas à comprendre pourquoi.
- Dépêche-toi ! grogna Héra.
Il tourna le dos à cette stèle, quittant ce lieu inconnu. Il reprit sa marche, esquivant les branches basses, les racines et les troncs. Son pas trouva vite un écho, et il comprit que l'elfe l'avait suivi.
- Qu'est-ce que tu attendais ? râla-t-il.
- C'est étrange ...
L'assassin jeta un regard à Opale, et ce qu'il vit lui fit froid dans le dos. Les pupilles de celle-ci brillaient d'un violet malsain, et son expression semblait figée. Une spirale sombre gagnait en opacité à chaque seconde, comme si de l'encre s'enfonçait dans le bras de l'elfe.
C'est en voyant cette marque qu'Héra comprit.
Il se jeta sur elle, qui l'esquiva sans la moindre peine. L'assassin se retourna, bondissant sur Opale qui s'était ramassée, comme prête à bondir. Il n'avait peut-être plus accès à son pouvoir, mais il savait se battre. C'est ce qu'il fit, enchainant les coups et les parades.
Son adversaire encaissait sans broncher, sans répliquer. Son regard se voilait de seconde en seconde, et Héra se demanda s'il parviendrait à la réveiller à temps.
- Je sais que tu n'es qu'une elfe, mais essaie au moins de lutter !
Il lui asséna un coup de poing en pleine mâchoire, et la femme tomba à terre. L'assassin s'apprêtait à poursuivre, mais quelque chose l'en dissuada. La marque était en train de disparaître.
Héra s'accroupit à côté d'Opale, qui tenait son nez en sang. Elle le regarda, les yeux hurlant de souffrance, et l'homme se surpris à se délecter du spectacle. Il se reprit, et se releva, lui tournant le dos.
L'elfe marcha quelques pas puis s'agenouilla près de la rivière. Elle nettoya le sang. L'assassin regardait cette frêle créature, sur laquelle un Rêveur avait pourtant jeté son dévolu. Pourquoi ? Pourquoi était-elle si différente ?
- Je ne sais pas si on te la déjà dit, mais ça fait mal, gémit la nouvelle en se relevant.
Héra poussa un soupir méprisant, puis tourna les talons et reprit son expédition. Opale le rejoignit en courant.
- Oh, explique-toi ! s'exclama-t-elle, estomaquée.
- Ce serait un plaisir, rétorqua Héra, mais j'ai d'autres choses à faire. Rejoindre le camp, par exemple.

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Sphérianne
Fantasi"Seul le feu éclairera notre aube. Seul le sang épanchera notre soif. Seule la mort nous fermera les yeux." Depuis un millénaire, deux peuples mènent une guerre sans merci à la surface de leur terre, Liyol, pour le contrôle de celle-ci. Les Evara...