LOVE(LESS) - TOME 2

FIVE (1)

Je tentai aussitôt de descendre de mon perchoir tout en resserrant nerveusement les pans de ma chemise déchirée. Daniel, pour sa part, restait immobile, sa bouche toujours à quelques centimètres de mon ventre.

Il toisa durement sa secrétaire qui sembla devenir minuscule dans ses vêtements. Son regard était impassible. 

Froid.

Il resta comme ça, dans la même position, comme si personne ne nous avait interrompu.

Puis, il grogna d'une voix bourrue : 

— Tu vas te casser ou j'viens te casser quelque chose ?

Ses yeux s'écarquillèrent encore plus alors qu'elle ouvrait et fermait la bouche, ne sachant quoi répondre à ça.

Même moi, je me serais sauvée a toutes jambes.

La honte envahit toutes mes cellules lorsque son regard glissait sur moi, sur ma jupe a moitié enlevée. Je fermai les yeux en tentant de me détacher des doigts de Daniel fermement plantes dans la chair de mes cuisses.

— Qu'est-ce que tu veux bordel !?

— Elle... Votre mère, monsieur...

— Tu lui dis de revenir plus tard. J'suis occupé. 

— Mais...

— Tu veux que je t'enlève un mois de paie ? Ça peut se régler facilement, fit-il en se redressant de toute sa grandeur et en se dirigeant a pas lents vers sa pauvre secrétaire. Hors de ma vue, Aileen.

Je promenai mon regard de la porte qui venait de claquer derrière la pauvre femme et le dos de mon quasi-amant. Je descendis de mon perchoir en remettant à la hâte mon chemisier dans ma jupe et en zippant celle-ci. Je replaçai mes cheveux avec mes doigts en m'insultant de tous les noms d'avoir accepté de venir.

Et voilà même que sa mère venait de nous choper en flagrant délit. 

Putain, sa mère.

Catherine Watson Grant.

Froide.

Dure.

Narcissique.

Inflexible.

Acerbe.

Blessante. 

Arbitraire.

Daniel se tourna vers moi après un moment qu'il avait passé à fixer le plancher de son bureau, d'un regard absent.

— Putain de merde, Ellya.

Putain de merde, il l'avait bien dit.

— Elle a dit ma mère, hein ?

Je déglutis difficilement en hochant la tête, me signant en silence, espérant que sa mère soit de bonne humeur aujourd'hui.

Elle n'était jamais de bonne humeur.

— Et... je lui ai dit de lui dire d'attendre ? murmura-t-il, un certain éclair de panique allumant ses pupilles alors qu'il se passait une main dans les cheveux.

— Oui...

— Au nom du père, du fils et du Saint-Esprit, qu'on m'achève avant qu'elle ne le fasse, conclut-il en reboutonnant rapidement sa chemise et en enfilant sa veste.

Et moi de même.

— Daniel Jeremy Watson ! tonna une voix féminine alors que la porte coulissante de son bureau s'ouvrait en grand.